Pourquoi Stranger Things dit que les jeux de rôle sont mauvais ?

Véritable engouement, nombreux sont les rôlistes à pratiquer les jeux de rôle. Mais la popularité de cette pratique ne remonte pas à aujourd’hui. Depuis plusieurs décennies, la communauté se passionne pour ces aventures. Malheureusement, les jeux de rôle ont eu mauvaise presse pendant un moment comme le prouve Stranger Things 4.

Image 1 : Pourquoi Stranger Things dit que les jeux de rôle sont mauvais ?
Crédit : Netflix

Toutes les nouveautés, d’autant plus lorsqu’elles s’adressent aux plus jeunes, amènent d’énormes polémiques. Tout le monde se souvient des jeux vidéo pointés du doigt pour être soi-disant responsables de tueries. Même chose pour la musique avec des artistes accusés d’endoctriner les adolescents comme Marylin Manson à une époque. Bien évidemment, les jeux de rôle n’échappent pas à cette défiance comme le prouve Stranger Things 4 sur Netflix. Dans l’un des épisodes de sa nouvelle saison, le second plus précisément, l’un des personnages affirme qu’il s’agit d’un loisir néfaste. Une position courante dans les années 80. Mais pourquoi un tel rejet des jeux de rôle ? Bref résumé d’une autre époque.

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Aux USA, des lobbyistes souhaitent faire interdire les jeux de rôle

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Crédit : Netflix

Nous sommes en 1986. Les jeux de rôle existent depuis près de dix ans mais pourtant, les politiques et les médias mènent une cabale. À l’époque, on trouve des dénonciations absurdes mais pourtant reprises par des partisans remontés. On accuse ce loisir destiné aux jeunes (mais pas que) d’être dangereux d’un point de vue physique et mental. Pourtant, les pratiquants parlent d’une activité sociale et récréative. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle connue encore aujourd’hui par le jeu vidéo.
Aux USA, cette guerre menée contre les jeux de rôle va loin, très loin. De nombreux efforts de lobbying sont menés auprès de la Commission Fédérale du Commerce. On demande à ce que des messages soient affichés pour prévenir des risques encourus. Ces lobbies parlent de possibles suicides chez les jeunes.

Pire encore, on accuse les adeptes du satanisme (croyances basées sur Satan, ndlr) de jouer aux jeux de rôle. Les forces de l’ordre utilisent des brochures explicatives lors d’interrogatoires. Ces dernières étaient distribuées par une organisation appelée Bothered About Dungeons & Dragons (la B.A.D.D.).
Certains organismes opposés aux jeux de rôle souhaitent même une interdiction complète comme Les Filles de Saint-Paul. Une congrégation religieuse chargée de répandre l’évangile dans les médias et les moyens de communication.

En 1979, les jeux de rôle accusés d’être responsable d’une disparition

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C’est en 1979 que le jeu de rôle connaît sa plus mauvaise presse, le propulsant au devant de la scène mondiale. Un étudiant, James Dallas Egbert III, est porté disparu. Dans la presse, on lie sa disparition à Donjon et Dragon. Les enquêteurs estiment que le jeune homme… a cru être son personnage.
Finalement, James Dallas Egbert III s’est suicidé. Les rapports parlent de problèmes personnels comme la dépression, la solitude, la pression parentale ou encore les difficultés à accepter son homosexualité.
Aujourd’hui, il semble admis que les jeux de rôle ne provoquent pas de comportements problématiques. Au contraire, on met en lumière les bénéfices de cette pratique. Même si restent des opposants motivés par leur vision datée.

D’autres exemples peuvent être cités comme le suicide du jeune Irving Pulling II. Lors d’une partie de Donjons et Dragons, son professeur a maudit son personnage. La mère de l’adolescent était convaincue qu’il s’était ôté la vie pour cette raison.

La culture s’y met, l’exemple Les Monstres du labyrinthe

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Crédit : Prime Video

En 1981, la romancière Rona Jaffe publie Mazes and Monsters. Un roman s’appuyant sur l’incident impliquant James Dallas Egbert III. Le récit adopte largement la position négative présentée par les détracteurs des jeux de rôle comme l’absence de contrôle sur la réalité, les hallucinations ou encore de la violence. Un an plus tard, un long-métrage appelé Les Monstres du labyrinthe sort sur CBS. Tom Hanks, jeune et inconnu, campe le rôle de Robbie. Et on vous le donne dans le mille, il s’agit d’un adolescent fragile prenant très au sérieux sa partie de jeu de rôle.
Après avoir joué dans un lieu effrayant, il se prend pour son personnage et disparaît en adoptant un comportement inquiétant. Une charge frontale à l’encontre de cette pratique. Ou quand la culture rejoint un mouvement de panique morale !

Une panique morale présente en France

La France n’a rien à envier aux USA en termes de panique morale concernant les jeux de rôle. Aussi étonnant que cela puisse paraître, même à l’aube des années 2000, les discours réactionnaires pullulent. Le meilleur exemple ? L’épisode consacré à cette pratique dans l’émission Bas les masques de Mireille Dumas diffusée entre 1992 et 1996. Et le nom est très orienté : « Attention, jeux dangereux ».
Des années plus tard, difficile de ne pas adopter un rire moqueur devant cet épisode de Bas les masques. Mireille Dumas apparaît convaincue mais surtout renforcée dans sa position par les intervenants. Un moment culte pour les rôlistes !

Heureusement, il existe des spécialistes bien plus mesurés à cette époque. En 1990, comme le rapporte l’INA, le psychologue Claude Pigott adopte une position rassurante vis-à-vis des jeux de rôle. Le médecin estime qu’après la fin d’une partie, les joueurs « déposent les armes, se déshabillent et rentrent chez eux ». Malgré tout, ce dernier pense qu’il peut « y avoir un risque de dédoublement de personnalité » si une partie s’éternise.

Dans sa saison 4, Stranger Things adopte une position moqueuse en présentant un personnage opposé aux jeux de rôle. Il faut dire qu’à l’époque de la série, beaucoup se dressaient contre cette pratique. Pourtant, pas sûr qu’il s’agit du plus grand danger qu’affrontent les enfants de la série. On rappelle que face à eux se trouve Vecna, une créature du Monde à l’envers.