Le Pixel 4 arrive avec son double capteur photo. Une innovation chez Google qui jusqu’alors se contentait d’un seul oeil à l’arrière de ses smartphones. Les modifications apportées à la partie photo de ce Pixel 4 sont-elles suffisantes pour justifier d’abandonner le Pixel 3 ?
Pour la seconde année consécutive, la France a droit au Pixel de Google. Le Pixel 4 arrive sur notre marché et avec lui on découvre une toute nouvelle partie photo, avec notamment un double capteur à l’arrière. On pourrait crier au génie si la concurrence ne tentait pas pour sa part de multiplier encore plus les capteurs.
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À ce jeu, Google a toujours un train de retard. Néanmoins, il fourbit une traitement logiciel des plus pertinent et efficace, que nous avions vu à l’oeuvre de la plus belle des manières sur le Pixel 3, l’an dernier. Un excellent mode nuit, un piqué parfait, une colorimétrie assez fidèle, le Pixel 3 était un roi de la photo.
Deux capteurs photo en 2019, est-ce encore pertinent ?
Un an plus tard, le Pixel 4 se voit donc confier la lourde tâche de perpétuer la tradition. Plutôt que d’installer trois, quatre voire cinq capteurs, Google se contente donc de deux. Le principal est un grand-angle de 12,2 mégapixels. Il ouvre à f/1.7 et correspond à un 28 mm. Le second, de 16 mégapixels, comporte un zoom optique x2. Il ouvre à f/2.4 et correspond à un 45 mm. Tous deux sont stabilisés de manière hybride (optique+électronique).
Nos confrères de Phonandroid se sont chargés de tester le Pixel 4 sous tous les angles. Nous nous sommes attachés pour notre part à évaluer la partie photo de ces nouveaux smartphones. Ils partagent la même configuration. Nos essais ont été réalisés à partir d’un Pixel 4 à jour.
Le Pixel 3 restant une référence en la matière, nous avons tout naturellement opposé le Pixel 4 à son aîné. Ce même Pixel 3 est d’ailleurs encore récemment parvenu à mettre à mal le OnePlus 7T et son triple capteur.
La double exposition
C’est une des nouveautés du Pixel 4. On a la possibilité de débrayer manuellement la luminosité et le contraste lors d’une prise de vue. De facto, on peut bien mieux gérer un contrejour en rehaussant la lumière. C’est le cas ici. Prise en fin de journée, ce cliché est bien plus lisible sur le Pixel 4, et ce, sans perdre aucunement en contraste. Les zones sombres le sont toujours, on a tout simplement éclairé la scène, pourrait-on dire.
Colorimétrie juste ?
Pour la colorimétrie, les Pixel 3 et Pixel 4 jouent à peu près à armes égales. Le rendu est correct et respecte plutôt bien la réalité. Tout juste pourrait-on reprocher au Pixel 3 une saturation un peu trop forte. En revanche, celui-ci offre un contraste plus prononcé qui révèle plus les détails.
Le piège de la lumière colorée
Voici un exercice périlleux. Une scène éclairée par une lumière colorée. Le Pixel 3 analyse logiciellement cette situation et a tendance à gommer la couleur procurée par la lumière. En réalité, la scène que l’on voit ici est rosée. Le résultat n’est bon avec aucun des deux smartphones. Le Pixel 3 tente d’effacer la couleur imposée par la lumière extérieure et donne donc un rendu fade, éloigné de la scène réelle. Le Pixel 4 tente de ne pas tomber dans cet écueil et c’est mieux sur ce point. On a donc une lumière rose présente, mais beaucoup trop prononcée. Les malles paraissent ainsi à la limite de l’orange, ce qui encore une fois ne correspond en rien avec la vision vraie.
Le défaut du zoom du Pixel 4
Le Pixel 4 est doté d’un téléobjectif sur son second capteur. Permettant un zoom optique x2, il soulève un problème de réglage. En effet, lorsque l’on passe au-delà du grossissement 1.8x, le Pixel 4 bascule sur cet autre capteur. Et là, la balance des blancs est modifiée. Un problème puisque l’on perd absolument toute cohérence. Sur le cliché qui suit, le parquet ressort beaucoup plus saturé sur le premier capteur que sur le second. À l’oeil, c’est ce second cliché qui est le plus réaliste. Nous avions notifié ce comportement lorsque Google nous avait présenté les Pixel 4. Il s’agissait selon eux d’un aspect logiciel qu’il serait possible de régler via une mise à jour. À ce jour, aucune mise à jour n’a été déployée en ce sens.
