Disponible chez Cultura depuis quelques jours, la nouvelle liseuse de Vivlio apporte enfin la couleur aux écrans à encre électronique. Malgré son petit format, cette Color cible plus particulièrement les amateurs de BD et autres Comics.
- L’arrivée de la couleur
- Le design compact
- La richesse des fonctions
- La compatibilité avec les livres audio
- Le watermarking, moins pénible que les DRM
- Le format, trop petit pour la BD
- L’affichage peu contrasté
- La résolution faible de l’écran couleur
Avec son écran à encre électronique couleur et sa compatibilité avec les livres audio, la Vivlio Color offre l’écosystème le plus complet du moment pour les amateurs d’ebooks, qu’il s’agisse de romans ou de bandes dessinées. Ce qui mérite d’être salué, d’autant plus que cette liseuse, en dépit de couleurs un peu fades et d’une résolution trop faible, offre un fonctionnement relativement satisfaisant. Seul gros bémol, la taille de l’écran bien trop petite pour les BD grand format. On attend avec impatience un modèle 8 pouces qui remédiera aux quelques lacunes de cette Color.
La nouvelle liseuse du français Vivlio est enfin disponible depuis quelques jours dans les librairies Cultura. Sa particularité ? Il s’agit de la première liseuse à encre électronique commercialisée en France à être équipée d’un écran couleur.
Mais cette Color disponible chez Cultura n’est pas la première liseuse couleur vendue dans le monde. Il existe quelques rares modèles, en Asie ou aux États-Unis, dont la Color de PocketBook… vendue sous la marque Vivlio en France ! Les deux entreprises sont en effet partenaires, l’ukrainien PocketBook gérant la fabrication des liseuses pour l’entreprise Vivlio située à Lyon.
Une liseuse classique avec la couleur en plus
Cette liseuse offre la possibilité – a priori – pour les amateurs de bande dessinée de redécouvrir leurs titres préférés ou d’accéder aux dernières nouveautés illustrées en version numérique, sans pour autant investir dans une tablette coûteuse et dont le rétroéclairage n’est pas vraiment conciliable avec une lecture assidue d’ouvrages.
La Vivlio Color débarque en effet avec tous les avantages d’une liseuse classique d’ebooks : un écran E-Ink spécifiquement dédié à la lecture et qui ne fatigue donc pas les yeux, une autonomie de plusieurs jours et la possibilité de stocker en local ou dans le Cloud MyVivlio une bibliothèque complète. De plus, l’utilisation du Cloud permet de bénéficier de la synchronisation de vos livres sur tous les supports numériques.
L’occasion pour cette Color de faire un peu d’ombre aux mastodontes du secteur que sont Amazon et ses Kindle ou Rakuten Kobo ? Nous avons testé la liseuse de Vivlio plusieurs jours pour vérifier ses réels avantages et ses potentiels défauts vis-à-vis de la concurrence.
Lire notre comparatif de liseuses : Kindle, Kobo, Vivlio, Bookeen. Quelle est la meilleure ?
Un design « old school » qui reste plaisant
Au format classique de 6 pouces, la Vivlio Color est livrée dans un packaging en carton recyclé qui comprend en plus d’un guide de démarrage rapide, un câble MicroUSB pour la recharge et un adaptateur MicroUSB/ mini-jack.
La liseuse offre un design fin et élancé (8 millimètres dans sa partie la plus épaisse pour 160 grammes) et une finition plutôt haut de gamme avec son plastique noir au toucher velouté cerclant l’écran et encastré dans une structure façon aluminium (dos et tranches).
On peut tout de même regretter que la face avant ne soit pas entièrement plane comme chez ses concurrentes les plus haut de gamme, les bords créant ici une petite surépaisseur d’environ 1 millimètre.
En dépit d’un écran entièrement tactile, la Color peut également être pilotée grâce à quatre boutons en façade pour accéder aux menus contextuels (à droite), tourner les pages ou tout simplement revenir en page d’accueil (à gauche).
Cela peut paraître un peu « old school » en 2021, surtout avec un appareil équipé d’une techno couleur pour le moins innovante, mais qui peut le plus, peut le moins. Et on l’avoue, c’est souvent plus pratique et réactif d’utiliser les boutons.
La prise en main de ce modèle compact est quoi qu’il en soit des plus agréables grâce à une partie inférieure arrondie et légèrement plus épaisse. Précisons que ce modèle n’est pas étanche.
