Tablette au format smartphone, à laquelle s’accole une manette USB-C, la Razer Edge est un produit hybride, qui fleure parfois le gadget. Elle offre une expérience de jeu très agréable sur Android, parfois impeccable en streaming, mais souffre de quelques limitations que son prix ne rend pas facile à pardonner.
- 💸 Prix : combien coûte la Razer Edge Kishi V2 Pro ?
- 🎛️ Caractéristiques techniques : une bonne base
- 🧑🎨 Design : deux en un
- 📎 Des manettes à coulisse…
- 📱 Ecran : une dalle OLED au ratio extra large
- 🚀 Performances : une puce qui en a encore dans le ventre
- 🕹️ Jeux en local, en streaming ici ou ailleurs
- 🔋 Autonomie : la Razer Edge, dans la moyenne
- ⚖️ Notre verdict du test de la Razer Edge
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Devant la profusion des offres de consoles portables, on aurait presque oublié que les smartphones donnaient, il y a peu, l’impression de les avoir enterrées (c’est le moment où vous pouvez verser une larme pour la PS Vita). La Razer Edge s’inscrit dans ce paysage en pleine effervescence portée par les innovations, liées aux smartphones et à des tendances qui se renforcent, comme le jeu en streaming, qu’il soit local ou dans le cloud. Alors que les PC-Console fleurissent dans les pas du SteamDeck, Razer emprunte une autre voie royale, celle tracée par Android.
Dans les faits, la Razer Edge est une tablette gaming, à qui la société de Singapour a adjoint la dernière version en date de sa manette pour smartphone, la Razer Kishi V2 Pro… Qu’a-t-elle à offrir ? Que promet-elle ? Vaut-elle son prix ? C’est ce qu’on va voir…
💸 Prix : combien coûte la Razer Edge Kishi V2 Pro ?
Razer n’est pas connu pour concevoir des produits abordables. Mais le fabricant asiatique a pour lui de généralement fournir des appareils à la fabrication soignée, d’excellente qualité. Il fait partie des rares acteurs du marché qui font produire leurs PC, casques et périphériques au sein des usines premium de la Chine continentale.
La Razer Edge Gaming Tablet et le Kishi V2 Pro Controller sont vendus 500 euros.
On vous avait prévenu, la note peut paraître salée. Autant dire qu’au vu de ce tarif, il va falloir que le produit de Razer aligne les bons points. Et pour cela, il lui faudra commencer par une fiche technique qui ne laisse pas trop place aux grimaces d’insatisfaction.
🎛️ Caractéristiques techniques : une bonne base
Au cœur de la console-tablette de Razer, on trouve un Snapdragon G3X Gen 1, un SoC que Qualcomm avait dévoilé, en décembre 2021, lors de son Snapdragon Summit, en présentant à l’époque un prototype de console développée en partenariat avec… Razer.
Le SoC s’appuie sur 6 Go, ce qui est assez loin du maximum de ce qu’embarque les smartphones (ou tablettes) les plus puissants du moment. On pourra se consoler en se disant que la Razer Edge n’a pas besoin d’être véritablement multitâche, même si bien sûr il est tout fait possible de s’en servir comme d’une tablette classique… En revanche, il est clair que pour certains jeux particulièrement gourmands, ces 6 Go seront certainement une limite, on pense notamment au très populaire Genshin Impact, ou même aux émulateurs.
- Ecran : AMOLED 6,8 pouces 144 Hz (tactile)
- Définition : Full HD+ 2 400 x 1 080 pixels
- SoC : Snapdragon G3X Gen 1
- Ram : 6 Go
- Stockage : 128 Go, extensible microSDXC jusqu’à 2 To
- Dimensions de la tablette : 17 x 8,5 x 1,1 cm
- Dimensions avec la manette : 26 x 8,5 x 1,1 cm
- Poids : 249 g / 386 g avec la manette Kishi V2 Pro
- Connectique : USB-C, Prise casque mini-jack (sur la manette), Bluetooth 5.2, Wi-Fi 6E
- Système d’exploitation : Android 12
- Batterie : 5 000 mAh
Le stockage de 128 Go peut paraître un peu léger, surtout si vous avez l’intention de télécharger de gros jeux sur le Play Store. Un jeu comme Diablo Immortal pèse tout de même 2,15 Go, pour la base jouable, sans compter les autres éléments à télécharger ensuite au fil de l’aventure. Certains titres comme Dragon Ball Z Dokkan Battle peuvent peser plus de 10 Go quand on enchaîne les mises à jour… Heureusement, il est possible de facilement augmenter la quantité de stockage en ajoutant une carte microSDXC, pour un maximum de 2 To. Voilà qui laisse davantage de quoi voir venir.
