Tchernobyl : les survivants n’auraient pas transmis de mutation génétique à leurs enfants

Les survivants de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ne semblent pas avoir transmis de mutations génétiques dangereuses à leurs enfants. Deux nouvelles études sur les conséquences sanitaires de la catastrophe viennent de paraître.

Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose et rejette dans l’atmosphère des produits radioactifs. Par conséquent, un nuage radioactif recouvre une partie de l’Europe. La catastrophe de Tchernobyl devient alors la plus grave qui ne s’est jamais produite dans une centrale civile.

Une photo prise à Tchernobyl
Une photo prise à Tchernobyl – Crédit : Silver Ringvee / Unsplash

Près de 35 ans plus tard, deux nouvelles études viennent de paraître dans le journal Science. Elles se penchent sur les conséquences sanitaires de cette catastrophe et plus particulièrement sur le cancer de la thyroïde et les mutations génétiques . D’ailleurs, la zone d’exclusion nucléaire est toujours considérée comme étant dangereuse à cause des émissions radioactives.

Une caractéristique de l’ADN permet de distinguer les cancers causés par des émissions radioactives

Entre 1991 et 2015, près de 20 000 cas de cancer de la thyroïde chez des personnes âgées de moins de 18 ans au moment de l’explosion du réacteur n°4 ont été documentés. Une étude menée par les Nations Unies en 2018 a suggéré qu’un cas sur 4 pourrait être atteint du cancer de la thyroïde à cause des émissions radioactives. La première étude a donc analysé 400 survivants en Ukraine qui ont tous développé un cancer de la thyroïde probablement à cause de la catastrophe. Les chercheurs ont comparé ces survivants avec des patients atteints de cancer qui sont nés après Tchernobyl et qui n’ont donc pas été exposés aux radiations.

Ainsi, les chercheurs ont découvert que les émissions radioactives au moment de l’accident ont un rapport direct avec l’augmentation des cassures des deux brins de l’ADN dans les cellules des tumeurs développées par les patients. Celles-ci sont liées à des mutations de gènes quand les brins se cassent et fusionnent à nouveau de manière incorrecte. La différence avec les patients souffrant actuellement d’un cancer de la thyroïde et n’ayant jamais été exposés aux radiations est que les tumeurs de ces derniers ont été causées par des mutations ponctuelles, et non des cassures des deux brins de l’ADN. Une telle découverte pourrait bientôt permettre aux médecins de distinguer les cancers causés par des émissions radioactives.

Les enfants des survivants de Tchernobyl n’ont pas de mutation génétique transmise par leurs parents

Ensuite, la deuxième étude s’est penchée sur les mutations génétiques des enfants des survivants de Tchernobyl. Les chercheurs ont étudié les mutations germinales (aussi appelées mutations de novo) chez les enfants. À titre d’information, une mutation germinale touche l’ADN des cellules souches d’un gamète. Lorsque cela arrive, l’enfant est atteint de la mutation. Heureusement, les chercheurs ont découvert que les enfants des survivants de Tchernobyl n’ont pas un nombre plus élevé de mutations germinales. Cela signifie que les survivants n’ont pas transmis de mutation génétique potentiellement dangereuse à leurs enfants.

Stephen Chanock qui a dirigé cette étude et qui est le directeur de la division d’épidémiologie et de génétique du cancer de l’Institut national du cancer a déclaré que : « nous considérons ces résultats comme très rassurants pour les personnes qui vivaient à Fukushima au moment de l’accident en 2011. On sait que les doses de rayonnement au Japon ont été inférieures à celles enregistrées à Tchernobyl ». C’est donc une bonne nouvelle rassurante pour les personnes qui s’inquiétaient des conséquences des accidents nucléaires sur les générations futures.

Source : Gizmodo