Zoom optique vs. zoom numérique
Nous avons comparé le zoom optique du Pixel 4 avec le numérique du Pixel 3. Tous deux en x2, on a deux teintes différentes. La façade en arrière-plan est plus respectée sur le Pixel 3. Le rendu est trop chaud sur le Pixel 4. Une conséquence de l’éclaircissement de la scène. On le voit sur les feuilles qui éblouissent presque sur le Pixel 4.
Balance des blancs
Sur la façade de cet immeuble, la teinte n’est pas identique entre les deux Pixel. Le Pixel 4 a trop tendance à donner de la chaleur à la couleur, avec un blanc qui n’est pas pur. La photo du Pixel 3 est ici beaucoup plus juste. Notamment au niveau des fenêtres du haut qui reflètent un ciel plus bleu.
Nous indiquions plus haut que le Pixel 4 avait tendance à exposer un peu trop ses photos. Et bien sur le cliché qui suit, c’est à bon escient. Le rendu est bon avec une balance des blancs parfaite, contrairement au Pixel 3 qui tire vers le jaune. En revanche, le bleu de la façade est un peu trop clair sur le Pixel 4 comparé à ce qu’il paraît à l’oeil nu.
Invaders
Ici, le Pixel 4 peut remercier sa luminosité automatique qui booste la scène. Le blanc des carreaux du fantôme est mieux rendu que sur le Pixel 3. Ce dernier affiche un rendu plus sombre, la faute à un petit contrejour qui vient perturber la prise de vue. On notera également le gain de détails des joints de la cheminée en haut à gauche. À ce jeu, le Pixel 3 est battu.
Mode portrait
Un sans faute pour le Pixel 4 qui parvient à récupérer toutes les parties de la fleur, tige et feuilles comprises, bien qu’elles ne soient pas dans la zone de mise au point. Du côté du Pixel 3, on a la fleur et c’est tout. Précisons en outre que le Pixel 4 est plus mesuré dans son contraste. Résultat, on a ici un meilleur détail des pétales, ce qui est appréciable, ainsi qu’un relief naturel accentué.
Selfie (inversé ?)
Allez comprendre pourquoi, mais le Pixel 4 inverse ses selfies. La statue se situait de l’autre côté, comme le montre le Pixel 3. Côté colorimétrie, le Pixel 4 est meilleur en revanche. La peau est mieux rendue avec une teinte rosée plus naturelle et moins blafarde que celle offerte par le Pixel 3, plus jaunie.
Mode nuit
Les Pixel sont au coude-à-coude en mode nuit. Les différentes sont ténues. La balance des blancs est inégale entre les deux. On est toujours plus rouge avec le Pixel 4 et plus vert avec le Pixel 3. Mis à part cela, on peut voir que le Pixel 4 gère mieux les lumières éloignées, mais aussi la définition globale d’une scène complexe. Ici, quel que soit le plan, l’image est bien lisible. Le Pixel 3 est un cran en deçà, notamment sur les immeubles de premier plan.
Photo dans le noir (presque) complet
Ces photos ont été prises quasiment dans le noir complet. Le Pixel 4 s’y débrouille mieux dans le sens où il colle plus à la réalité. De nuit, la luminosité lointaine de cet espace est prodiguée par l’éclairage public, jaune. Le Pixel 3, de son côté force logiciellement et transforme cette nuance en blanc simple.
Pixel 4 ou Pixel 3 ?
Au bilan, non le Pixel 4 n’est pas un photophone parfait. Son aîné, le Pixel 3, peut encore lui en apprendre. Cependant, dans la majeure partie des cas, il se révèle redoutable. Son mode portrait est excellent. L’option de double exposition peut sauver bon nombre de photos vouées à l’échec avec un autre smartphone. Pour le reste, il hérite en grande partie de l’expertise de Google en matière de photo. On chipotera sur une balance des blancs perfectible par moment, ou sur son zoom qui change cette même balance des blancs, mais il ne faut pas s’y tromper, s’il n’est pas encore parfait, le Pixel 4 va, comme le Pixel 3 cette année, mettre au tapis bon nombre de smartphones haut de gamme durant l’année à venir.