Il faut également saluer le support du Bluetooth 5.2, doublé par la prise mini-jack pour l’audio. Mais on appréciera tout particulièrement la présence du Wi-Fi 6E. C’est la garantie pour ceux qui ont des routeurs compatibles de pouvoir profiter de meilleurs débits et d’une latence réduite. Des points importants pour télécharger des jeux, bien sûr, mais surtout capitaux quand il s’agit de jouer en streaming, localement ou depuis le Cloud.
Enfin, on soulignera que l’appareil tourne sous Android 12, et qu’il ne semble pas être appelé à passer sous les versions suivantes du système d’exploitation
🧑🎨 Design : deux en un
Nous avons donc affaire à une tablette, aux dimensions de smartphone et au design minimaliste, la Razer Edge, à laquelle on connecte des manettes maintenues ensemble par une structure coulissante, la Razer Kishi V2 Pro. Deux périphériques qui cohabitent plutôt bien. Contrairement au premier prototype dévoilé par Razer au côté de Qualcomm, ce n’est donc pas une console monolithique, et l’impression qui en ressort est tout à fait différente. On se sent plus faire face à un gadget, né du rapprochement d’un smartphone, privé d’une connexion aux réseaux mobiles, et d’une manette pour téléphone. Et c’est exactement ce qu’est cet attelage pensé pour les joueurs.
Les deux peuvent être utilisées indépendamment l’un de l’autre. Vous pouvez surfer sur le Web sur la tablette et utiliser la manette sur un smartphone Android, par exemple. Notre essai avec un iPhone n’a pas été couronné de succès.
Néanmoins, la forme toute en largeur de la tablette montre qu’elle est clairement pensée pour être utilisé à l’horizontal, d’ailleurs la caméra est placée de telle sorte qu’elle n’est réellement utilisable qu’en mode paysage. On utilisera donc la Razer Edge non seulement dans le sens de sa largeur la plus grande mais aussi avec la manette, qui s’y connecte en USB-C par sa partie droite – ce qui alimente la manette et permet une transmission très rapide de vos actions, sans la latence du Bluetooth, en tout cas. C’est là que le tout prend son sens, que l’équilibre du produit est trouvé.
C’est d’ailleurs au pied de la manette droite qu’on trouve le port USB-C qui permettra de recharger l’ensemble sans retirer la Razer Edge de son berceau. Au bas de la manette gauche, le fabricant singapourien a glissé une prise mini-jack pour les gamers qui aiment jouer au casque.
Et puisqu’on en est à faire un tour du propriétaire, l’emplacement pour la carte microSDXC est placé sur la tranche inférieure de la tablette, juste à côté d’un micro. On en trouve un autre sur la tranche supérieure, tout à droite. Les boutons de réglages du volume sonore sont à gauche, ainsi que le bouton marche/arrêt. Les haut-parleurs plutôt puissants poussent leur son de chaque côté de la Razer Edge. Il aurait sans doute mieux valu que le son sorte vers l’avant, mais la puissance sonore est suffisante pour qu’on entende bien… que la partition audio produite n’est pas au top. Les aigus manquent de précision, et sont forcés quand on pousse le volume, les basses ont oublié de répondre à l’appel et les médiums sont si transparents que l’environnement sonore manque de force et de forme. On entend ce que fournirait une tablette dont l’audio n’a pas été très soigné.
📎 Des manettes à coulisse…
Intéressons-nous maintenant aux manettes, reliées par un système de rail coulissant qui leur permet de maintenir un smartphone ou la tablette bien en place. Chacune porte un joystick, précis bien qu’un peu souple. La partie gauche accueille un assez traditionnel d-pad, plus pratique pour certains types de jeux, de baston, notamment. Et deux boutons, l’un pour accéder aux menus l’autre pour lancer l’enregistrement d’une partie. La partie droite ne surprend pas, les habituels boutons XYAB se regroupent en losange, au-dessus du joystick et de deux boutons, dont le bouton Nexus, qui lance une interface développée par Razer pour rapidement accéder à vos jeux, ou à des applications dédiées, comme des émulateurs.
Sur la tranche supérieure de deux manettes, on trouve également un trio de boutons et gâchettes (L1/L2/M1 et R1/R2/M2). Les boutons de tranche et les gâchettes sont assez grands et larges pour être utilisées sans trop de confusion, en revanche, il faudra prendre un peu d’habitude pour bien trouver les boutons M, qui sont paramétrables.
Petit point sur tous ces boutons, le ressenti est agréable, bien que très plastique et pas forcément des plus engageants. Une impression contredite par les cliquetis produits par la croix directionnelle et les boutons, qui sont plutôt francs, et témoignent d’une apparente solidité. La précision et la réactivité des touches est bonne, on n’en attendait pas moins d’un fabricant de manettes de bonne réputation.
