En passant à l’OLED, le Steam Deck apporte un petit vent frais au PC-console qui a défini le genre. Est-ce suffisant ? Tient-il le choc face à ses concurrents arrivés ces derniers mois ? Et, surtout, conserve-t-il sa couronne ? C’est partie, joystick en main.
- 💸 Prix et disponibilité du Steam Deck OLED
- 🎛️ Caractéristiques techniques : des améliorations par petite touche
- 🧑🎨 Design et ergonomie
- 📺 Ecran : la force de l’OLED
- 🎉 Logiciel : la réussite de Valve et de l’open source
- 🚀 Performances : moins, mais mieux ?
- 🕹️ Les jeux tournent sans nous poser de questions…
- 🔋 Autonomie : mieux, bien mieux que la concurrence
- ⚖️ Notre verdict du test du Steam Deck OLED
- Le design soigné et assez léger
- L’écran OLED très confortable et agrandi
- L’ergonomie générale
- SteamOS et l’intégration de Steam et des autres plates-formes
- L’autonomie
- Le stockage en hausse
- L’APU qui n’est pas parmi les plus puissants
- Les quelques limites liées à GNU/Linux si vous ne connaissez pas
En février 2022, après quelques inévitables rumeurs, Valve lâchait sur le monde son Steam Deck, un PC déguisé en console portable, taillé sur mesure pour faire tourner une partie impressionnante du catalogue de jeux disponibles sur Steam, la plate-forme communautaire de jeux vidéo de la société de Gabe Newell.
Version gaming de la boîte de Pandore (et légèrement moins dramatique), le Steam Deck a ouvert la voie à une foule de compétiteurs. Pour ne citer que les plus importants, on nommera l’Asus ROG Ally, le ROG Ally Z1, le Lenovo Legion Go, et, enfin, le MSI Claw. Tous reprennent la même idée : proposer un PC au format d’une Switch (ou Switch Lite, pour être précis) capable de faire tourner vos jeux PC préférés.
Néanmoins, le Steam Deck conserve une particularité, il ne tourne pas sous Windows, mais sous une distribution GNU/Linux maison, SteamOS, développée par Valve au moment de l’aventure funeste des Steam Machines. Si la première incursion de la société de Bellevue dans le monde du matériel ne s’est pas forcément soldée comme ses dirigeants pouvaient l’espérer, depuis le Steam Deck a donc fait des émules. Conscient de son rôle, et peut-être même de son avance, Valve a sorti en fin d’année dernière une nouvelle itération de son Steam Deck, sans presque rien changer – si ce n’est un point essentiel, l’écran. Est-ce suffisant ? Le Steam Deck OLED a-t-il encore le vent en poupe ? Alors que la concurrence s’est musclée a-t-il encore son mot à dire ? C’est ce que nous allons voir.
💸 Prix et disponibilité du Steam Deck OLED
Comme pour la Nintendo Switch, le passage à une dalle OLED est l’occasion de marquer une montée en gamme, et d’étoffer l’offre en maintenant un modèle LCD à la vente, en prix d’appel. Trois modèles constituent désormais l’offre Steam Deck.
Les modèles OLED sont ainsi vendus :
- Steam Deck OLED 512 Go – 569 euros
- Steam Deck OLED 1 To – 679 euros
Doté de moins de stockage, le modèle LCD coûte :
- Steam Deck LCD 256 Go – 419 euros
Voilà la gamme actuelle des Steam Deck. Il est intéressant de noter que Valve a aussi décidé de commercialiser à prix réduit et jusqu’à épuisement des stocks deux versions LCD : les anciens modèles d’entrée et de haut de gamme.
- Steam Deck LCD 64 Go eMMC – 369 euros
- Steam Deck LCD 512 Go – 469 euros
A l’heure actuelle, tous les Steam Deck sont disponibles en 3 à 5 jours, et il faut passer par le site de Steam pour les acquérir.
