Huawei attaque le marché européen avec son premier smartphone pliable, le P50 Pocket. Petit bijou de technologie, il vient se confronter au Galaxy Z Flip 3 de Samsung. Mais dépourvu des services Google, à qui s’adresse-t-il ?
- Le plus élégant des smartphones pliables
- Compact, se glisse dans n'importe quelle poche
- Un écran très bien calibré
- Toute la puissance du Snapdragon 888
- A 1599 €, il n'offre pas la dernière génération de processeurs…
- Pas de 5G (!)
- Absence des services Google handicapante (!)
- Une partie photo bonne, mais sans plus (et sans zoom optique)
- Autonomie un peu juste
- Pas de charge sans fil
- Un poil cher tout de même
- Format de carte mémoire propriétaire
Le P50 Pocket a l’allure d’un bijou, pourtant il ne faut pas le mettre entre toutes les mains. Puissant, gavé de technologies, il souffre de deux points bloquants : pas de 5G, pas de services Google. Si vous êtes biberonnés à YouTube, Chrome et G Suite, passez votre chemin, le P50 Pocket vous en interdit un accès complet. L’embargo sur Huawei se poursuit et malgré tous les efforts déployés par Huawei sur le plan technique, on ne peut conseiller ce P50 Pocket sans réserve. Au-delà de ça, il est trop cher pour ce qu’il propose (et ne propose pas). Avec son design précieux et compact, il interpelle et attire l’oeil, ça on ne pourra pas lui retirer. Il est beau et bien fini, mais ça ne suffit pas d’avoir une belle machine, encore faut-il pouvoir s’en servir sans prise de tête.
Le marché des smartphones pliables prend de l’envergure en 2022. Alors que Samsung mène la danse dans son coin depuis deux ans avec ses Galaxy Fold et Flip, la résistance s’organise. Honor a présenté le Magic V, Oppo a lancé son Find N en Chine et on attend aussi Apple et Google au tournant. Bref, 2022 sera sous le signe de la pliure.
Deux ans plus tard après son premier pliable, le Mate Xs (à 2500 € !), Huawei revient avec le P50 Pocket, une déclinaison à clapet qui veut affronter le Z Flip3 de Samsung. Grosse différence entre les deux : le P50 Pocket ne dispose pas des services Google. Est-il possible de faire sans en 2022 ? A qui s’adresse-t-il ?
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Huawei P50 Pocket : les principaux points positifs
Le P50 Pocket apporte un vent de fraîcheur sur la téléphonie. Son format y est pour beaucoup. Mais il offre d’autres avantages. Nous nous concentrons ici sur ses aspects positifs qui nous ont le plus marqué. Vous retrouverez l’ensemble de ses qualités dans notre verdict ci-dessus.
1. Un format compact tellement agréable à utiliser
Il y a eu tout d’abord le pliable qui transformait le smartphone en tablette. La seconde approche nous séduit plus. Les smartphones gagnant toujours en taille d’écran, il est agréable de voir que les constructeurs pensent aux poches des utilisateurs. Fermé, le P50 pocket ne prend plus de place, il se glisse facilement dans un pantalon ou une veste et se fait vite oublier. Un bonheur.
Sa manipulation de position ouverte à fermée et inversement n’est pas toujours évidente. On sent qu’il reste un peu de chemin à parcourir ici. Entendons qu’à une main, l’opération nécessite une petite phase d’apprentissage. Notamment puisque le système d’entraînement de la charnière de Huawei n’est pas très rigide. Sur ce point, on ne retrouve pas la sensation des téléphones à clapet d’antan.
En revanche, Huawei réussit là où Samsung bute encore. En position fermée, le P50 Pocket ne laisse entrevoir aucun espace entre les deux faces de son écran. On a ainsi un rendu encore plus fin et harmonieux. D’ailleurs, il ne pèse que 190 g et son épaisseur n’est que de 15,2 mm et 7,2 mm lorsque son écran est déployé.
