Piratage de la Ligue 1 sur Telegram : « Il faut une vraie modération. Ça ne peut pas rester comme ça »

Au lieu de s’abonner à DAZN et beIN pour regarder les matchs de Ligue 1, nombre de fans de foot se ruent sur Telegram pour accéder gratuitement à des retransmissions pirates. Soucieuse de lutter contre ce problème épineux, la LFP se heurte toutefois à la modération laxiste de l’application.

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© Envato

Depuis plusieurs années déjà, certains fans de foot rechignent à payer pour regarder les matchs. Ils privilégient plutôt des IPTV pirates ou des canaux Telegram qui diffusent les rencontres en toute illégalité. Ce phénomène a littéralement explosé depuis la reprise du championnat. De nombreuses personnes refusent de s’abonner à DAZN et à beIN, fustigeant les tarifs des abonnements qu’elles jugent bien trop prohibitifs.

Lors de la première journée de Ligue 1, des milliers d’internautes se sont ainsi rués sur l’application Telegram pour accéder aux matchs gratuitement. Comme à l’accoutumée, les propriétaires des canaux pirates avaient appâté le chaland sur les réseaux sociaux, souvent plusieurs jours avant le coup d’envoi. Des canaux doublons ont été créés pour contourner les (rares) blocages survenant après les notifications d’Athletia qui signale les diffusions illégales pour le compte de la LFP.

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Un canal pirate sur Telegram © Tom’s Guide

Face aux prix de DAZN, les fans de foot regardent la Ligue 1 illégalement sur Telegram

Sollicité par Tom’s Guide, Hervé Lemaire, patron de LeakID (groupe Forward), ne mâche pas ses mots au sujet du problème Telegram. Son entreprise spécialisée dans la lutte contre le piratage se charge de protéger de nombreux ayants droit, notamment la Premier League et la Ligue des champions pour le compte de Canal+. Elle se heurte toutefois à la modération inefficace de Telegram.

“On ne peut absolument rien faire”, fustige le dirigeant de la PME dont la mission est de repérer, notifier et désindexer les copies illégales de contenus protégés par le droit d’auteur. “Le problème, c’est qu’on a pas de contact, de nom ou d’email. Il y a juste un canal de chat où ils répondent parfois un, deux, trois jours après le signalement voire même pas du tout”. Ce qui s’avère évidemment problématique pour modérer des contenus regardés en direct.

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La modération de Telegram jugée insuffisante pour contrer le piratage

Questionné à ce sujet par Tom’s Guide, Telegram fait la sourde oreille : “Les temps de réponse de Telegram pour les retraits DMCA sont tout à fait conformes aux normes de l’industrie. En plus d’accepter ces rapports, les modérateurs sont avertis lorsqu’un large public regarde un flux public afin que certains flux illégaux importants puissent être supprimés avant même la publication des rapports” nous répond-on.

Un communiqué lapidaire qui est loin de convaincre Hervé Lemaire. “C’est vraiment du grand n’importe quoi”, déplore-t-il à l’aune de son expérience de terrain. “Ca peut arriver de temps à autre qu’ils ferment un live pendant le match, sûrement un coup de bol car le mec était encore au bureau”, ironise-t-il. “Mais sinon, ils n’ont pas d’équipe 24/24 pour modérer”.

L’absence de modération efficace sur Telegram mais aussi les IPTV illégales et l’utilisation des VPN pour se jouer des géoblocages font déjà craindre le pire pour le football. Car si les fans ne s’abonnent plus en nombre aux plateformes légales comme DAZN et consorts, les droits TV vont inexorablement finir par baisser ; ce qui aura un impact foudroyant sur les budgets des clubs et la qualité du spectacle proposé.

Telegram doit-il laisser les prestataires comme LeakID et Athletia fermer eux-mêmes les canaux pirates ? Faut-il légiférer au niveau européen pour imposer à l’application une modération plus stricte ? Il y a en tout cas péril en la demeure. “Telegram doit avoir une vraie politique de modération. Ca ne peut pas rester comme ça”.