- La qualité de la photo, même en basse lumière
- Le stabilisateur vidéo
- Les performances globales
- Le design très réussi
- Le prix risque d'en effrayer certains
- Toujours pas de Netflix en Full HD
Si nous avions été conquis par les récents P20 et Mate 20, nous le sommes encore un peu plus par ce nouveau P30 Pro. L’appareil réunit tous les atouts pour devenir une véritable référence en matière de smartphone, que ce soit par son design, la qualité de ses prises de vue, son autonomie, ses performances… Il n’y a vraiment pas beaucoup de points sur lesquels nous avons tiqué lors de nos tests, si ce n’est peut-être le prix de l’appareil, encore plus élevé que celui du P20 sorti l’année dernière. Mais finalement, si on compare son tarif à celui d’un S10+ de Samsung ou d’un iPhone XS Max, l’appareil n’est pas si délirant que ça et ses capacités ont de quoi sérieusement faire de l’ombre aux autres flagships.
A peine sortis du test du Galaxy S10 de Samsung, qui nous a particulièrement séduits il faut bien l’avouer, nous voilà replongés dans un test de flagship. Il y a tout juste un an, Huawei créait la surprise avec son P20Pro, un smartphone haut de gamme doté d’un triple capteur photo à l’arrière. Six mois plus tard, le fabricant récidivait avec le Mate20 Pro, un appareil toujours aussi performant en matière de photos, mais qui profitait d’un nouveau processeur et d’un meilleur design. Le Mate 20 Pro avait tant de points positifs qu’il s’était tranquillement imposé comme l’un des meilleurs smartphones de 2018. Alors, quelle carte reste-t-il à jouer à Huawei sur le P30 Pro qui vient tout juste de sortir ? Peut-on en attendre quelques innovations majeures qui justifieraient l’acquisition de ce nouveau modèle ? Est-il encore meilleur en autonomie, en puissance, en photo et en vidéo ? Et surtout, a-t-il des chances de détrôner le S10 évoqué plus haut ? Nous avons eu l’opportunité de tester l’appareil sous toutes les coutures et vous livrons toutes nos conclusions.
Un bon gros oui pour son design
On ne change pas une équipe qui gagne : c’est probablement la raison pour laquelle Huawei a repris le design de son Mate 20Pro pour le porter sur son P30 Pro. C’est d’ailleurs avec le Mate 20 Pro, plus qu’avec le P20 Pro, qu’il convient de comparer le nouveau smartphone de Huawei.On y retrouve les mêmes bords incurvés à gauche et à droite de l’écran, la même forme toute en longueur, la même sensation agréable de prise en main et ce, que l’on utilise l’appareil à une ou deux main… En termes de taille, la différence entre le P30 Pro et le Mate 30 Pro est vraiment minime : l’écran du premier fait 6,47″, tandis que celui du second est de 6,39″. Pas un énorme changement, donc. Et tout comme sur le Mate 30 Pro, l’appareil offre une sensation de robustesse, sans être pour autant un « monstre » de volume. Le poids de l’appareil est de 189 grammes, soit le même que celui du Mate 20 Pro. Certes, il fait 14 grammes de plus qu’un Galaxy S10+, mais on reste assez loin du poids d’un Mi Mix 3 et de ses 218 grammes dus à sa caméra frontale rétractable.
À l’arrière de l’appareil, on découvre 4 capteurs dorsaux,sur lesquels nous reviendrons plus tard. Posé à plat, l’appareil fait les frais d’une légère protubérance due à ces mêmes capteurs. On peut certes l’utiliser à plat sur une table pour entrer un court message, mais le fait de taper en bas à droite de l’écran rend le téléphone un peu bancal et difficilement exploitable sur la durée dans de telles conditions. À ce petit jeu, un smartphone comme leS10 de Samsung s’en sort nettement mieux. On remarque par ailleurs l’absence de capteur d’empreinte à l’arrière, dès lors que celui-ci est intégré dans l’écran en façade.
À l’avant du smartphone, l’encoche a été considérablement réduite par rapport au Mate 20 Pro et adopte la forme d’une petite« goutte » déposée dans la partie centrale de l’appareil. C’est agréable, cela permet de profiter d’une surface d’écran encore plus grande, et il est parfaitement envisageable de la cacher en assombrissant ses découpes latérales (fonctions Paramètres > Affichage > Plus de paramètres d’affichage > Encoche > Dissimuler l’encoche). Le capteur d’empreinte utilise une technologie optique, comme sur la quasi-totalité des modèles concurrents. Si Samsung exploite quant à lui une techno ultrasonique, qui a l’avantage d’offrir encore plus de sécurité, le mode optique fait preuve d’une meilleure réactivité et d’un niveau accru de reconnaissance de l’empreinte. En clair, la reconnaissance optique n’est peut-être pas aussi sécurisée que celle par ultrason, mais elle connaît moins d’échecs et permet de déverrouiller son téléphone plus rapidement.
