Les téléphones portables sont largement utilisés par les armées russes et ukrainiennes dans le conflit en ukraine. La situation est inédite.
Le succès d’une guerre dépend aussi de la qualité et de la sécurisation des communications au sein de son armée. Par manque de moyens, et par leur accès facile en dehors du contrôle de la hiérarchie, les téléphones portables sont largement utilisés par les deux parties dans la guerre en Ukraine.
Ces appareils continuent d’être dans les poches de nombreux soldats russes et ukrainiens. Par leur facilité d’accès pour les services de renseignements, la transparence réciproque et involontaire des deux armées est absolument inédite.
Les téléphones portables ordinaires n’ont pas été conçus pour cacher leurs utilisateurs.
Tous les téléphones laissent une empreinte numérique facilement accessible. Au travers de ces données, les services de renseignement accèdent aux emplacements géographiques des utilisateurs. Associées à d’autres éléments d’information, il leur est même possible d’identifier l’utilisateur.
« Les deux parties qui utilisent un téléphone portable non sécurisé courent un risque majeur », a déclaré le major à la retraite de l’armée américaine John Spencer au site Digital Trends.
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Pourquoi les Russes continuent de les utiliser ?
Cela a permis aux forces ukrainiennes d’écouter des communications, de cibler des commandements supérieurs pour des bombardements aériens et d’intercepter des messages précieux sur les ordres transmis au sein des troupes, les mouvements et les crimes de guerre.
« Les signaux de ces téléphones peuvent être capturés, géolocalisés, puis ciblés pour des frappes d’artillerie ou de bombardement. »
John Spencer
Le problème, c’est que les appareils de communication militaire à dispositions de chaque côté sont en quantité insuffisante. Même chez les Russes, une grande partie de leurs radios de qualité militaire n’ont pas été modernisées. En conséquence, les Russes s’appuient sur des appareils mobiles et des réseaux commerciaux pour échanger des informations tactiques.
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L’autre problème, c’est que même si les armées interdisent l’utilisation des réseaux commerciaux à leurs troupes, celles-ci peuvent y accéder avec une grande facilité. Il y a plus d’appareils mobiles en Ukraine que d’habitants. Se saisir d’un portable en dehors du contrôle de la hiérarchie est très facile pour un soldat russe ou ukrainien. Ce peut être pour des raisons personnelles, ou tout simplement pour pallier le manque incessant de matériel adapté.
Pourquoi la Russie n’essaye pas de désactiver le réseau ukrainien ?
D’après le site Politico, les experts en cybersécurité et en sécurité nationale estiment que la Russie a trois bonnes raisons de s’abstenir de désactiver les réseaux téléphoniques et de données ukrainiens :
- Les services de renseignement russes peuvent écouter les appels téléphoniques et les e-mails et également collecter la géolocalisation et d’autres métadonnées.
- L’armée russe utilise les réseaux commerciaux ukrainiens pour communiquer.
- Les forces russes ne veulent pas détruire les infrastructures dont elles auront besoin si elles réussissent à conquérir l’Ukraine.
Ainsi, si cette transparence met les troupes russes en danger constant, la réciproque est tout aussi vraie. Plutôt que de faire sans, la guerre s’est alors développée du côté des renseignements. Le plus efficace des deux pays dans la récolte et le traitement des informations prend un avantage certain sur l’autre.
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Sources : DigitalTrends, Politico