C’est un désastre commercial. On apprend qu’il n’y aura pas de PS5 ni de Xbox en quantité suffisante avant au moins l’été prochain. Un nouveau report dont on détaille ici les causes.
Pas de PS5 ou de Xbox Series avant fin 2021 ? C’est la situation qui se profile pour cette nouvelle année. Les nouvelles consoles ne sont pas épargnées dans la guerre des composants et matériaux qui viennent à manquer chez tous les constructeurs.
La situation historique de pénurie qui frappe le secteur des composants informatique ne va pas s’arranger, bien au contraire. Notre dernier dossier complet sur le sujet annonçait une pénurie qui durerait jusqu’au printemps. Aujourd’hui, les prix montent, les composants sont encore plus rares, et la situation pourrait se prolonger même jusqu’à la rentrée prochaine, voire jusqu’en fin d’année. Les dernières consoles sont évidemment touchées de plein fouet.
Dans un temps réduit, Sony a mis en ligne quelques unités de sa PS5 sur Sony Rewards en fin de semaine dernière. Carrefour aurait de nouveau un léger stock à venir aujourd’hui.
Le substrat ABF, le matériau essentiel, mais toujours introuvable
Le principal goulot d’étranglement reste ce fameux substrat ABF, film isolant indispensable à la fabrication de tous les processeurs de dernière génération. Ce substrat étant de plus en plus demandé, ses rares fabricants travaillent à augmenter sa production, mais leurs délais de livraison se prolongent déjà jusqu’à fin 2021.
Le prix de ce matériau essentiel augmente de jour en jour, ce substrat étant aussi indispensable pour les serveurs 5G, Cloud, les ASIC (des crypto-mineurs notamment), les puces FPGA et FCBGA des systèmes embarqués des véhicules… Une situation impossible ! Grâce à leur poids sur le marché, Intel et NVIDIA auraient la priorité sur AMD, qui se retrouve dans une situation délicate.
AMD équipe les PS5 et Xbox, mais n’est pas prioritaire
En première ligne chez les consoles, AMD est sous pression de Sony et Microsoft pour fournir les puces SoC centrales des PS5 et Xbox. L’entreprise est tiraillée entre la nécessité d’allouer ses ressources de production chez TSMC entre ses propres CPU et GPU haut de gamme, les plus rentables, et ce SoC, beaucoup moins rentable. Fabriquer une puce de console est plus honorifique que profitable, car l’engagement envers le fabricant de la console se négocie sur des marges très faibles en pariant sur de gros volumes de vente.
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Du côté des autres composants, la pénurie des galettes de silicium de 8 pouces entrave encore la production de nombreuses petites puces (contrôleurs, superviseurs, etc.). Les délais s’allongent jusqu’à fin 2021, surtout depuis les sanctions de décembre dernier sur les exportations du fabricant chinois SMIC par les USA.
La mémoire GDDR5 et GDDR6 est aussi en pénurie croissante à cause du gaming et du mining. Le 13 janvier dernier, un incendie va certainement aggraver la situation au sein de l’usine Walsin à Dalang, en Chine, qui produit de précieux condensateurs MLCC, indispensables dans tous les secteurs (cartes graphiques, consoles, voitures, 5G, etc.). Même si l’incendie n’a pas touché les lignes de production, le moindre ralentissement de cette usine majeure serait une petite catastrophe pour ce composant déjà en pénurie !
En tant que système complet, les consoles PS5 et Xbox Series X et S dépendent de tous ces composants, et cumulent ainsi toutes les difficultés d’approvisionnement dans leur chaîne de fabrication. Les délais de livraison nous ramènent presque tous à… fin 2021.
Faut-il prévoir une flambée des prix ?
Annoncées à des prix officiels fixes, les consoles de dernière génération n’ont surtout pas intérêt à décevoir le public en revenant sur leurs promesses tarifaires. C’est donc la rareté qui va jouer, Microsoft et Sony rognant sur leur marge (ou aggravant leur vente à perte).
Toutefois, comme on l’a vu chez d’autres fabricants comme Asus ou Zotac, également touchés par cette pénurie générale, il se pourrait que les prix officiels augmentent, sous la pression de nombreux facteurs, dont les transports…
Le prix du container en constante augmentation
Nous rapportions que le container maritime était passé de 2000 à 6000 dollars en novembre dernier. Nous savons désormais qu’il a brusquement augmenté à plus de 11 000 dollars fin décembre, avec des délais d’attente encore plus élevés. Les consoles sont très concernées par ce coût de transport à cause du volume de leur emballage et de leur faible marge.
Difficile de voir quand tout ceci va s’arranger, les besoins des pays occidentaux étant toujours aussi immenses pour faire face à la COVID-19. Dernier exemple début janvier selon nos informations : l’Union Européenne recherchait d’urgence 700 millions d’aiguilles pour… les vaccins !
Une pénurie qui touche au-delà des PS5, RTX, Radeon, tous les appareils sont touchés
Notez que la situation est similaire pour tous les composants informatiques majeurs, et notamment les dernières cartes graphiques du marché, qui sont livrées au compte-goutte. De quoi donner envie à une filiale de MSI d’écouler ses rares stocks à prix d’or sur ebay.
La frénésie des crypto-mineurs a brusquement repris depuis plus d’un mois, et de nombreuses cartes sont achetées directement en sortie d’usine en Chine…
Sans oublier les autres fabricants de matériel électronique moins importants, et donc laissés pour compte. Une source nous confirme d’énormes difficultés chez un fabricant français de matériel électronique, et donc pas du tout prioritaire dans les carnets de commande : certains minuscules composants électroniques (contrôleurs, SoC, condensateurs, etc.) voient leurs délais d’importation monter jusqu’à un an ! De quoi bloquer toute la chaîne de fabrication, et par conséquent rendre impossible la livraison des commandes. Les conséquences économiques risquent de faire très mal à la « French Tech ».
Oui, la situation s’est donc brutalement dégradée, tandis que les grands fabricants s’en tiennent à leur discours classique : « hausse de la demande », « quelques difficultés d’approvisionnement », pour sauver la face. Evidemment, la réalité est plus cruelle : le premier trimestre 2021 sera très certainement une période de disette électronique totalement inédite, et la crise pourrait effectivement ne pas se résoudre avant la fin de l’année.