Joe Biden ordonnait cette semaine que toutes les agences fédérales américaines interdisent leur trafic Internet d’atteindre TikTok. Une mesure impossible à mettre en place puisque 28 000 applications tierces lui envoient leurs données : bannir l’application ne suffira pas.
Alors que le congrès américain a interdit à ses députés d’utiliser TikTok fin 2022, c’était la semaine dernière la Commission européenne qui interdisait à ses employés d’utiliser l’application de ByteDance. Dans la même dynamique, Joe Biden a ordonné mardi à tous les employés des agences fédérales américaines de supprimer TikTok de leurs téléphones dans les 30 jours, sous peine de mesures disciplinaires. L’étau semble se resserrer chaque jour un peu plus sur le réseau social chinois.
Pourtant, son insolente popularité le protège pour l’instant de véritables conséquences. En devenant un acteur incontournable d’internet, TikTok s’infiltre partout sur les sites web et sur des applications tierces dont vous n’auriez même pas idée qu’elles communiquent avec TikTok.
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En plus de devoir supprimer l’application en elle-même, le décret du président américain de cette semaine va plus loin : selon une note interne que s’est procuré Reuters, les agences fédérales doivent également « interdire leur trafic Internet d’atteindre l’entreprise (ByteDance) ». C’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît.
28 000 applications utilisent le SDK de TikTok pour envoyer leurs données
En effet, des dizaines de milliers d’applications utilisent un code qui envoie des données à TikTok. Selon Gizmodo, ce sont quelques 28 251 applications utilisent les kits de développement logiciel de TikTok, des outils qui intègrent les applications aux systèmes de TikTok et envoient les données des utilisateurs pour des fonctions comme les publicités dans TikTok, la connexion et le partage de vidéos à partir de l’application. Parmi celles-ci on peut retrouver des jeux comme Mobile Legends ou Fruit Ninja, des éditeurs de photos comme VSCO et Canva, des applications de rencontre…
Les applications ne sont d’ailleurs pas la seule source de données de TikTok. Il existe des trackers TikTok partout sur les sites web : il est impossible d’échapper à ByteDance sur internet. « Une simple interdiction de l’application TikTok elle-même ne va pas empêcher les données de circuler vers TikTok », explique Daniel Kahn Gillmor, technologue de l’American Civil Liberties Union à Gizmodo. « Je n’ai pas de compte TikTok, mais il y a encore de nombreuses façons pour l’entreprise d’obtenir des données sur moi. »
La plateforme a réagi par le voix de son porte-parole en déclarant que « un kit de développement logiciel est un ensemble d’outils qui aident les développeurs de logiciels à créer des applications pour une plateforme . Les SDK de TikTok sont utilisés pour partager, et non pour collecter des données », ajoutant que le partage se fait dans les deux sens, les données allant et venant de TikTok : « Nous ne collectons pas de données à partir de ces kits, sauf des informations de base sur l’utilisation de ces kits », .
Source : Gizmodo