- L’autonomie de la batterie
- L’effet 3D est vraiment efficace
- Le prix bien trop élevé
- Les haut-parleurs qui manquent de dynamique
- L’appareil photo très moyen au regard du prix
- Les caractéristiques techniques dépassées
L’Hydrogen One est le tout premier smartphone de RED. Un terminal ambitieux qui voudrait changer nos vies et dont l’écran arrive parfois à impressionner quand on trouve le bon angle de vision. Toutefois, Red propose une technologie qui demande encore à être perfectionnée. On attend toujours les écrans 3D sans lunettes qui offrent une vraie immersion sans aucune concession en matière de qualité et de confort. Et vu l’accueil réservé par la plupart de nos collègues, on ne peut pas dire que la 3D si particulière de RED fasse l’unanimité. Si vous êtes curieux de voir le résultat par vous-même, le mieux est encore d’aller l’essayer en magasin. Et dans tous les cas, vous serez confronté à une question importante : est-ce que la 3D justifie un prix si élevé et des caractéristiques techniques en retrait ? Pour notre part, la réponse est non pour le moment.
On n’y croyait plus et pourtant, pratiquement un an après la date de lancement initiale, le premier smartphone de la société spécialisée dans les caméras professionnelles Red Digital Cinema, est enfin là. L’Hydrogen One est un téléphone unique en son genre, pour le meilleur et pour le pire.
Ce n’est pas la première fois qu’un terminal embarque un écran et un appareil photo 3D, mais jamais de la sorte. L’approche de l’Hydrogen one est unique en son genre et fondamentalement différente de celle d’une Nintendo 3DS ou du Fire Phone d’Amazon que tout le monde a déjà oublié. De plus, il s’agit d’un téléphone modulaire qui pourra théoriquement être amélioré par la suite.
Ceci étant, l’Hydrogen One n’est pas le téléphone définitif qui démocratisera la 3D. Et vu son prix délirant et son design qui ne fait pas l’unanimité, il n’est pas non plus dit qu’il séduira tout le monde. Au moins, on reconnaitra à Red de ne pas avoir essayé de copier – en vain – l’iPhone X comme de nombreux autres constructeurs aujourd’hui. Le constructeur a osé prendre des risques, et comme souvent en matière de technologie, le résultat est à la fois prometteur et un prototype onéreux.
1 – Oui et non, pour l’écran
Il se sera fait attendre cet écran holographique que RED a toujours refusé de montrer lors des présentations à la presse tout en déclarant que l’Hydrogen One allait « changer durablement le futur de la téléphonie mobile ».
On vous le dit tout net, l’écran 3D de l’Hydrogen One n’est pas près de révolutionner l’industrie du mobile, tout du moins pas dans sa forme actuelle. Et pourtant la technologie qu’il renferme est plutôt impressionnante. L’écran est fabriqué par Leia, une société qui propose un système innovant qui intègre un substrat transparent sous le verre qui va rediriger la lumière et créer un effet de profondeur. Celui-ci peut être activé ou non par l’Hydrogen One en fonction du contenu qui est affiché à l’écran. Dans ce cas, l’écran est identique à un modèle 2D conventionnel.
Le téléphone bascule automatiquement en mode 3D en lançant un jeu, une image ou une vidéo compatible 4-view. L’effet est étonnant au premier abord, le substrat générant une aberration chromatique et de la pixelisation, comme si une couche de graisse recouvrait l’écran. Mais la sensation de 3D est bien là et les sujets à l’avant-plan jaillissent de l’écran à l’instar d’un hologramme.
Toutefois, les écrans 3D – avec ou sans lunettes – n’ont jamais réussi à être vraiment confortables, et ce n’est pas celui de RED qui changera la donne.
De plus, tout le contenu compatible 4-view n’est pas logé à la même enseigne. Si les vidéos (Red annonce avoir noué des accords avec les plus grands studios pour proposer des blockbusters en 4-view) et les photos 3D prises avec le terminal se laissent regarder sans fatigue oculaire, il n’en va pas de même pour tout le contenu. Asphalt 8: Airborne par exemple souffre non seulement de lag, mais l’effet 3D donne le tournis au bout d’une ou deux minutes.
Heureusement, l’Hydrogen One dispose d’un très bon écran QHD en 2D. Celui-ci restitue bien les couleurs avec un Delta E de 0,28 qui fait pratiquement jeu égal avec celui de l’iPhone XS Max (0,23). Pour mémoire plus ce chiffre est proche de 0 et plus les couleurs sont fidèles à la réalité.
L’écran LCD de 5,7 pouces de Red couvre 141,2% de l’espace colorimétrique sRVB avec une luminosité de 411 cd/m2, soit 200 de moins que l’écran OLED de l’iPhone XS Max à son maximum.
ependant, si Red insiste que l’écran de l’Hydrogen one n’a rien à envier à ceux de ses concurrents en 2D, celui-ci affiche un grain qu’il est bien difficile d’ignorer une fois qu’on l’a remarqué. Une fine grille qui provient probablement du substrat lorsque ce dernier n’est pas utilisé. Cela n’a rien de rédhibitoire et pratiquement invisible en tenant le téléphone à une distance normale.
