Si vous utilisez des GIFs, vous êtes ringards, c’est officiel

« Les GIF sont pour les boomers maintenant, désolé » titre le site américain Vice. Le site raconte comment ces images animées, très en vogue depuis les années 2010, sont désormais considérées comme ringardes par la nouvelle génération.

GIFs
Quelques GIFs populaires © Tom’s Guide FR

« À chaque fois que je vois quelqu’un poster un GIF je me dis direct que cette personne a plus de 33 ans » dit @jennygzhang sur Twitter, avec plus de 100 000 J’aime et 4000 Retweets. Le GIF serait-il victime de son succès ? Désormais jugé mainstream par la jeune génération, la célèbre image animée ne séduit plus. Après Facebook, une vaste majorité de mèmes, d’émojis ou de YouTube, c’est au tour de cet autre emblème des années 2010 d’être ringardisé.

« Vous n’avez pas à chercher trop loin pour trouver des tweets ou des vidéos sur TikTok qui se moquent des gifs », explique Amelia Tait, journaliste chez nos confrères de Vice. « Eh oui, aujourd’hui, les vieux, ce sont aussi les milléniaux » ajoute-t-elle. En effet, un simple tour sur Twitter permet de se rendre compte du désamour que connaissent ces images animées. « Qui utilise des gifs en 2020 grand-mère » répondait par exemple cet utilisateur à un GIF posté par Taylor Swift. « Utiliser Microsoft Teams au boulot m’aura appris que les boomers adorent utiliser des gifs pour tout et n’importe quoi » dit une autre.

Les milléniaux, ces boomers avant l’âge

Mais pourquoi et comment est-ce que le GIF est-il devenu si ringard aux yeux des jeunes ? Selon Vice, c’est sa popularité qui pose problème. En 2014, Twitter lançait sa fonction de recherche par GIF, suivi de WhatsApp en 2016, d’Apple sur iMessage la même année, puis de Sony sur PS4 (avec SharePlay) ou encore Tinder, quelques mois plus tard. En 2017, Facebook introduisait son propre bouton GIF dans la section des commentaires du site et en 2020, GIPHY était racheté par la firme de Zuckerberg pour 400 millions de dollars. Comme l’explique le journal, la bibliothèque de gifs de GIPHY aura également augmenté de près de 33 % en un seul mois, au début de la pandémie, en 2020.

Les gifs animés ont aussi ce côté flemmard. Pour Erika Gajda, une productrice de podcasts londonienne, envoyer un gif en réponse, c’est « comme si une personne n’était pas assez originale pour trouver quelque chose de drôle toute seule ».

C’est ce qu’en pense aussi Whitney Phillips, professeur de communication à l’Université de Syracuse et auteur de plusieurs livres sur la culture Internet. Selon lui, ce désamour s’explique par le côté trop simpliste du GIF : il suffit de cliquer sur un bouton de recherche et de taper un mot pour partager l’un des milliers de gifs déjà existants. Selon lui, la jeune génération ne veut pas non plus se procurer les codes de l’ancienne, ce qui n’a rien d’anormal.

Nyan Cat
Nyan Cat, mi-mème, mi-gif © Chris Torres

Il faut dire que sur Internet, popularité est bien souvent synonyme de ringardise. C’était le cas avec les mèmes par exemple, autrefois appréciés, car sous-culturels et de niche — souvenez-vous des débuts de 9GAG qui abondait d’Advice Animals ou de rage comics. C’était le cas avec Facebook aussi, un site « cool » de 2005 à 2010, mais dont la démocratisation a vite créé un sentiment de dégoût, pour les plus jeunes comme pour les plus initiés.

Pour plusieurs jeunes interviewés par Vice, TikTok a également enterré le GIF au profit du partage de vidéos de soi-même. Pourquoi s’embêter à sélectionner un GIF qui ne correspond pas forcément à son exact ressenti alors qu’il suffit de prendre son smartphone et de le faire soi-même ?

Comme la plupart des tendances, le gif pourrait bien redevenir un jour à la mode. « Peut-être que les hauts et les bas de la popularité du gif sont un miroir ironique du format lui-même, destiné à se répéter sans fin » conclut habilement le journal. C’est pas faux.

Source : Vice