Enfin, notons que le P50 Pocket peut être utilisé en position moyenne, à savoir avec un écran à 90°. Cela peut être intéressant pour regarder une vidéo ou prendre des photos ou un film sans pied.
2. Une pliure visible, mais pas gênante
Parlons de la pliure du P50 Pocket. Elle n’est pas invisible. Lorsque le soleil joue sur l’écran, on la distingue très nettement. Quand on parcourt son affichage du doigt, on la ressent. Néanmoins, il faudrait être mauvaise langue pour affirmer que cela est hautement handicapant. A choisir entre cela et la praticité de ce format compact, on signe tout de suite pour une pliure visible plutôt qu’un smartphone standard qui presse ses 6,9 pouces sur votre aine une fois en poche.
3. P50 Pocket : un écran calibré aux petits oignons
Le P50 Pocket offre une diagonale de 6,7 pouces mais tient pourtant dans une petite poche. L’avantage du format pliable. Une fois déployé, on a donc droit au même écran que les grands smartphones du moment. Et il vient avec tout le confort moderne : grande définition, 120 Hz qui autorise le défilement fluide et surtout une dalle Oled pour des noirs profonds. Et cet affichage est particulièrement bien calibré comme nous l’ont révélé nos mesures.
Mode couleurs normales | Mode couleurs vives | |
Luminosité max | 566 nits | 537 nits |
Contraste | 0 | 0 |
DeltaE moyen | 1,2 | 3,5 |
Température des couleurs | 6392K | 7285K |
Le P50 Pocket propose deux modes colorimétriques : couleurs vives ou normales. Comme souvent, c’est le mode le plus classique qui est le plus fidèle. Et le smartphone de Huawei brille ici sur tous les points de mesure. Sa luminosité maximale est bien au-delà des 450 nits que nous recommandons pour un usage correct en extérieur. La température de couleurs est respectée puisque le point cible est à 6500K. Cela signifie que le blanc affiché ne tire ni vers le jaune ni vers le bleu. Quand à la fidélité colorimétrique, on a un résultat de 1,2, soit inférieur à 3. L’oeil humain est donc trompé. Bref, le P50 Pocket est le smartphone idéal pour faire du shopping en ligne. Il n’y aura pas de mauvaise surprise à réception. En tout cas, ça ne concernera pas les teintes choisies.
Huawei P50 Pocket : les principaux points négatifs
Malgré tout, le P50 Pocket n’est pas exempt de défauts. Et cela commence par l’absence de 5G. Une gageure en 2022. Idem pour les services Google. Nous nous concentrons ici sur ses aspects négatifs qui nous ont le plus marqué. Vous retrouverez l’ensemble de ses “axes d’amélioration” dans notre verdict ci-dessus.
1. Si vous utilisez Google, fuyez le P50 Pocket
Commençons par le point qui fâche le plus. Comme tous les smartphones Huawei depuis 2019, le P50 Pocket ne dispose plus des services Google. Alors un smartphone sans Google, est-ce vivable ?
En un mot comme en cent, non. C’est en tout cas mon ressenti après un peu plus de quinze jours d’utilisation. Replaçons le sujet. Les services Google permettent de sécuriser l’accès aux applications de Google. Google Agenda, YouTube, Google Chrome, la G Suite, Google News, le Play Store, toutes ces applications que l’on utilise au quotidien sans même y penser sont absentes de l’écosystème Huawei.
Pour autant, le constructeur chinois redouble d’efforts pour nous apporter des solutions alternatives. YouTube s’exécute ainsi au format Web et on peut même s’y loguer et ainsi retrouver son historique. En revanche, s’il est possible d’installer Chrome via son APK, la navigation restera anonyme, la connexion à son compte Google étant impossible. Exit les comptes sauvegardés, il faut tout reprendre à la main…
De là, si l’on utilise Chrome au quotidien, et c’est mon cas, on perd tout son historique, ses favoris, son gestionnaire de mots de passe. Une vraie tannée puisque l’on perd alors toute son organisation. Si aujourd’hui le passage entre Android et iOS et inversement est indolore, il n’en est pas de même vers un Huawei avec cette contrainte de passer par HMS.