🎛️ Caractéristiques techniques : des améliorations par petite touche
Depuis le lancement du Steam Deck, Valve ne donne pas énormément de détails sur l’APU qu’il a choisi. On sait que la société a travaillé étroitement avec AMD pour concevoir une puce sur mesure. Avec une partie CPU qui embarque quatre cœurs pour huit threads, mais qui commence désormais à être un peu ancienne, et ne peut pas rivaliser en matière de puissance avec les Ryzen Z1 et Z1 Extreme. Le GPU de génération Van Gogh (pour le Steam LCD) et Zephiroth (pour le Steam Deck OLED – et, oui, comme le personnage de Final Fantasy VII) est largement en retrait, et ses huit unités de calcul RDNA 2 ne pourront pas non plus faire de l’ombre aux configurations plus récentes, même si elles s’arrogent 6 Go de mémoire vidéo. Sur le papier, la puissance est donc du côté de la concurrence.
Néanmoins, le PC-console de Valve a pour lui une meilleure intégration entre matériel et OS, et des choix plus prudents, notamment pour ce qui est de la définition d’écran. Là où Lenovo pousse le bouchon jusqu’à afficher 2 560 x 1 600 pixels, avec une dalle 144 Hz, Valve se contente de la définition d’origine des Steam Deck 1 280 x 800 pixels. On notera tout de même que le passage à l’OLED s’accompagne d’un taux de rafraîchissement accru, puisqu’on passe de 60 à 90 Hz. Il faudra savoir en jouer, certains titres n’étant pas conçus pour franchir le cap des 60 images par seconde, et d’autres, exigeants, gagneront à ce que vous choisissiez un taux de rafraîchissement de 40 Hz « seulement ». C’est notamment le cas de Cyberpunk 2077.
Au rang des améliorations, on soulignera également l’arrivée du Wi-Fi 6E. Pour peu que vous ayez un routeur compatible vous pourrez profiter des débits de la bande des 6 GHz, ce qui est à la fois un plaisir pour aujourd’hui, et la garantie de pouvoir profiter de cette fréquence dans les années à venir.
Avec un routeur compatible et un serveur OpenSpeedTest hébergé sur le réseau local et connecté à notre routeur via une connexion 10 Gbit, nous avons pu ainsi relever des débits montants et descendants de plus de 1,4 Gbit/s, ce qui, si votre connexion à Internet tient la route, devrait vous permettre de télécharger vos jeux très rapidement sur le Steam Deck.
- Processeur : AMD Steam Deck OLED APU 4 coeurs pour 8 threads (2,4 à 3,5 GHz) / AMD Radeon Steam Deck 8 unités de calcul
- Mémoire vive : 16 Go
- Stockage : 1 To
- Taille de l’écran tactile : 7,4 pouces
- Définition de l’écran : 1 280 x 800 pixels (16:10)
- Résolution de l’écran : 204 ppp
- Rafraîchissement de l’écran : 90 Hz
- Connectique sans-fil : Bluetooth 5.3, Wi-Fi 6E
- Connectique filaire : USB-C, carte microSD
- Alimentation : 45 W via USB-C
- Batterie : 50 Wh
- Dimensions : 29,8 x 11,7 x 4,9 cm
- Poids : 640 g
- Système d’exploitation : SteamOS
Enfin, même si l’espace de stockage sur les modèles OLED est conséquent (512 Go et 1 To), il est toujours possible d’ajouter une carte microSD afin de stocker plus de jeux localement.
A propos du stockage, on notera que l’outil de test intégré à SteamOS, KdiskMark permet de mesurer des débits en lecture et écriture tout à fait satisfaisants. On a ainsi relevé une vitesse de 3,5 Go/s en lecture et de 2,8 Go/s en écriture, de quoi installer des jeux sans souci et rapidement.