Quelques extras en plus de la lecture
À l’heure où les fabricants de liseuses se débarrassent de plus en plus de certaines fonctions jugées gadget, Vivlio (au travers de PocketBook) agit à l’inverse. Quelques jeux, des coloriages (autant exploiter l’écran couleur) et même une calculatrice sont ainsi proposés en complément de la lecture. Pas vraiment indispensable, mais le coloriage pourra, par exemple, occuper les jeunes enfants.
Plus intéressant, l’espace de stockage de 16 Go peut être étendu grâce à la présence d’un port MicroSD (jusqu’à 32 Go supportés). Pas si bête dans la mesure où la moindre bande dessinée peut atteindre plusieurs dizaines de Mo contre 500 ko à 2 Mo pour un roman. Et qu’on n’est pas toujours à portée de Wi-Fi pour accéder au Cloud de Vivlio.
Enfin, il est possible de brancher son casque filaire à la liseuse grâce à l’adaptateur Micro-USB/jack fourni ou d’utiliser des écouteurs Bluetooth (la connexion sans-fil est prise en charge) pour écouter un livre audio. Une fonction utile pour les amateurs du genre et qui n’est toujours pas activée en France sur les Kindle d’Amazon.
Les ebooks audio peuvent être achetés sur le site de Cultura puis transférés vers la mémoire de la liseuse. Vivlio propose aussi une fonction de synthèse vocale en français, en anglais et en néerlandais qui se charge de lire à voix haute vos livres. Le son est très correct, mais sauf à apprécier le ton monocorde d’un robot, on préfèrera le livre audio.
Couleur, format : l’écran peine à convaincre
Utilisée de façon classique – à savoir pour lire des romans au format EPUB – la liseuse de Vivlio offre un écran E-Ink Carta qui atteint une résolution de 300 points par pouce digne des meilleurs. On regrette, en revanche, son manque de contraste, particulièrement criant lorsque l’éclairage est complètement coupé. L’écran tire alors franchement sur le vert ce qui l’assombrit.
L’éclairage intégré permet de raviver les couleurs et surtout de limiter ce défaut, à condition de ne pas trop le pousser, car il devient alors agressif pour les yeux. Un mode automatique est mis à la disposition de l’utilisateur. L’intensité de l’éclairage est censée s’ajuster en fonction de la luminosité ambiante, mais cela n’a pas fonctionné lors de nos tests.
En plus du classique noir et blanc, la liseuse est capable d’afficher jusqu’à 4096 couleurs. Elle adopte pour cela la technologie E-ink Kaleido qui ajoute des filtres colorés à la technologie habituelle, E-ink Carta. N’attendez pas de cette Vivlio des couleurs vives et chatoyantes. Encre électronique oblige, les teintes sont pastel pour ne pas dire fades.
On comprend pourquoi les ténors du marché n’ont pas osé sauter le pas ! Malgré cela, tenir devant soi cet écran couleur a quelque chose de très agréable quand on parcourt sa bibliothèque, tout de suite moins austère.
On déchante un peu à la première bande dessinée. Au-delà des teintes délavées, les textes sont peu lisibles, avec des caractères trop petits et un contraste insatisfaisant, même après une tentative de réglage depuis les paramètres.
Précisons que la résolution de cet écran couleur n’atteint que 100 points par pouce. A vouloir zoomer pour rendre les textes plus lisibles, on perd en finesse avec des effets d’escalier et des illustrations pixelisées. Le format 6 pouces n’est ici pas vraiment adapté. Il vaudra mieux éviter les grandes BD et se contenter de livres illustrés plus petits.
Un format 8 pouces serait vraiment appréciable. Pocketbook avait d’ailleurs tenté une expérience de ce type avec une Color Lux il y a quelques années. Espérons qu’il réitérera cet essai avec les technologiques d’aujourd’hui.
Des performances satisfaisantes
Moins « tech » qu’un iPad, une liseuse ne souffre néanmoins pas un équipement bas de gamme. Le plaisir de la lecture ne doit pas être entravé par des soucis d’ordre technique. De ce point de vue, Vivlio remplit parfaitement sa mission. Qu’il s’agisse de se connecter au Wi-Fi ou au Bluetooth pour utiliser un casque sans-fil, de tapoter le clavier virtuel pour rechercher romans et ouvrages illustrés dans la librairie, ou de créer des étagères pour ranger ces dernières, l’interface tactile se montre parfaitement réactive et les nombreux réglages disponibles à portée de doigt.