Oui pour sa puissance de feu
Si le P30 Pro est équipé du même processeur que celui du Mate 20 Pro, un Kirin 980, nous avons malgré tout refait les tests pour deux raisons. D’une part parce que le P30 Pro dispose de 8 Go de RAM, là où le Mate20 Pro n’en comptait que 6. De quoi observer un léger gain, notamment dans des outils de benchmarks comme 3D Mark. Et d’autre part parce que nous avions délibérément omis à l’époque d’activer le mode Performance lors de nos précédents benchs. Nous lançons systématiquement nos tests « par défaut », sans activer quelque option d’accélération que ce soit. Mais une fois n’est pas coutume et dans un souci d’exhaustivité, nous avons cette fois réalisé les deux tests : avec et sans le mode Performance. Rappelons néanmoins que ce mode, s’il dope sensiblement la puissance du téléphone, notamment dans les jeux, en réduit cependant l’autonomie.
Les performances de l’appareil sont vraiment très bonnes, bien qu’inférieures à celles d’un Snapdragon 855 (le processeur que l’on trouve dans le Xiaomi Mi 9, par exemple). Elles sont cependant supérieures à celles d’un Snapdragon 845 selon que l’on se réfère à tel ou tel logiciel de benchmark. Par ailleurs, le mode Performance offre quelques points supplémentaires dans l’ensemble des logiciels de benchmarks utilisés, comme le montre la capture ci-dessous. Notez cependant que nous avons observé un petit problème au sein de l’application 3DMark : de gros artefacts dans le ciel, dans la séquence initiale3D. Nous avons lancé le bench à plusieurs reprises et avons toujours rencontré le même souci. Comme nous nous n’avons pas pu reproduire ce « bug »au sein des jeux 3D que nous avons testés, nous en avons déduit qu’il s’agit d’un cas isolé, du moins il faut l’espérer.
À l’usage, puisqu’il s’agit peut-être du test le plus pertinent, l’appareil fait preuve d’une parfaite réactivité au quotidien. On bascule sans attendre d’une application à l’autre, on revient à l’écran d’accueil en un simple clic, etc. Même les jeux hyper gourmands comme PUBG, Fortnite ou Asphalt9 ne subissent pas le moindre ralentissement.
L’autonomie de l’appareil est également remarquable. On profite en effet d’une batterie de 4200 mAh, la même qui équipait déjà le Mate20 Pro. Nous avons testé l’autonomie de l’appareil « en situation », c’est-à-dire en utilisant le téléphone sur plusieurs jours comme s’il s’agissait de notre appareil quotidien : beaucoup de Web, au moins une heure de vidéo streamée, la même chose pour la téléphonie et une heure également quotidienne d’emploi de la fonction GPS. Et à l’instar du Mate 20Pro, le P30 Pro fait de véritables miracles, puisqu’il tient tranquillement plus de jours avant de réclamer un peu d’énergie. La batterie de l’appareil se recharge à 55% en 20 minutes, à 70% en 30 minutes et à 100% en moins d’une heure, montre en main. Pour obtenir de tels résultats, il convient d’utiliser le chargeur SuperCharge de 40 W livré avec le smartphone.
Oui pour ses prises de vue, même en faible luminosité
L’une des grosses nouveautés du P30 Pro se situe à l’arrière de l’appareil. On y trouve non pas trois capteurs photo, comme sur le Mate 20Pro, mais quatre. L’un d’entre eux se présente même sous la forme d’un petit carré, là où tous les autres sont habituellement circulaires. Mais quelles innovations ces capteurs apportent-ils ? Avant tout et pour faire simple,les possibilités des quatre dispositifs en question sont les suivantes :
- Un capteur en 40 MPx – 27 mm – f/1.6
- Un capteur en 20 MPx – 16 mm – f/2.4
- Un capteur en 8 MPx – 125 mm – f/3.4 (zoom x 5)
- Un capteur Tof 3D
Pour concevoir ces nouveaux dispositifs en partenariat avec Leica (comme toujours), les ingénieurs de Huawei se sont creusé les méninges afin d’obtenir des clichés toujours plus lumineux, même lorsque les conditions météorologiques ne le permettent pas.
Première innovation : plutôt que prendre un cliché enRVB (Rouge Vert Bleu), le P30 Pro se base sur une capture en RJB (Rouge Jaune Bleu). « Réécrire les standards de l’industrie de la photo », voilà ce que promet le constructeur. De quoi capturer davantage de lumière, tout en respectant la colorimétrie ambiante, selon le constructeur. Huawei prétend délivrer également des photos inégalables en faible luminosité… Et quand on dit en faible luminosité, cela signifie même dans une pièce plongée dans la pénombre quasi totale. Troisième innovation : le capteur dédié au zoom change de forme. C’est le fameux « carré » évoqué précédemment, qui se présente sous la forme de petits prismes périscopiques. L’appareil est donc capable de prendre des clichés en 5x en optique, en 10x en hybride et en 50x en numérique. Enfin,Huawei offre un nouveau stabilisateur, parfait compagnon pour celles et ceux qui utilisent leur smartphone pour filmer en toute situation. Mais dans les faits, que donne toute cette débauche technologique ?