🧑🎨 Design et ergonomie
Le Steam Deck revient donc dans une seconde mouture. On insiste sur ce point car dans l’histoire d’amour entre Valve et le matériel, tout n’a pas toujours été rose. Il y a bien sûr eu les Steam Machines, prometteuses sur le papier, mais peut-être trop ouvertes, trop floues, trop proches d’un PC classique. Finalement, un échec. Le Steam Link a également rendu les armes, malgré ses bons et loyaux services. Et le Steam Controller est une manette qui est loin de faire autant l’unanimité que celles des Xbox, par exemple, ou même des PlayStation 4 ou 5. Mais chacune de ses incursions dans le monde du matériel semble avoir été un jalon sur une longue route, une leçon.
On retrouve ainsi les petits pavés tactiles, au format rectangulaire, sous les sticks. Des zones tactiles que le Steam Controller avait introduites, dans une forme circulaire. Il y en a une de chaque côté de l’écran. Elles seront très utiles pour certains titres qui demandent de la précision, et aussi pour déplacer le curseur de la souris si vous décidez d’aller faire un tour dans la version Desktop de SteamOS. Néanmoins, ne nous leurrons pas, on ne retrouve pas la précision d’une souris. Il ne faudra donc pas trop rêver à des headshots enchaînés du bout du pouce – sauf à ce qu’il soit question d’entraînement ou de talent. Mais nous passons notre tour, en tout cas.
Parlons du design général maintenant. Celui du Steam Deck OLED est sensiblement identique à celui de son aîné. Valve maintient ses dimensions, qui situent son PC-console entre le ROG Ally, d’Asus, et le Legion Go, de Lenovo, en matière d’encombrement. Les équipes de Gabe Newell ne sombrent pas non plus dans l’extravagance et ne multiplient pas les boutons et gâchettes autant qu’a pu le faire Lenovo sur son Legion Go, par exemple. A gauche, on trouve un stick, le d-pad, pavé directionnel, qui est situé à sa gauche. Une position qui demande un petit temps d’ajustement, car il est placé tout au bord du Steam Deck, mais cela ne pose pas vraiment de problème. Au contraire, cela permet de facilement le manipuler dans les jeux de combat. Et dans les titres qui l’utilisent un peu moins que le stick, il est facile de passer de l’un à l’autre, un fois qu’on a pris l’habitude de ne plus le chercher en dessous du joystick. Toujours à gauche, on trouve le bouton Steam, qui permet de revenir à l’interface de SteamOS, d’arrêter le Steam Deck, et également de basculer vers le mode bureau.
A droite, outre le stick, on trouve les quatre boutons XYAB, un pavé tactile, le bouton Menu, et un autre bouton qui donne accès à l’interface des Réglages rapides. De là, vous pourrez régler la luminosité, le volume des haut-parleurs (qui sortent le son en façade, bonne idée, et qui sont plutôt bons pour un appareil de cette taille), et celui du micro. Il sera aussi possible d’accéder à quelques réglages « avancés », comme la limite d’images par seconde, l’activation du Shading à fréquence variable ou, plus intéressant encore, la limite de l’enveloppe thermique de l’APU. Au maximum, ce sont 15 W que vous pourrez lui allouer. Valve a fait le choix de ne pas trop pousser la puissance et d’épargner donc la batterie. Nous y reviendrons.
Sur la tranche supérieure du boîtier, on trouve les incontournables boutons et gâchettes gauches et droits. Et de gauche à droite, les boutons de réglages du volume sonore, la prise mini-jack, le port USB-C qui sert à recharge le Steam Deck, ainsi que le bouton Marche/Arrêt. Les plus attentifs auront remarqué que Valve distingue son Steam OLED du Steam LCD par un interrupteur orange – voilà qui change tout.
Au dos de l’appareil, on trouve également quatre palettes, qui seront utiles dans certains jeux, de course, par exemple, ou même dans des jeux de rôle qui demandent d’avoir accès à de nombreuses commandes. L’emplacement microSD se trouve, lui, sur la tranche inférieure.