Pourtant, la migration depuis mon Pixel 6 Pro s’est plutôt bien passée. Il faut reconnaître que j’ai pu récupérer mes photos, mes contacts, même mes messages avec toutes les pièces jointes en MMS. Une gageure quand ce n’est pas toujours le cas entre deux smartphones Android classiques.
Pour les applications, n’ayant pas accès au Play Store, Huawei semble copier l’intégralité des fichiers de l’ancien appareil. On en veut pour preuve que des applications installées via leur APK sur le Pixel 6 Pro se sont retrouvées sur le P50 Pocket. Et elles fonctionnent ! En revanche, parmi ma myriade d’apps, une poignée a été bloquée lors de la migration. La plupart peuvent être réinstallées via leur APK en passant par la boutique de Huawei, mais sans aucune garantie qu’elles sont sans danger. L’application Petal Search de Huawei indique bien “ne pas être responsable du contenu des tierces-parties”. Un dédouanement en bon et du forme.
2. On aime son écran de façade, mais il est trop petit
Samsung avait lancé l’idée sur ses Z Flip. Un petit écran de façade pour afficher les notifications lorsque l’appareil est fermé. Cette fonction reprise des téléphones à clapet est rudement pratique. Huawei envisage différemment le sien. Si le Z Flip 3 offre une grand écran rectangulaire, le P50 Pocket mise sur un petit écran circulaire.
Celui-ci permet d’afficher divers widgets dont le lecteur média en cours, l’appareil photo, l’agenda, les notifications ou encore un petit miroir. Ce dernier est issu de l’application Miroir de Huawei, laquelle n’a de but que d’être un miroir, doublé d’un test UV. Celui-ci analyse par IA si la crème solaire a bien été appliquée sur le visage.
Mais l’écran avant du P50 Pocket aurait gagné à être plus grand. Que l’on puisse y afficher plus lisiblement ses messages et même y répondre pourquoi pas, les montres connectées ont bien des claviers.
3. Huawei nous a habitué à mieux en photo
La partie photo du P50 Pocket est inégale. Cela dépend des situations. Nous l’avons mis face au Pixel 6 Pro qui est un cador du moment en matière de photo.
Photo de plein jour > le P50 Pocket a tendance a refroidir les clichés. Le blanc tire vers le bleu, on perd en réalisme, mais l’oeil est flatté. On a moins de détails et ceux-ci perdent en relief en arrière-plan.
Photo de nuit > le P50 Pocket surexpose ses clichés la nuit afin de rendre au mieux la scène prise. Dommage puisque l’on gagne trop de bruit et notre arbre pris en photo voit ses branches hivernales transformées en bouillie. Ensuite, tous les clichés ne sont pas mauvais. Disons qu’un éclairage indirecte influera sur les erreurs du P50 Pocket.
Contrejour > si le soleil est totalement visible ou si le capteur est exposé à un lampadaire, la nuit, le P50 Pocket perd les pédales et explose le point lumineux en une myriade de rayons. Une tâche totalement maîtrisée par le Pixel 6 Pro, ratée sur le P50 Pocket.
Le zoom > pas de zoom optique sur le P50 Pocket. Dur à avaler tant il est pratique d’avoir au moins un x2 qui peut pousser plus loin en hybride. Malgré tout, le P50 pocket se débrouille jusqu’en x2 numérique. Au-delà, les clichés deviennent vraiment moins bons.
Ultra grand-angle > le capteur ultra grand-angle du P50 Pocket permet du x0,7. Le résultat est très large. C’est agréable de pouvoir capturer des scènes aussi larges. Mais il y a un coût : une déformation visible aux extrémités. Sur un paysage, on est trompé, sur des humains ça passe moins.
Au global, le P50 Pocket n’est pas mauvais en photo, c’est même le contraire. Sa colorimétrie est juste, son piqué plutôt bon, ses fonctions complètes (mention au mode Fluorescence !). Disons qu’au prix auquel il est proposé, on était en droit d’en attendre plus.