Les nombreuses photos que nous avons prises à l’aide du P30 Pro ont toutes été d’excellentes factures. En pleine lumière, le piqué de l’image est excellent, on ne dénote aucun bruit sur l’image et la balance colorimétrique est respectée. Nous avons cependant remarqué sur quelques cliché un contraste un chouia élevé, mais rien qui rende la photo inexploitable. Le zoom 5x optique remplit parfaitement son office, délivrant une photo nette, sans bavure et aux couleurs encore une fois parfaitement respectées. Nous nous sommes pris d’ailleurs au jeu de systématiquement nous éloigner du sujet pour zoomer dessus, et le résultat est devenu tellement convaincant, que nous ne prêtions finalement plus attention à la distance qui nous séparait du sujet.
Les photos en faible luminosité sont quant à elles bluffantes. Même plongé dans la pénombre, n’importe quel objet ou personne ressort. Un sujet apparaît clairement, là où les autres smartphones que nous avons testés (Galaxy S10, Honor View 20, Mate 20 Pro…) peinent à afficher ne serait-ce qu’un objet de la pièce, même quand celle-ci est partiellement éclairée par l’entrebâillement de la porte. Notez cependant qu’il convient de ne pas bouger le moins du monde pendant la prise de vue nocturne, faute de quoi l’image sera trop floutée pour être réellement exploitable.
le mode Portrait livre quant à lui des clichés pleinement maitrisées, le capteur TOF permettant d’obtenir un effet Bokeh sur plusieurs niveaux de profondeur. Notez que celui-ci peut aussi être utilisé pour les mesures en réalité augmentée (longueur, largeur et hauteur), mais c’est un autre sujet.
Et que dire des vidéos ? Huawei se targue d’un nouveau mode de stabilisation encore plus précis. Nous avons réalisé plusieurs séquences en provoquant quelques a-coups et en effectuant des travellings, et le résultat se révèle très satisfaisant. Quelques rares saccades sont néanmoins à signaler, mais rappelons que rien ne remplace jusqu’à présent une vraie caméra stabilisée.
Oui pour tout le reste, mais avec deux légers bémols
L’appareil est livré avec la version 9 d’Android (Android Pie) et la surcouche 9.1.0 d’EMUI. Bien que dépourvu de tiroir d’application, l’environnement proposé par Huawei est finalement similaire à Android Stock, tant par son module de paramétrage, ses notifications, son écran d’accueil et son « Discover »,un écran accessible depuis l’extrême gauche de l’appareil. Bref, EMUI s’est clairement amélioré avec l’âge et nous n’avons pas grand-chose à lui reprocher.
Nous émettrons cependant deux petites réserves : la première concerne la lecture de vidéos. Comme sur la quasi-totalité des appareils que nous avons testés récemment, il est impossible de profiter d’une vidéo en Full HD sur Netflix, alors même que la définition de l’appareil l’autorise,puisqu’elle est de 2340 x 1080 pixels (celle de la Full HD étant de 1920 × 1080).
La seconde « ombre » au tableau concerne le choix discutable du support de stockage utilisé par l’appareil. En 2018, Huawei a tenté de lancer un nouveau standard de carte mémoire, baptisé Nano SD (ou NMCard). Plus petit qu’une carte micro SD classique, ce format ne semble toujours pas adopté par les autres fabricants. Si l’on souhaite accroitre la capacité de son téléphone, il faudra impérativement utiliser ce type de carte, qui n’est exploitable sur aucun autre appareil. Le prix d’un tel support est également plus conséquent : comptez 50 euros environ pour une NM Card de 128 Go, alors qu’une carte micro SD classique de même capacité vaut entre 25 et 35 euros.
Un prix à la hauteur de ses qualités ?
Certains pourront reprocher les tarifs pratiqués par Huawei sur son nouveau modèle. À sa sortie en mars 2018, le P20 Pro valait 899 €. Sa nouvelle déclinaison, le P30 Pro, a vu son tarif augmenter de 100 €. Il faut en effet compter 999 € en France pour l’édition en 8 Go / 128 Go, les prix de la version en 256 Go n’étant pas encore communiqués au moment où nous rédigeons ce test. Alors oui, c’est assez onéreux. L’appareil les vaut-il vraiment ? La réponse est positive au vue des nombreuses qualités de ce smartphone. Et s’il fallait choisir entre le S10 évoqué en introduction et le P30 Pro ? Cruel dilemme, mais notre préférence irait peut-être finalement au P30 Pro, notamment pour sa qualité photo en faible luminosité.
En France, l’appareil sera disponible dans les différents coloris suivants : noir (black), bleu aurore (aurora), orange (amber sunrise) et nacré (breathing crystal – modèle non présent sur la photo).