Les barrières de péages pourraient bien totalement disparaitre pour céder la place aux péages à flux libre. Mais de nombreux problèmes viennent ternir l’expérience.
Les péages traditionnels avec barrières pourraient bientôt appartenir au passé, remplacés par des systèmes de péages en flux libre. L’autoroute A79, première à adopter ce dispositif en France, a ouvert un tronçon de 80 km sans barrières fin 2022. Et depuis le 10 décembre, l’autoroute A13 utilise également ce système sans barrière.
Sur le papier la mise en place de ces dispositifs ne présente que des avantages. Ils permettent de fluidifier le trafic en évitant les bouchons qui se créent souvent aux péages et du même coup de réduire les émissions de CO2. Mais dans les faits, la situation est un peu moins idyllique.
Les péages en flux libres proposent plusieurs moyens de paiement
Le fonctionnement est simple : des portiques équipés de caméras scannent les plaques d’immatriculation des véhicules. Les conducteurs peuvent ensuite régler leur passage via des options variées :
- Avec un badge Télépéage : pour les automobilistes abonnés auprès de l’un des services qui fonctionnent déjà (Ulys, Bip&Go, APRR…), le paiement se fera automatiquement.
- Création d’un compte auprès de la société gestionnaire de l’autoroute que vous souhaitez emprunter (Sanef pour l’A13, Aliae pour l’a79, par exemple). Il faut s’enregistrer avec une carte bancaire et son numéro de plaque, le paiement du péage se fera alors automatiquement.
- Paiement en ligne dans les 72h qui suivent votre passage. Attention, une amende de 90 euros est prévue en cas de non-paiement.
- Paiement sur une borne physique. Il sera possible de payer sur des bornes situées en bordure d’autoroute. On ignore toutefois encore où elles seront installées.
Attention toutefois aux coûts cachés des télépéages déjà dénoncés par le passé par 60 millions de consommateurs comme des frais de gestion pour l’utilisation de chèque vacances ou un surcoût si on n’utilise pas son badge pendant plusieurs mois.
170 000 réclamations en quelques mois seulement sur l’A13
Voilà pour la théorie. En pratique, cela pose de nombreux problèmes aussi bien pour les sociétés gestionnaires que pour les automobilistes.
Premier problème identifié, le manque d’information. Beaucoup d’usagers n’avaient tout simplement pas compris qu’ils étaient sur une autoroute payante. En conséquence, ils ne se sont pas acquittés du paiement qui doit être effectué dans les 72h. Et les majorations ont vite fait de se cumuler pouvant même atteindre 375 euros après 60 jours de non-paiement.
La société concessionnaire ALIAE, qui gère l’A79, aurait même envoyé 600 000 courriers pour sensibiliser ses usagers. Elle doit également gérer près de 180 000 impayés sur un an.
Autre souci, les usurpations de plaques ou les prêts de véhicules. Des automobilistes reçoivent des amendes alors qu’ils n’étaient pas au volant et viennent ainsi grossir le nombre de litiges. D’après AutoPlus, depuis septembre 2023, le service client de l’autoroute A13 (dont les bretelles à Heudebouville sont passées en flux libre en juin 2024) a reçu 170 000 réclamations, principalement liées à ce type d’erreurs.
Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là et des dysfonctionnements techniques aggravent la situation. Certaines plaques d’immatriculation sont mal reconnues, entraînant des tarifications erronées ou des litiges. Les véhicules équipés de coffres de toit ou circulant en convoi posent également problème, avec un taux d’erreur de 2 % qui génère des majorations de paiement pour les conducteurs.
Si le concept de péage en flux libre reste prometteur et il semble évident qu’il va s’étendre progressivement à toutes les autoroutes de France. Mais il est clair qu’une meilleure communication, des ajustements techniques et un accompagnement des usagers seront indispensables pour surmonter ces obstacles. En attendant, vous pouvez toujours appliquer la technique de cet ingénieur pour payer moins cher.