En définitive, le Steam Deck OLED est donc quasi identique à son aîné. Il offre la même ergonomie, plutôt bien pensée. On soulignera juste que son poids, légèrement revu à la baisse, est plus agréable en main. Un petit moins bienvenu. Il demeure toujours plus lourd que le ROG Ally et ses 611 g mais bien plus léger que le Lenovo Legion et ses 845 g…
Précisons aussi qu’il est livré avec une housse rigide qui semble solide, le maintient bien en place une fois fermée, et peut même conserver son chargeur dans un creux ménagé dans sa partie arrière. On saluera aussi la présence d’un petit chiffon pour nettoyer l’écran. Avec une interface tactile, les traces de doigts s’invitent rapidement sur la dalle.
Ceux qui ambitionnent d’utiliser le Steam Deck en le branchant à un écran externe ou à des périphériques filaires pourront adopter un petit dock. Un dock pour le Deck, donc. Le modèle officiel, à acheter séparément (89 euros), propose trois ports USB-A, un port USB-C (pour l’alimentation), un port Ethernet, un port HDMI et un port DisplayPort. Il est également possible d’opter pour des docks tiers, qui sont parfois moins chers et tout aussi bien pensé, si ce n’est mieux. Il faut bien dire que le câble USB-C du dock de Valve, qui se connecte au port du PC-console sur sa tranche supérieure, donne à l’ensemble un petit air de bricolage…
📺 Ecran : la force de l’OLED
La grande star de cette nouvelle version est bien entendu l’écran. Agrandi, il mesure désormais 7,4 pouces, contre 7 seulement pour le Steam Deck LCD. La définition ne change pas, à 1280 x 800 pixels (avec une résolution de 204 ppp), Valve estimant sans doute que c’est le bon rapport entre une visibilité satisfaisante et une fluidité avec laquelle il ne faut pas trop tergiverser.
Dans les faits, le confort visuel est discrètement amélioré, et c’est encore plus un plaisir d’afficher ses jeux sur cette dalle, au contraste parfait, merci l’OLED, et à la luminosité très honnête. Nous l’avons mesuré à 493 cd/m2 en moyenne sur toute sa surface, avec un pic à 580 cd/m2. C’est largement suffisant pour être lisible en intérieur, mais il faudra un peu ruser si vous souhaiter jouer en extérieur. D’autant que les traces de doigts ne facilitent pas tellement la lutte contre les reflets. Car, oui, bien évidemment cette nouvelle dalle OLED est toujours tactile. Elle est d’ailleurs précise et réactive, même quand on s’aventure dans l’interface du mode « bureau » qui demande de bien viser pour fermer une fenêtre ou une boîte de dialogue.
Pour ce qui est de la précision dans la restitution des couleurs, Valve n’a visiblement pas fait d’effort particulier. Notre mesure de la dalle OLED du Steam Deck lui accorde un Delta E 2000 de 4,27. C’est honnête, mais pas très bon. Néanmoins, à l’usage, à aucun moment nous n’avons trouvé le rendu des couleurs désagréable ou déplacé. D’ailleurs, le Steam Deck couvre allègrement le gamut DCI-P3, d’après nos mesures.
L’arrivée d’une dalle OLED dans le Steam Deck est donc une excellente nouvelle. On n’ira pas jusqu’à dire qu’elle mérite à elle seule d’abandonner le modèle équipé d’un écran LCD, mais pour une première acquisition, c’est clairement un atout dont vous auriez tort de vous priver. Surtout si vous êtes amateurs de jeux qui ont besoin d’une plus grande fluidité d’affichage. Le rafraîchissement à 90 Hz apporte un petit gain de précision et de confort indéniable quand on joue un peu sérieusement…
🎉 Logiciel : la réussite de Valve et de l’open source
Comme on a déjà eu l’occasion de le dire, le Steam Deck ne fonctionne pas sous Windows, mais sous une distribution GNU/Linux maison, SteamOS, qui reposait originellement sur Debian avant de passer sur Arch Linux, bien plus légère, plus adaptée aux PC de monsieur tout le monde et mise à jour très régulièrement.
