Stranger Things saison 4 : quelle est l’erreur de Netflix ?

La saison 4 de Stranger Things se découpe en deux parties. Un choix qui interroge alors que l’ère de la diffusion hebdomadaire s’impose chez la concurrence.

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Stranger Things, saison 4 – Crédit : Netflix

C’est l’une des séries phares de la plateforme au N rouge. Si bien qu’elle était attendue au tournant après trois ans sans épisodes à se mettre sous la dent. Comme c’était pressenti, la saison 4 de Stranger Things a été visionnée massivement depuis sa sortie. Rappelons toutefois une particularité étonnante. Cet acte 4 se découpe en deux parties. La seconde, composée de deux très longs épisodes, est programmée pour le 1er juillet.

Netflix a pondu les sept premiers épisodes d’un coup, achevant la partie 1 sur un énorme cliffhanger (attention spoilers). Nous apprenons que Vecna, l’antagoniste maléfique de la saison 4, n’est autre que One (001) aka Henri Henry Creel. Soit la première personne intronisée dans le programme expérimental du Dr Martin Brenner où Eleven a grandi. Auteur du massacre dans la Rainbow Room, il a été stoppé par 11 ce qui a eu pour effet d’ouvrir une passerelle vers le Monde à l’envers.

Stranger Things 4 : un découpage en deux parties qui pose question

C’est un cliffhanger digne d’une finale de saison, poussant les télespectateurs à se trifouiller les méninges pour deviner ce qui se passera ensuite. Un “point de rupture” qui permettra de “terminer les deux derniers épisodes en force”, selon les mots du producteur exécutif Shawn Levy qui explique pourquoi la saison 4 de Stranger Things est coupée en deux.

Ce modèle de sortie hybride est-il pertinent alors que la concurrence est revenue à un rythme hebdomadaire plus traditionnel ? Un modèle qui semble viable économiquement parlant. Car dévoiler ses épisodes au compte-gouttes permet de garder les abonnés dans ses filets plus longtemps. Prenons l’exemple de The Mandalorian qui poussait les utilisateurs à rester abonnés à Disney+ pendant au moins trois mois. Une stratégie anti-binge-watching, les télespectateurs ne pouvant pas regarder tout d’un coup et annuler dans la foulée leur abonnement (à moins d’attendre que l’intégralité des épisodes soit diffusée au risque d’être spoilé sur l’intrigue).

Et pour cause, une publication hebdomadaire permet de faire monter la sauce, les médias s’attardant sur les révélations de chaque épisode, pondant critiques et théories au fur et à mesure. Contrairement à la diffusion en une salve, l’étalement des épisodes donne d’ailleurs la possibilité aux abonnés de discuter de l’intrigue en société ou sur les réseaux et de donner envie aux profanes. Tout cela crée un battage médiatique au long cours qui fait bien souvent les affaires du diffuseur.

Netflix doit-il opter pour la diffusion hebdomadaire ?

En faisant patienter un mois les téléspectateurs, promettant un climax explosif pour la partie 2 de Stranger Things, Netflix a tenté de couper la poire en deux. “Nous avons vu Disney+ et Hulu se prêter à une diffusion hebdomadaire pas vraiment adaptée à notre cas”, souligne le producteur exécutif. Les frères Duffer expliquent que la saison a été scindée en raison de sa longueur, le PDG de la plateforme Ted Sarandos ayant suggéré un tel découpage.

Netflix rechigne de moins en moins à bouleverser son mode de diffusion (Ozark, Lupin, Lucifer illustrent notamment bien ce revirement). Dès lors, pourquoi ne pas opter pour un dévoilement hebdomadaire pour certains programmes phares comme Stranger Things ? Car proposer un modèle mi-figue mi-raisin fractionnant la diffusion en deux parties totalement inégales (en termes de temps d’écran) est un choix pour le moins discutable qui a étonné, voire frustré, de nombreux fans.

Probablement échaudé par la perte de ses abonnés, Netflix rechigne à trop bouleverser leurs habitudes. Adeptes du binge-watching, certains sont très satisfaits de la diffusion en un seul bloc. Mais l’exemple de Stranger Things montre bien que Netflix cherche à bousculer les mœurs. L’objectif étant d’accentuer le buzz en achevant la partie 1 sur une fin en suspens, permettant de faire couler de l’encre pendant tout le mois de juin. Ce qui se rapproche de l’effet escompté des sorties hebdomadaires. Lesquelles permettraient au N rouge d’accroître l’attention médiatique, tout en donnant plus de valeur à certaines séries, les abonnés ne les considérant plus comme jetables. Afin de relancer la machine, Netflix a quoi qu’il en soit besoin de se réinventer.