SFR au bord du gouffre : dette, corruption et fuite des clients, comment l’opérateur s’effondre

L’heure est grave pour SFR, qui doit se réinventer, ou se vendre. Ancien leader des télécoms français, l’opérateur est en crise. Il a perdu des centaines de milliers de clients, sa maison-mère Altice est endettée à hauteur de 60 milliards, et elle est touchée par un scandale de corruption.

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SFR enregistre une énorme perte d’abonnés © image StreetPress

SFR, l’opérateur qui a longtemps dominé le marché des télécoms français, est aujourd’hui dans une situation critique. Non seulement il a vu sa clientèle fondre de 100 000 abonnés en début d’année (385 000 abonnés mobiles et 200 000 abonnés fixes en un an), mais il doit aussi faire face à des difficultés financières qui s’accumulent.

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Service client déplorable, offres qui changent à tout va… Les abonnés fuient le navire. Mais SFR a d’autres problèmes. Sa maison-mère, Altice, croule actuellement sous une dette colossale de 60 milliards d’euros, si l’on regroupe Altice International, Altice France et Altice USA, dont 24 milliards rien que pour Altice France, qui comprend SFR et les médias BFMTV et RMC.

SFR est le seul opérateur français à afficher des résultats négatifs : au deuxième trimestre 2023, son chiffre d’affaires a baissé de 1,9 % et son bénéfice opérationnel de 5,7 %, selon le site Capital. Son free cash flow, qui permet de financer les investissements, les dividendes ou le remboursement de la dette, était même négatif sur la même période. Un signe inquiétant pour la pérennité du groupe.

Et comme si cela ne suffisait pas, un scandale de corruption impliquant un proche de Patrick Drahi, le fondateur d’Altice, vient ternir un peu plus l’image du groupe auprès de ses créanciers. L’heure est grave pour SFR, qui doit se réinventer ou se vendre.

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Pire encore, le coup de grâce pour Altice est venu cet été, avec l’arrestation au Portugal d’Armando Pereira, bras droit de Patrick Drahi, accusé de corruption, de blanchiment d’argent et de fraude fiscale. Il aurait détourné des fonds au détriment du fisc portugais et de la filiale locale d’Altice. Une affaire qui a ébranlé la confiance des créanciers du groupe et qui pourrait avoir des conséquences judiciaires.

Les salariés de SFR sont inquiets pour leur avenir. Ils craignent que Patrick Drahi ne décide de vendre une partie du capital d’Altice France, y compris SFR. Même si cette cession serait minoritaire et viserait à repousser les échéances de la dette, les syndicats réclament plus de transparence et de dialogue sur la situation du groupe.

Patrick Drahi a fait des choix stratégiques discutables depuis qu’il a racheté SFR en 2014, pour 13 milliards d’euros. Il a misé sur une technologie de fibre optique avec câble chez l’abonné, moins performante que la fibre de bout en bout. Il a aussi tenté une convergence entre les télécoms et les médias, qui s’est soldée par un échec face à la grogne des clients et la hausse des tarifs. Aujourd’hui, Altice et SFR doivent se redresser ou se résigner à passer sous pavillon étranger.