De facto, cela implique que tous les jeux que vous possédez dans Steam ne pourront pas être exécutés. Ce qui s’ajoute à la limite de puissance, qu’on retrouve toutefois à divers degrés sur tous les PC consoles de ce genre.
Néanmoins, votre bibliothèque Steam ne sera pas trop désertée, voire pas du tout. Ce serait en effet compter sans le travail de longue haleine de la communauté open source et les efforts de Valve. Grâce à Proton, fork maison du célébrissime Wine, il est possible de faire tourner une quantité assez invraisemblable de jeux Windows sans la moindre anicroche et en toute transparence. Par ailleurs, si vous vous contentez de Steam, vous aurez toujours affaire à une interface (grosso modo celle du mode Big Picture disponible sur les PC Windows classiques), et n’aurez jamais à vous soucier de savoir que c’est une distribution GNU/Linux et non l’OS de Microsoft qui tourne en coulisse.
C’est là une énorme différence par rapport à tous les concurrents du Steam Deck qui fonctionnent sous Windows. Tous vous proposent une interface pour vous faire oublier le système d’exploitation qui les anime, et tous se heurtent à des limites bien réelles qui ramènent sans cesse l’utilisateur au bureau Windows, pas forcément adapté à un petit écran tactile sans clavier ni souris. A noter que si vous y tenez vraiment, il est tout à fait possible d’installer Windows 11 sur le Steam Deck…
Si vous ne vous contentez pas de Steam, et voulez pouvoir jouer aux titres achetés sur UPlay/Ubisoft Connect, Battlenet, GOG, etc., il vous faudra faire un petit tour par le mode bureau de Steam OS, assuré par un KDE Plasma légèrement retravaillé. Vous n’y resterez pas très longtemps, juste ce qu’il faut pour installer les launchers respectifs des plates-formes requises, via des outils gratuits, open source et facilement instables depuis Discover, le store applicatif de SteamOS. A vous de choisir en fonction de vos besoins entre Heroic Games Launcher ou Lutris, Bottles, etc.
Les manipulations n’ont rien de compliqué et ne demandent ni de saisir des lignes de commandes, ni de recompiler un kernel, c’est la réputation d’aridité de GNU/Linux qui en prend un coup…
En définitive, une fois passée cette étape de l’installation de voies de contournement pour accéder à des titres qui, en cochant une case, se retrouveront généralement comme par magie dans l’interface « console » de SteamOS, l’expérience d’utilisation au quotidien est mille fois meilleure sur le Steam Deck que sur n’importe lequel de ses concurrents.
Même le clavier virtuel, auquel on ne peut couper, sauf à brancher un clavier filaire ou Bluetooth, est plutôt agréable à utiliser. Il y a bien sûr quelques petits soucis et bugs. Notamment au niveau de la gestion des superpositions de fenêtres. Quand on affiche le clavier et l’utiliser de manière tactile, il arrive qu’on active l’interface située sous celle des touches. Cela peut être un lien, une fenêtre, etc. Bref, ce n’est pas parfait.
Quoi qu’il en soit, Valve a fait en sorte de limiter les bidouilles techniques complexes, de vous accompagner au quotidien, en vous indiquant si les jeux sont pleinement ou partiellement compatibles avec son PC-console, par exemple. C’est donc bien plus agréable à utiliser pour jouer au quotidien, et la promesse de vous mettre entre les mains une console qui fait tourner vos jeux PC est bien mieux tenue ici qu’ailleurs.
🚀 Performances : moins, mais mieux ?