Certaines manipulations s’avèrent moins intuitives, voire moins rapides qu’avec les modèles les mieux équipés d’Amazon ou Kobo, les menus sont sans doute moins esthétiques que chez ces dernières, mais rien de rédhibitoire. Toutes les fonctions (ou presque) qu’on attend d’une liseuse sont présentes (polices, prise de note, dictionnaires, etc.) et fonctionnelles. Il manque, en revanche, un filtre pour régler la température de l’éclairage afin de rendre ce dernier moins agressif en soirée.
Côté autonomie, pas d’inquiétude. Quand bien même l’éclairage et la consommation de BD entament certainement un peu plus les ressources en autonomie de la liseuse qu’un modèle classique, nous l’avons utilisée pendant près d’une semaine assez intensivement sans vider la moitié de sa batterie. De quoi passer des vacances sereines même si vous avez oublié votre câble à la maison.
Watermark : protèger les auteurs sans stresser le lecteur
Comme les Kobo et Bookeen – et contrairement aux Amazon Kindle -, la Vivlio Color prend en charge le format EPUB, communément utilisé par les librairies et éditeurs français en matière de numérique. Elle lit également bien d’autres types de fichiers comme les PDF ou les MOBI pour les plus connus. La librairie accessible directement depuis la Color n’est pas celle de Cultura, mais celle de Vivlio qui revendique plus d’un million de titres disponibles. C’est moins que chez Kobo ou Amazon, mais cela reste très confortable. Si vous recherchez un livre publié ces dernières années, il a toutes les chances d’être disponible.
Politique du prix unique oblige, la différence avec la concurrence ne se joue pas sur ce que coûte un ebook, mais plutôt sur son système de protection plus ou moins rebutant pour l’utilisateur. Contrairement aux éditions papier, on n’achète pas véritablement un ebook, mais plutôt un droit de lecture, avec, parfois, la contrainte de ne pouvoir télécharger qu’un nombre limité de versions. Avec ce qu’on appelle les DRM (Digital Rights Management ou gestion des droits numériques), le verrou numérique censé protéger les auteurs et leurs publications, transférer un ebook d’une ancienne vers une nouvelle liseuse peut vite devenir un casse-tête. C’est notamment le cas avec les DRM d’Adobe, véritable usine à gaz capable de dégoûter à vie un consommateur. Heureusement de nouvelles solutions commencent à émerger pour protéger les droits des auteurs… sans pousser à bout l’utilisateur.
C’est le cas pour les liseuses Vivlio, sur lesquelles cohabitent plusieurs systèmes de protection. On apprécie plus particulièrement l’appel important fait au watermarking, sorte de tatouage numérique qui permet à l’utilisateur de manipuler son fichier EPUB en toute liberté.
Ce marquage invisible n’empêche en rien le piratage, mais il a un effet dissuasif indéniable puisque, en cas d’indélicatesse (si le fichier se retrouve sur un site de torrents, par exemple), le client qui a acheté le livre peut être identifié.
Vivlio n’a manifestement pas réussi à imposer complètement ce système. Quelques ebooks restent protégés par des DRM sans qu’on sache trop s’il s’agit de ceux d’Abobe ou de la solution Care issue de Readium LCP prônée par Vivlio, car moins lourde.
Concernant cette dernière solution, nous n’avons pas trouvé d’informations à propos de la possibilité de transférer un livre acheté vers une autre liseuse d’EPUB.
On apprécie enfin les efforts de Vivlio pour promouvoir des livres gratuits (près de 5000), dont 4000 environ proposés sans système de protection. Certains autres concurrents rendent leur accès compliqué pour inciter le consommateur à acheter à tout prix.
Un prix raisonnable… pour de la couleur
Disponible depuis fin février, la Vivlio Color est commercialisée en exclusivité chez l’enseigne Cultura 189,99 euros. Ce prix inclut un adaptateur mini-jack comme nous le disions plus haut et un câble MicroUSB nécessaire à la recharge, mais pas le chargeur (il faudra utiliser celui de votre smartphone, par exemple). Pour profiter de l’écran couleur de cette liseuse, Culture propose par ailleurs cinq ouvrages illustrés : un guide de voyage, un livre de cuisine, une BD, un manga et un ebook jeunesse illustré. Ce prix sous la barre des 200 euros nous semble relativement raisonnable dans la mesure où cette Vivlio apporte une véritable innovation sur le marché – assez peu dynamique – de la liseuse. À condition bien sûr d’être un grand amateur de livres illustrés et d’être pressé de découvrir la première liseuse couleur, quitte à passer sur ses teintes peu vives. Les lecteurs de romans se rabattront, eux, bien plus volontiers sur la Vivlio Touch HD Plus ou la Vivlio Touch Lux 5, aux caractéristiques assez proches, vendues respectivement 149,99 et 119,99 euros.