Ces cycles atmosphériques terrifiants pourraient être un avant-goût du climat dans un lointain futur, selon une étude de Harvard.
Des climatologues de l’université de Harvard ont simulé un modèle atmosphérique où la Terre est plus chaude, une configuration qui a vraiment eu lieu il y a des millions d’années. Ce modèle est destiné à anticiper les conséquences d’un réchauffement climatique brutal ou le comportement du climat des exoplanètes. Il révèle des conditions météo extrêmes durant ces périodes dites de « serre chaude ».
Ils simulent le climat extrêmement chaud de la Terre d’avant, les conséquences sont alarmantes
Ouragans plus fréquents et plus dévastateurs, records d’inondations… Il suffit de quelques dixièmes de degrés d’augmentation de la température pour que des phénomènes météo catastrophiques se produisent sur Terre, et l’ONU vient encore de tirer la sonnette d’alarme avec la COP 26. Jacob Seeley et Robin Wordsworth, chercheurs en sciences de l’environnement à Harvard, ont donc monté le thermomètre pour simuler ce qui se produirait si la Terre était plus chaude d’une vingtaine de degrés. Dans leur étude publiée sur Nature, ils se sont basés sur des conditions que l’on a rencontré jadis dans un lointain passé sur notre planète, mais qui seraient également caractéristiques du climat de certaines exoplanètes. Dans une intention similaire, d’autres scientifiques ont d’ailleurs récemment simulé le climat de Dune, la planète désertique imaginaire du film du même nom.
En portant la température de la surface de la mer de 32 à 52 degrés au niveau des tropiques, ils ont découvert « un état atmosphérique nouveau et totalement inattendu ». Alors qu’en temps normal il pleut toujours quelque part sur l’océan, ces conditions extrêmes entraînent l’apparition d’une « couche d’inhibition » qui empêche la formation de nuages convectifs dans l’atmosphère. Résultat, il ne pleut plus. Des cycles de sécheresse longs s’imposent, avec une absence de précipitations sur une grande partie de l’océan.
30 centimètres de pluie tomberaient en quelques heures après des cycles de sécheresse extrême
Mais l’eau évaporée est toujours là quelque part. « Des nuages se forment dans la haute atmosphère à mesure que la chaleur se perd dans l’espace » expliquent les chercheurs. La pluie s’accumule dans ces nuages de haute altitude comme si « on rechargeait une batterie massive », indique le Pr. Seeley. Conséquence, il se produit à la fin de ce cycle de sécheresse d’énormes tempêtes de pluie, en fait de véritables déluges pouvant durer plusieurs heures. Dans une simulation, les chercheurs ont observé « jusqu’à 30 cm de pluie en l’espace de six heures, soit davantage que ce que certains cyclones tropicaux font tomber aux États-Unis en plusieurs jours ».
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Ce cycle de sécheresses suivies de déluges torrentiels se poursuit ensuite, puisque la « batterie atmosphérique » se recharge tant que cette température élevée reste constante. Dans leur simulation, pour que la Terre atteigne ces températures extrêmes, il a suffi aux climatologues d’ajouter davantage de CO2 dans l’atmosphère (environ 64 fois la quantité actuelle, aujourd’hui autour de 0,04 %) ou d’augmenter la luminosité du soleil d’environ 10 %. « Bien qu’une augmentation de 15 ou 20 degrés de la température à la surface de la mer soit bien plus que ce qui est prévu pour le changement climatique, pousser nos modèles atmosphériques en territoire inconnu nous révèle ce dont la Terre est capable », conclut Jacob Seeley.
Source : Université d’Harvard / SEAS