Sur le papier, les Steam Deck sont les PC-consoles les moins puissants du marché, avec son APU AMD custom à faible consommation énergétique, lancé en 2020, gravé en 6 nm contre 7 nm pour l’APU du Steam Deck LCD. C’est entendu.
Les deux modèles de puces embarquent toutefois le même nombre de cœurs Zen 2, quatre en tout, pour huit threads ; avec les mêmes huit unités de calcul RDNA 2 et les mêmes huit cœurs RT. Le gain en taille de gravure pourrait donner un léger avantage au Steam Deck OLED par rapport à son aîné, sans toutefois révolutionner les choses.
Quand on lance un outil de tests synthétiques, comme Geekbench, on constate effectivement une différence importante avec le Legion Go, de Lenovo, par exemple, qui fonctionne lui aussi avec un APU AMD, mais bien plus récent, ou le seul et unique porteur d’un SoC Intel, le MSI Claw.
On ne s’éternisera pas sur cette différence de puissance pour plusieurs raisons. La première parce qu’une grande partie de nos outils de tests ne fonctionnent que sous Windows, et ne fonctionnent soit pas bien soit pas du tout sous SteamOS, ce qui, une fois encore, en dit long sur le travail d’optimisation réalisé pour les jeux au niveau de Proton, par les équipes de Valve et la communauté open source.
La deuxième est que malgré cette différence de puissance, le Steam Deck ne nous a jamais montré le moindre signe de ralentissement ou de manque de réactivité dans l’affichage de ses interfaces. La preuve que le choix d’une distribution GNU/Linux légère était bon. L’optimisation logicielle est une force !
La troisième tient simplement au fait que, oui, le Steam Deck est moins puissant avec son APU qui se contente de 15 W au maximum. Mais cela signifie aussi qu’il chauffe moins, et ventile donc moins. Ce qui signifie plus de discrétion et de confort d’utilisation – il n’a jamais franchi le cap des 39 dB selon nos mesures. Donc la puissance n’est pas tout…
D’autant que, et c’est notre quatrième et dernière raison, cette différence de puissance ne mérite qu’on s’y arrête que si elle a un impact négatif au niveau des jeux. Est-ce le cas ? En bref, et pour tuer le suspense, à l’heure actuelle, non. La question demeurant en suspens pour ce qui est du plus long terme.
🕹️ Les jeux tournent sans nous poser de questions…
Nous avons confronté le Steam Deck OLED aux mêmes titres que ceux que nous avons fait tourner sur les autres PC-consoles que nous avons testés et les résultats sont généralement bons et mêmes parfois proches. Non seulement les jeux sont jouables sur le Steam Deck, mais la puce n’est parfois qu’à quelques frames du meilleur des Steam Deck-like.
La proximité de performances avec le modèle de MSI montre surtout le manque d’optimisation actuel des pilotes de la puce Intel que son potentiel définitif.
Quoi qu’il en soit, au fil de notre longue utilisation, nous n’avons jamais rencontré de jeux qui ne veuillent vraiment pas fonctionner. Il est arrivé parfois d’être confronté à des petits ratés, à des soucis de commandes, liés à l’absence de support des manettes, mais nous aurions eu le même souci sur un PC en voulant jouer avec un gamepad… Il y a donc assez peu de ratés, et pas qui soient, véritablement liés à un manque de puissance.
Attention toutefois, rappelons-le, le Steam Deck, pas plus que ses concurrents ou clones, n’est une machine surpuissante qui vous permettra de jouer aux tout derniers jeux en poussant la définition, les effets physiques ou même ray-tracing à fond. Ce type de console demeure le terrain rêvé pour les petits jeux en pixel art, les grands classiques, les titres qui supporteront de voir leurs exigences graphiques revues à la baisse, etc. Mais quel plaisir de jouer à Red Dead Redemption 2 tranquillement, de parcourir le no man’s land de Fallout New Vegas, de finir enfin Cyberpunk 2077 ou d’affronter le froid et les dieux nordiques dans God of War – même si les graphismes ne seront alors pas splendides…
🔋 Autonomie : mieux, bien mieux que la concurrence
Comme pour tous les appareils portables, la question de l’autonomie se pose pour le Steam Deck. Malgré sa puce économe en énergie, il est évident que sa capacité à tenir dépendra énormément des jeux que vous ferez tourner, de la luminosité choisie pour l’affichage et des usages que vous solliciterez.
