Difficile d’échapper à l’un des sujets phares du moment : l’intelligence artificielle. Pour en profiter, les principaux acteurs du domaine, Microsoft en premier lieu, nous explique qu’il vaut mieux posséder un PC ayant reçu le label PC Copilot+.
Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’IA convainque que son usage au quotidien présente de nombreux atouts. Que ce soit pour rédiger des synthèses de réunion ou effectuer des recherches documentaires, elle se révèle très efficace même si beaucoup de points d’amélioration subsistent.
Microsoft en proposant une intégration très poussée de l’IA dans Windows et ses principaux logiciels (Word, Excel, PowerPoint…) veut rendre sa solution incontournable et vous donner envie de vous abonner à son service Copilot+.
Mais pour en profiter pleinement, posséder un PC portable estampillé Copilot+ serait hautement recommandé. Faut-il suivre ce conseil ?
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C’est quoi un PC portable Copilot+ ?
Un PC Copilot+ doit impérativement posséder sur son clavier la fameuse touche Copilot+. Appuyer sur cette touche vous permet d’accéder à ChatGPT et à ses différentes versions (création d’images, de code informatique, de texte…).
Si vous n’avez pas d’abonnement à la version payante de ChatGPT, vous aurez accès comme tout le monde à la même version gratuite disponible en ligne.
En revanche, si vous possédez un compte payant (20 dollars/mois) vous bénéficierez d’une intégration plus poussée au sein des applications incluses dans la suite 365.
Par exemple, dans le navigateur Edge, cela peut synthétiser une page Internet, dans Outlook vous résumer un mail en quelques secondes et vous proposer des réponses adaptées ou encore dans Paint transformer votre dessin tout moche en une illustration digne d’un graphiste expérimenté.
La fonction Recall fait également partie des nouveautés importantes de Windows associé à de l’IA. Elle a pour objectif de vous aider à retracer vos activités passées sur leur PC. Elle capture régulièrement des instantanés de l’écran, créant ainsi une chronologie consultable des actions effectuées. On pourra ainsi lui demander “Montre-moi le fichier Excel que j’ai ouvert la semaine dernière.” Ou retrouve-moi le document Word avec les chiffres de vente de du mois dernier ?”
Cette fonctionnalité a suscité des craintes quant à la confidentialité et la sécurité des données. Microsoft a répondu en rendant la fonctionnalité optionnelle et en renforçant les mesures de protection, notamment par le chiffrement des données et le stockage local des informations.
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La configuration minimum pour un PC IA
Pour qu’un PC puisse être officiellement considéré comme un PC Copilot+ par Microsoft, il doit au minimum être équipé de Windows 11, disposer de 16 Go de RAM et d’un SSD de 256 Go minimum mais surtout posséder un NPU (unité de traitement neuronal) en complément d’un CPU (processeur « classique ») et d’un GPU (cela peut être une carte graphique dédiée ou juste une puce graphique embarquée avec le processeur).
Le NPU est un processeur qui est là spécifiquement pour prendre en charge les tâches liées à l’intelligence artificielle. Et toujours d’après la définition donnée par Microsoft, il doit délivrer au moins 40 Tops de puissance.
Si cette notion de Tops est une nouveauté pour beaucoup de gens, elle n’est pourtant pas récente et la plupart des cartes graphiques dédiées possèdent des capacités en Tops largement supérieures à ça.
Les processeurs disponibles sur les PC Copilot+
Aujourd’hui 3 choix s’offrent à vous :
• Des PC portables équipés par Intel avec ses processeurs Core Ultra de 2e génération. La 1re génération les Core Ultra lancée en décembre 2023 intégrait déjà un NPU mais avec peu de tops, du moins pas assez pour entrer dans les critères imposés par Microsoft.
Dans cette catégorie, on trouve par exemple, le processeur Core Ultra 7 258V au cœur de l’Asus Zenbook S 14 OLED dont nous avons publié le test en septembre.
• AMD a lui aussi lancé la série des Ryzen AI, une gamme de processeurs que l’on va par exemple retrouver sur l’Asus Zenbook S16 également testé.
• Enfin, on trouve embarqué sur ces PC Copilot+ des processeurs Qualcomm. Jusqu’à présent principalement implanté dans des smartphones, le fondeur a fait une arrivée surprise dans le monde du PC avec des modèles baptisés Snapdragon X Elite comme le Samsung Galaxy Book4 Edge que nous avons testé au mois de juillet dernier.
Est-ce que les PC Copilot+ coûtent beaucoup plus cher ?
