TEST Hellblade 2 PC : un chef-d’œuvre imparfait qui laisse un goût d’inachevé

En testant Senua’s Saga: Hellblade II sur PC, j’ai été ébloui par ses prouesses techniques et sa narration immersive. Pourtant, malgré son indéniable beauté, le jeu laisse une impression de manque, poussant à s’interroger sur la véritable essence de son gameplay.

Ayant testé Senua’s Saga: Hellblade II sur PC, je me trouve au cœur d’un dilemme. Cette suite, tant acclamée pour ses prouesses techniques que sa narration immersive, suscite en moi autant d’admiration que de perplexité.

Bien que le titre soit techniquement impressionnant, il laisse de nombreux joueurs, moi y compris, interroger la substance réelle et l’évolution de son gameplay. Une question demeure en suspens après de nombreuses heures passées devant l’écran : où est véritablement passé le jeu ?

Un petit point sur les performances

Amis PCistes, avant de me lancer dans la rédaction, voici la liste des composants pour ce test de Senua’s Saga: Hellblade II :

  • Carte graphique : RTX 4070 Super
  • Processeur : Ryzen 7800X3D
  • Mémoire vive : 32 Go de RAM DDR5 6000 MHz CL30
  • Résolution d’affichage : 2K (2560×1440)
  • Technologie d’amélioration d’image : DLSS réglé sur Qualité
  • Tous les paramètres graphiques au maximum
  • Fréquence d’images : 110 FPS et plus

Une configuration de pointe donc, mais je me dois de préciser que le jeu était d’une fluidité remarquable, avec un framerate dépassant constamment les 110 FPS. Je n’ai eu ni bugs, ni crashs, ni ralentissements pendant l’entièreté de mon test.

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Requiem pour une guerrière brisée

Au cœur des brumes nordiques, où les vents hurlent et les esprits ancestraux murmurent, Senua, guerrière brisée par la psychose et la perte, se lance dans un nouveau voyage périlleux. Guidée par des voix et des visions qui la hantent sans relâche, elle s’aventure dans des paysages saisissants d’une beauté sauvage et glaciale, où la frontière entre le réel et le fantasme se brouille.

Test Hellblade 2 PC
Les premiers instants sont saisissants © Tom’s Guide

Son objectif : le Helheim, royaume des morts, où règne Hela, la redoutable déesse des enfers. Senua est déterminée à affronter cette entité redoutable, à lui arracher l’âme de son bien-aimé Dillion, prisonnier des ténèbres depuis son sacrifice. Mais ce périple insensé vers l’au-delà est semé d’épreuves et de dangers.

Je vais toutefois garder l’histoire secrète, car Hellblade 2 se délecte au final au même titre qu’un film ou une série, et découvrir la suite des aventures de Senua sans préconceptions enrichit vraiment l’expérience. En quelques mots, il s’agit ici d’une narration fascinante, explorant la psychose et les conflits internes de Senua, qui vous fera remettre en question la frontière entre la réalité et les illusions. Le tout, sublimé par des prouesses visuelles et sonores, mais j’y reviens après.

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L’atmosphère est vraiment exceptionnelle © Tom’s Guide

Si je peux quand même vous dire une chose d’un point de vue scénaristique, c’est que l’atmosphère est incroyable et que l’ensemble est bien amené. On s’y perd un peu, parfois, et le rythme du jeu s’accélère grossièrement vers la fin. Malgré cette précipitation, la conclusion est enrichissante et soulève des questions qui ne trouveront réponse que par les joueurs les plus assidus et passionnés par l’univers du jeu. L’intégration des personnages secondaires laisse quand même un peu à désirer, et compte tenu d’une durée de jeu relativement courte, leur évolution manque un peu de profondeur.

D’ailleurs, voici un conseil pour ceux qui cherchent à approfondir leur compréhension du monde de Senua : soyez vigilant, et recherchez tous les éléments de lore supplémentaires, les Lorestangir (des collectibles, en somme). Je vous conseille aussi de rejouer au moins une fois au jeu pour découvrir des perspectives narratives alternatives qui enrichissent le contexte de l’histoire.

Une symphonie visuelle et sonore au cœur de la folie

La technologie est au cœur de cette expérience, avec l’utilisation de l’Unreal Engine 5 et de l’audio binaural, ce qui en fait une des réalisations les plus impressionnantes en termes visuels et sonores que j’ai pu expérimenter. Ajoutez à ça l’effet letterbox, propre au cinéma, et vous obtenez une expérience vraiment next-gen.

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Sympa ce nouveau film signé HBO ! © Tom’s Guide

Le jeu se démarque dès les premières minutes. Certes, nombreux seront ceux qui lui ont reproché de n’être qu’une simple simulation de marche. Mais l’observation des expressions faciales minutieusement rendues de Senua et de ses adversaires, les gouttes de pluie rebondissant sur chaque pierre de la côte islandaise accidentée et les vagues se brisant avec une intensité sauvage révèlent une beauté impitoyable à chaque instant.