Afin de pouvoir le comparer sur une même base, nous avons commencé par faire tourner notre test d’autonomie en streaming vidéo 4K.
En l’occurrence, la dalle OLED de petite définition semble jouer en faveur du Steam Deck, ainsi que sa batterie de bonne taille. On a ainsi affaire à une batterie de 50 Wh contre 49,2 pour le Lenovo Legion Go et 53 Wh pour le MSI Claw. Nous avons quoi qu’il en soit vu tenir le PC-console de Valve pendant 5h47 au cours de ce test. Là où le Legion Go rendait les armes après 3h27 et le MSI Claw après 4h24. C’est donc mieux. Bien mieux.
Mais une fois encore, nous avons voulu confronter le Steam Deck à des jeux. Luminosité d’écran à fond, nous avons donc, fait tourner l’habituel Dead Cells, poids léger qui demande peu d’efforts à l’APU, Diablo IV, plus exigeant et qui sollicite également la connexion et enfin Cyberpunk, gourmand en ressources.
Nous avons alors obtenu les autonomies suivantes.
- Dead Cells : 445 minutes (7h25)
- Diablo IV : 208 minutes (3h28)
- Cyberpunk 2077 : 156 minutes (2h36)
Pour comparaison rapide, en exécutant Dead Cells, le MSI Claw tenait 231 minutes, tandis que le Lenovo Legion Go avait atteint les 202 minutes seulement… L’APU poids plume et basse consommation du Steam Deck est donc tout à son affaire.
Même s’il conserve l’avantage, on remarque bien qu’avec un jeu comme Diablo IV, la différence d’autonomie est bien moins importante entre le Steam Deck et le MSI Claw, qui est le plus endurant des PC-console que nous avions testé jusqu’à présent. Le Claw tenait 194 minutes quand le Steam Deck a tenu 208 minutes.
Enfin, avec Cyberpunk 2077, on constate à quel point le travail d’optimisation réalisé par Valve et les équipes de CDProjekt, qui ont développé un réglage dédié, porte ses fruits. Là où le Claw nous a permis d’arpenter Night City pendant 80 minutes, le Steam Deck a presque doublé notre temps de jeu… La deuxième mouture du grand Ancien des PC-consoles est donc bien la plus endurante en jeu…
⚖️ Notre verdict du test du Steam Deck OLED
- Le design soigné et assez léger
- L’écran OLED très confortable et agrandi
- L’ergonomie générale
- SteamOS et l’intégration de Steam et des autres plates-formes
- L’autonomie
- Le stockage en hausse
- L’APU qui n’est pas parmi les plus puissants
- Les quelques limites liées à GNU/Linux si vous ne connaissez pas
Mise à jour en douceur du Steam Deck, le modèle OLED propose une superbe dalle agrandie et de bonne qualité. Elle renforce le confort et le plaisir de jeu, c’est indéniable. Valve glisse également davantage de stockage, passe au Wi-Fi 6E, et continue à ne pas faire rouler ses muscles, avec une puce vieillissante certes, mais custom et qui profite de l’optimisation logicielle assurée par SteamOS. En définitive, le Steam Deck vous permet de jouer à presque tout, assure une meilleure autonomie que la concurrence. Il ouvre même ses portes aux autres plates-formes vidéoludiques avec un minimum de bidouillage. Qu’y a-t-il à lui reprocher alors ? Rien, ou si peu. C’est en tout cas toujours le meilleur dans sa catégorie.