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📱 Ecran : une dalle OLED au ratio extra large
Là où les tablettes sont souvent 16:9, à l’exception notable des iPad, l’Edge se voit doté d’un ratio de 20:9, étroit en hauteur et large, donc. Un autre argument pour l’utiliser en mode paysage, et une impression de faible hauteur renforcée par des bordures assez larges tout autour de la surface d’affichage tactile. Plus gênant encore, elles sont arrondies dans les angles, ce qui empiète sur certains éléments d’interface et sur la surface d’affichage au global.
La dalle AMOLED de 6,8 pouces affiche une définition Full HD+ de 2 400 x 1 080 pixels. Pour comparaison, les Switch affichent une définition de 1 280 x 720 pixels pour des tailles d’écran qui oscillent entre 5,5, 6,2 et 7 pouces selon que les modèles sont Lite, classique ou OLED.
La console de Razer fait également mieux au niveau du taux de rafraîchissement qui peut être poussé jusqu’à 144 Hz, ce qui consommera plus de batterie, avec un réglage par défaut à 120 Hz et deux options moins disantes à 60 et 90 Hz. Notre sonde confirme que l’écran couvre la totalité du gamut DCI-P3, et même un peu plus. La fidélité des couleurs reproduites n’est pas très bonne, avec un delta E 2000 mesuré à 5,04. Les couleurs manquent un peu de chaleur, mais restent malgré tout agréables. C’est en grande partie dû au contraste, réputé infini de la dalle AMOLED, qui les met joliment en valeur. La dalle est par ailleurs assez lumineuse, à 538 cd/m2. C’est bien assez pour jouer en intérieur ou même dehors, mais pas en plein soleil…
🚀 Performances : une puce qui en a encore dans le ventre
On l’a dit plus haut, le SoC qui anime la Razer Edge a été annoncé à la toute fin de l’année 2021, ce n’est donc plus une puce de première jeunesse, néanmoins elle a pour elle d’avoir été pensée pour exécuter des jeux, mieux encore elle est taillée pour prendre place dans des consoles, avec un refroidissement actif au besoin. Autrement, si le Snapdragon G3X Gen 1 n’embarque pas de modules qui prennent en charge l’accélération matérielle du ray tracing, comme c’est le cas sur les dernières générations de puces Qualcomm, il a de la ressource. D’ailleurs, son successeur n’a été introduit qu’à la fin de l’été dernier.
Quoi qu’il en soit, quand on fait tourner des outils de benchs synthétiques comme Geekbench, on constate que Qualcomm a bien œuvré, notamment quand on le compare à trois smartphones récents, deux de haut de gamme et un de milieu de gamme. La partie CPU mise à l’épreuve en single et multi core place la Razer Edge pas si loin du Poco X6 Pro, tout récemment lancé et taillé pour le multitâche et le jeu.
La partie GPU est un peu plus en retrait, notamment si on se tourne vers AnTuTu, qui demeure un outil de référence d’évaluation des performances sous Android. Néanmoins, la puce arrive à fournir un score pas si éloigné de ce que propose le Pixel 8 Pro. Même s’il est vrai que ce smartphone n’est pas le plus performant en la matière.
Qu’en conclure alors ? Que si la puce ne règne désormais plus au firmament, elle a de quoi faire tourner tous les jeux actuels et encore un peu de marge pour l’avenir, tant que les effets graphiques en ray tracing ne se multiplient pas et que la course aux polygones affichés reste raisonnable.
Ce que confirme, une fois encore un outil de bench comme 3Dmark Wild Life, qui lui accorde en sus un score de stabilité des performances de 89,6%. Autrement dit, la puce si elle chauffe arrive à maintenir un niveau de puissance relativement stable, c’est le moins qu’on puisse attendre d’une console portable. Le Snapdragon G3X Gen 1 est aidé en cela par le système de ventilation active de la console. On ne l’entend toutefois que rarement et toujours de manière discrète, lors des téléchargements multiples ou lors de phases de jeu particulièrement intenses.
La Razer Edge est à l’aise avec Android, mais, les jeux du Play Store ne sont que la partie émergée de l’iceberg, en quelque sorte. C’est le catalogue de base, celui dont vous pourrez profiter à tout instant, même sans connexion à Internet (sauf jeu en ligne évidemment). Mais, la console de Razer est aussi (et surtout ?) un périphérique tourné vers le streaming…
🕹️ Jeux en local, en streaming ici ou ailleurs
Localement, l’offre Android est donc reine. Mais, pour peu que votre connexion Wi-Fi soit suffisamment bonne, vous pourrez également lancer Steam Link ou le RemotePlay depuis votre PlayStation, afin de jouer sur l’écran de la console portable aux jeux qui s’exécutent sur votre PC ou votre console de salon. On a l’a un concurrent éventuel au PlayStation Portal, de Sony, plus polyvalent en tout cas, plus ouvert.