Pour illustrer tout ça, rien de mieux qu’une vidéo. Voici les 20 premières minutes du jeu (sans l’introduction pour ne pas vous spoiler) :

Cet environnement est complété par les voix dans la tête de Senua, qui enveloppent l’auditeur, murmurent à votre oreille, et ouvrent magistralement le jeu, en engageant tous vos sens et en laissant une impression durable. La qualité de cette présentation est constante tout au long du jeu, et je serais surpris de ne pas voir Melina Juergens récompensée aux Game Awards pour sa performance exceptionnelle incarnant un personnage déchiré psychologiquement.

Non, vraiment, Hellblade 2 est une expérience. Qu’on apprécie ou pas son style, son gameplay, sa promesse, c’est une petite pépite visuelle et sonore.

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Non, ceci n’est pas le mode photo © Tom’s Guide

Un ballet de fer et de fureur en quête de variété

Pour cette suite, le système de combat, bien que fondamental à première vue, laisse de côté les explications du premier jeu et requiert une exploration autonome pour maîtriser les nuances telles que les combos, les esquives et les contres. De manière innovante, les voix dans la tête de Senua alertent le joueur des dangers imminents, enrichissant l’expérience par une narration interactive réussie.

Les puzzles, bien que prometteurs, demeurent cependant assez uniformes. Ils consistent principalement à aligner des éléments du décor pour progresser, une formule qui, malgré son attrait, s’avère répétitive. Et un peu obsolète, de surcroît.

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Certains puzzles deviennent un peu lassants © Tom’s Guide

Le système de combat — présenté de manière assez élémentaire — omet les instructions détaillées du premier jeu, laissant les joueurs déduire les subtilités par eux-mêmes. Cela comprend l’apprentissage de divers combos, esquives, et parades. De plus, un élément narratif captivant est introduit : les voix dans la tête de Senua avertissent des attaques imminentes de l’arrière, ajoutant une couche supplémentaire d’immersion.

Le resserrement de la fenêtre de parade ajoute certes un petit défi que j’ai adoré, mais passé les premiers duels, ces affrontements se résument ensuite à des duels simplistes, sans variété. En réalité, tout est dans l’immersion : les effets de lumière, les cris d’une Senua épuisée, le râle des ennemis… Même les combats ressemblent à un film.

Malgré tout, je m’attendais à l’arrivée d’une forme de complexification, incluant plusieurs ennemis, et peut-être aussi l’introduction d’une ou de plusieurs autres armes offrant de nouvelles méthodes d’attaque et d’esquive. Ainsi qu’une plus grande variété dans les puzzles basés sur la focalisation. C’est dommage.

LE VERDICT : un jeu à la croisée des chemins

Soyons francs : aborder ce test de Senua’s Saga: Hellblade II m’a donné du fil à retordre, un sentiment que je n’avais pas eu souvent en 12 ans de carrière. Pourquoi cette complexité ? Le jeu lui-même est un paradoxe enveloppé d’une énigme : il est visuellement somptueux, mais semble oublier son essence ludique.

L’expérience est époustouflante : les graphismes et la bande sonore sont des joyaux technologiques qui nous propulsent dans ce qui ressemble vraiment à une nouvelle ère du jeu vidéo. Toutefois, au milieu de cette débauche de moyens, le cœur du jeu semble s’être égaré. On est captivé, oui, mais on peine à trouver l’interaction véritable qui fait l’essence d’un jeu vidéo.

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Les premiers combats sont extrêmement prenants © Tom’s Guide

L’intrigue est un autre point fort : elle vous entraîne dans un récit où la brutalité côtoie la finesse psychologique, vous tenant en haleine jusqu’à un dénouement poignant. Mais malgré ces qualités narratives, je me retrouve à me demander si le gameplay a été relégué au second plan.

Quant à la durée de jeu, bien que brève, je n’y vois pas de défaut puisque dans l’ensemble, la qualité est au rendez-vous. Cependant, même un fervent défenseur du premier volet de Senua ne pourra pas s’empêcher de sentir un goût d’inachevé une fois le générique passé.

Ce nouvel opus aurait dû être l’occasion d’innover encore plus dans le gameplay. Malheureusement, il se limite à des combats allégés et des puzzles qui interrompent plutôt qu’ils n’enrichissent le voyage. Avec des graphismes et une narration qui marquent les esprits, grâce à Unreal Engine 5, le jeu fait une impression durable, mais il reste à redécouvrir ce qui fait un jeu un jeu.

Image 1 : TEST Hellblade 2 PC : un chef-d'œuvre imparfait qui laisse un goût d'inachevé
7/10

Hellblade 2

On aime
  • Qualité visuelle et sonore exceptionnelle grâce à l'Unreal Engine 5 et l'audio binaural
  • Narration immersive et captivante, traitant de thèmes psychologiques profonds
  • Performance remarquable sur PC
  • Excellente interprétation de Melina Juergens, qu'on espère récompensée aux Game Awards
  • Les premiers instants, les premiers combats
  • Son prix en plein tarif (49,99 €) plus facile à avaler que d'autres AAA récents
On n’aime pas
  • Gameplay simplifié et répétitif, avec des combats et des puzzles manquant de variété
  • Développement des personnages secondaires limité en raison d'une courte durée de jeu (6 heures environ)
  • Évolution du gameplay insuffisante par rapport au premier volet
  • Rythme accéléré vers la fin, donnant une impression de précipitation
  • Certaines phases de gameplay pénibles