2 – Oui et non, pour les capteurs photo
L’appareil photo est équipé de deux capteurs de 12,3 mégapixels conçus par l’entreprise qui a révolutionné les caméras de cinéma, mais Red insiste sur le fait qu’il d’un appareil qui utilise des composants et un capteur dédiés au mobile. Un Mod cinéma sera disponible qui devrait permettre de lui adjoindre des objectifs standards.
En attendant, l’appareil photo du Hydrogen One est un modèle à part sur le marché aujourd’hui, capable de capturer des photos en 2D ou en 3D avec le format 4-view. Il peut également réaliser des portrait en jouant sur la profondeur de champ.
Malheureusement, vu la technologie particulière du Hydrogen One, il n’est pas évident de partager les images 4-view. Pour ce faire Red propose une sorte de micro Instagram appelé Holopics. Celui-ci fonctionne correctement et de nombreux clichés peuvent déjà être affichés. Toutefois, gare au contenu parfois choquant que Red n’a pas eu le temps de retirer.
Le choix du cadre est fondamental pour profiter d’un effet 4-view réussi. Le mieux est d’ailleurs d’avoir un objet au premier plan qui se prolonge vers l’arrière-plan.
Nous ne pouvons partager que des clichés en 2D et le résultat est plutôt correct comme en témoigne cette photo prise en extérieur. Le pixel 3 affiche plus de détails dans les zones sombres et des couleurs plus saturées, mais la teinte bleue du ciel est irréaliste. Le rendu de l’Hydrogen One peut paraître un peu plus sombre en comparaison, bien qu’il soit plus approprié pour les conditions réelles.
En intérieur, les photos sont plus neutres et moins saturées que celles du Pixel 3. Cependant les zones claires sont surexposées et on perd en netteté et en détail, comme sur l’horloge par exemple.
Les choses empirent quand on tente de réaliser une photo portrait avec une lumière artificielle en intérieur. Certes ce genre de photos est compliqué pour la plupart des smartphones, mais le Pixel 3 s’en tire plutôt bien avec des couleurs qui sont mieux rendues et un effet bokeh plus convaincant. Les ombres sont plus prononcées, la tonalité de la peau plus précise et la photo est globalement moins floue. La différence de qualité est ici flagrante.
L’appareil photo de 8,3 Mpixels sur la face avant de l’Hydrogen One réalise des selfies de bien meilleure qualité que ce malheureux mode portrait. Mais le Pixel 3 garde là encore l’avantage aussi bien dans les détails que dans les zones claires et sombres.
Le capteur de Red s’est complètement trompé au niveau de la texture du pull par exemple, tout comme la couleur des cheveux ainsi que leur texture. Ce qui confirme les bonnes performances de cet appareil photo Red quand les conditions d’éclairage sont au rendez-vous, mais également l’absence flagrante de polyvalence face à des scénarios divers et variés, comme sur les scènes qui sont faiblement éclairées ou les portraits.
3 – Non, pour les performances déjà dépassées
Alors que Red qualifie son écran de futuriste, les composants de l’Hydrogen One eux ne le sont pas. Ce téléphone devait à l’origine être lancé au premier trimestre 2018. Mais face aux nombreux retards, Red n’a pas été en mesure de troquer le processeur Snapdragon 835 d’origine pour le plus récent 845 qui a été lancé cet été.
L’Hydrogen One est donc désavantagé face aux derniers smartphones Android, sans même parler de l’A12 Bionic des iPhone XR, XS et XS Max. Avec Geekbench 4 qui mesure les performances globales du système, le terminal de Red a obtenu un score de 6211, soit pratiquement 3000 points de moins que le OnePlus6 doté de 8 Go de RAM, et même plus de 5000 points derrière l’iPhone XS Max.
L’écart est un peu moindre avec le test graphique Sling Shot Unlimited de 3DMark, mais toujours pas en faveur de Red. L’Hydrogen One a obtenu un score de 2760 contre 4339 pour le XS Max.
Dans la pratique, il a fallu 4 minutes et 25 secondes à l’Hydrogen One pour convertir une vidéo 4K en Full HD avec l’application Premiere Clip d’Adobe. C’est une minute de plus que le OnePlus 6 (3,45 minutes), et plus de deux minutes de plus que le Samsung Galaxy S9 (2,32 minutes). Ces deux terminaux sont équipés du processeur 845 de dernière génération.
Enfin, l’Hydrogen One n’est pas non plus taillé pour les jeux vidéo comme l’attestent les lags et images perdues avec PUBG Mobile.
4 – Oui, pour l’autonomie de la batterie
L’Hydrogen One embarque une généreuse batterie de 4500 mAh, ce qui lui permet de se placer parmi les smartphones les plus endurants que nous avons testés cette année. Plutôt encombrant, le mobile a fonctionné pendant 13 heures et 9 minutes en rafraichissant un page web en continu via la connexion 4G.
Ni l’iPhone XS Max, ni le Samsung Galaxy Note 9 ne sont en mesure d’afficher une telle autonomie, le premier s’éteignant au bout de 1h38 et le second 11h26.
Le fait de ne pas avoir à recharger l’Hydrogen One est agréable, mais il lui manque encore la recharge sans fil si pratique pour lui redonner un peu d’énergie. Cependant, la plupart des autres smartphones ne sont pas habillés de Kevlar et d’aluminium (ou de titane). Notez toutefois que l’Hydrogen One n’est pas certifié selon les strictes normes militaires tel que la gamme Samsung Galaxy S Active par exemple. Et le téléphone n’est pas non plus étanche.