Cela fonctionne plutôt bien, et pour ceux qui n’ont pas déjà craqué pour un Steam Deck, un ROG Ally, d’Asus, ou un Legion Go, de Lenovo, le plaisir de retrouver ses jeux PC préférés bien au chaud sous sa couette à de quoi séduire. Bien entendu, le ratio de 20:9 n’est pas toujours le mieux adapté, et le taux de rafraîchissement aura des airs de confiture donnée aux cochons quand votre PlayStation ne dépasse pas les 60 images par seconde. Des limitations qu’on retrouvera également avec le Game Pass de Microsoft, par exemple, ou d’autres limites offres de cloud gaming.
A noter que vous pourrez streamer vos parties en direct, mais seuls Facebook et YouTube sont prévus d’emblée… Oui, il est assez bizarre, à l’heure où Twitch se taille la part du lion dans ce genre d’exercice, de ne pas le voir proposé.
Pour la partie émulation, la puce arrive assez bien à faire tourner des titres anciens ou même des jeux PlayStation 2, mais est plus à la peine avec des titres 3D plus récents, notamment ceux issus du catalogue plus récent de Nintendo. Des limites qu’on peut imputer aux 6 Go, sans doute, mais aussi au fait que la puce Snagdragon, tout en étant bien plus récente que celle embarquée dans la Switch, par exemple, n’est pas énormément plus puissante. L’émulation requiert un certain delta de performances, malgré tout. Dommage.
Glissons enfin un mot sur l’interface de l’application Nexus. Entre les liens vers des contenus sur YouTube pas forcément intéressants et d’autres vers des applications sur le Play Store qui ne sont pas disponibles sur la Razer Edge, il est difficile de ne pas se dire que le travail aurait pu être mieux fait. Si le principe des tuiles est visuellement plaisants, on aurait apprécié que cette simple appli prenne davantage des airs de surcouche qui centralise tout et simplifie la vie. Ce n’est pas le cas, on apprendra donc à faire sans.
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🔋 Autonomie : la Razer Edge, dans la moyenne
Avec sa batterie de 5 000 mAh, la Razer Edge devrait a priori avoir de quoi voir venir. Razer annonce d’ailleurs 10 heures en streaming jeu vidéo. Une promesse confirmée par notre test de streaming d’une vidéo 4K (moins exigeante qu’un jeu) qui a vu la console tenir 11h26. On est bien loin de ce que propose les smartphones de taille équivalente, mais c’est toutefois plutôt honorable. Évidemment, quand on joue en local et que la totalité du SoC est sollicité, l’autonomie est moindre. On tient entre 5 et 7 heures, selon à quoi on joue, et avec quelle luminosité d’écran. C’est à peu près ce qu’on observe avec une Switch OLED.
La recharge n’est pas particulièrement rapide, c’est le moins qu’on puisse dire. La Razer Edge est fournie sans chargeur, et avec seulement un câble USB-C. En le branchant à un chargeur 67 W, nous avons atteint les 50% de charge en 45 minutes et les 100% en… 125 minutes. Heureusement que le câble USB-C ne gêne pas quand on joue…
⚖️ Notre verdict du test de la Razer Edge
- La finition de l’ensemble
- La manette utilisable avec votre smartphone Android
- L’écran agréable et bien rafraîchi
- Les performances de bonne tenue et maintenue
- L’autonomie très honnête
- Le ratio d’écran et ses bordures
- L’ensemble un peu gadget
- Le logiciel Nexus qui pourrait être plus abouti
- Les limites des 6 Go
Console Android ? Oui, excellente, sans l’ombre d’un doute. Périphérique de streaming local ou depuis le cloud ? Egalement, mais avec parfois quelques bémols. Plate-forme d’émulation pour des titres plus ou moins anciens ? Oui, aussi, avec des limites certaines, liées à la puissance, quand les titres 3D deviennent trop « beaux » et exigeants. L’écran, malgré un ratio exotique, est plutôt bon, bien rafraîchi, et assez lumineux. La Razer Edge s’avère assez autonome pour la plupart des cas de figure, et sait rester discrète, tout en maintenant un bon niveau de performances. Reste que le côté gadget du deux-en-un et le prix très élevé font se demander si on ne pourrait pas trouver une alternative plus séduisante, et moins coûteuse. Problème pour Razer, il y en a sous Android, plus récentes et moins coûteuses.