Le surcoût d’un PC Copilot+ est estimé à environ 10 à 15% de plus qu’un PC portable qui ne serait pas Copilot+, ce qui revient à ajouter environ 100 à 400 euros de plus sur la facture finale. Dans les faits, il est très compliqué de comparer le surcoût avec les PC portables déjà dans le commerce car les configurations sont toujours différentes d’une machine à l’autre et même d’un vendeur à l’autre.
En utilisant le configurateur de Dell, on a pu se livrer à l’exercice à partir d’un Dell XPS 13. En se contentant de remplacer le processeur Intel de première génération (avec un NPU de 11 Tops seulement) par un processeur de 2 génération, on obtient un prix moins élevé pour la version Copilot+ (115 euros de moins).
Ce qui n’est pas surprenant car le Core Ultra 7 que nous avons sélectionné offre de meilleures performances que le Core Ultra 9 de 2nd génération. Tout cela n’est donc pas intuitif du tout. Donc oui, vous allez devoir payer plus cher mais surtout les comparaisons vont devenir encore plus compliquées !
Il y a quelques mois, les premiers PC Copilot+ démarraient à 999€. Aujourd’hui, Acer par exemple propose son Swift Go 14 AI à 849 euros (que nous avions testé dans sa version non IA). Il est même passé à moins de 800 euros pendant une période de promotion.
Le marché n’en est qu’à ses débuts et, d’après Gfk, il se vendait environ 650 PC portables Copilot+ par semaine en septembre. Ce qui représente une faible part du marché. Mais l’offre ne va cesser de s’étoffer et les prix pourraient baisser un peu.
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L’assurance d’une meilleure autonomie
Parmi les atouts liés à la présence d’un NPU, il y a l’autonomie. Les NPU sont connus pour améliorer l’efficacité énergétique, en particulier dans les appareils mobiles où chaque watt économisé est précieux.
Sur un PC portable les tâches gérées par les NPU sont en grande partie des usages ciblés qui ont un impact limité sur l’expérience de l’utilisateur moyen. Si vous effectuez beaucoup de visioconférences en activant les améliorations d’image et de son, un NPU pourrait vous permettre d’économiser un peu d’autonomie.
Les CPU et les GPU gèrent ces fonctions de manière tout à fait correcte depuis des années, et si les NPU peuvent réduire légèrement la consommation d’énergie, il n’est pas sûr pour la plupart des utilisateurs qu’il s’agisse d’un argument massue.
Pouvoir faire tourner une IA en local
Pour justifier la présence d’un NPU, les constructeurs mettent en avant son utilité lors d’un usage en local, c’est-à-dire sans connexion à Internet. Cela peut effectivement vous aider dans des tâches de retouche de vos photos ou de recherche au sein de vos propres documents.
De même si vous manipulez des données confidentielles, rester en local permet d’éviter que vos données partent dans le cloud et soient partagées à votre insu.
Pour le reste, sans connexion Internet vous risquez d’être rapidement limité.
Un pari sur l’avenir ?
Comme le souligne Nicolas Saint-Aubin, Responsable de la division produits grand-public et Chromebook d’Acer, le temps de renouvellement moyen pour un PC portable est de 6 ans donc mieux vaut anticiper car l’IA promet de se développer largement dans les années à venir.
En effet, ce qui peut apparaitre comme un bénéfice légèrement superflu aujourd’hui pourrait s’avérer très utile demain.
De plus, la partie logicielle est encore en phase d’adaptation et si aujourd’hui on ne sait pas toujours comment se répartit la charge entre le NPU, le CPU et le GPU, il est probable que tout ça gagne en efficacité dans les mois qui viennent.
Et c’est d’autant plus vrai pour les machines ayant opté pour un processeur Qualcomm qui impose l’utilisation d’une nouvelle architecture (ARM vs x86) et qui demande à tous les éditeurs de logiciels de s’adapter.
Adobe annonce d’ailleurs travailler pour que des logiciels comme After Effects, Illustrator ou InDesign puissent fonctionner sur des PC portables Copilot+ équipés de processeurs Qualcomm autrement que par un système d’émulation forcément moins performant.
Est-ce prématuré d’acheter un PC Copilot+ maintenant alors tout est encore en mouvement ? On serait tenté de répondre oui, car n’importe quel PC portable avec un minimum de puissance saura faire tourner Copilot.
Mais comme c’est toujours le cas lorsqu’on parle de nouvelles technologies, à toujours attendre la dernière version parfaitement au point on n’achète jamais. Et rien ne dit que d’ici 1 an ou 2, la présence d’un NPU ne démontre toute son utilité.