Que peut-on attendre d’un ordinateur portable vendu entre 250 et 400 € ? Faut-il absolument se tourner vers des PC portables plus onéreux ? Comme toujours, cela dépend de ce qu’on compte faire ! Illustration avec un Acer Aspire 1 vendu 329 €.
Il y a quelques années, pour contrer la forte montée en puissance des tablettes, les constructeurs avaient fait la promotion de configurations très abordables, appelées à l’époque “Netbook” ou notebook. Asus a été l’un des premiers à proposer une gamme de machines de ce type : les Eee PC.
Le but était de proposer un PC ultraportable, aux performances suffisantes pour utiliser tous les services d’Internet (Web et messageries en particulier), sans plus afin de tirer les prix au maximum vers le bas. Aujourd’hui, si l’appellation est quelque peu oubliée, on trouve toujours, dans les gammes des spécialistes du secteur, des PC portables à tout petit prix, c’est-à-dire vendus entre 250 € et 400 € !
Pour atteindre des prix aussi bas, les constructeurs sont obligés de faire des concessions en termes de composants. Cela entraîne certaines limitations, liées à un équipement d’entrée de gamme et donc peu performant.
Comparatifs et tests des meilleurs PC portables 2020 par marque
Mais ces PC portables procurent-ils satisfaction lorsqu’il s’agit de réaliser des tâches très basiques, qui sont – finalement – réalisées tous les jours par des nombreux utilisateurs ? Par exemple, ces configurations peuvent-elles convenir pour regarder des vidéos sur Netflix, pour consulter ses mails et les réseaux sociaux ou encore pour retoucher des photos ?
Pour en avoir le coeur net, nous avons acheté un Acer Aspire 1, commercialisé à 329 € par Boulanger, afin d’identifier ses faiblesses et de savoir si celles-ci sont réellement pénalisantes au point de justifier l’achat d’une configuration plus onéreuse.
Les PC portables pas chers sont sous Windows 10 S
Il faut savoir que sur ce type de PC portables à très bas prix, ce n’est pas la version standard de Windows 10 Home qui est installée, mais la version Windows 10S. Le principe, à l’instar de ce que fait Google avec Chrome OS, est de ne pas autoriser l’utilisateur à installer n’importe quelle application depuis un site Web, afin (soi disant) d’assurer l’intégrité du système d’exploitation (pas de ralentissement à terme, pas de virus, etc.).
Ainsi, l’application gratuite de retouche d’image Gimp ne peut pas être installée depuis le site Web de son éditeur.
On est donc dans l’obligation de passer par le Microsoft Store, où on trouve effectivement l’application Gimp… mais dans une version payante ! Quelques euros seulement, certes, mais c’est quand même un peu abusé !
L’alternative gratuite revient à utiliser l’application Paint 3D de Windows 10S, qui est… plutôt limitée. On peut réaliser des opérations basiques, mais on est loin de la richesse fonctionnelle de Gimp.
Une autre application de retouche graphique est disponible sur le Microsoft Store. Il s’agit de Corel Paint Shop Pro, en version d’essai gratuite, et rapidement payante… D’ailleurs, nombreuses sont les applications soit disant gratuites, mais seulement pour une durée très limitée la plupart du temps.
En ce qui concerne les jeux, le choix très limité ! On retrouve quelques grands titres, comme Asphalt 9 (comme sur les smartphones), GTA, Forza Horizon 3 ou encore World of Tanks Blitz, ainsi que des petits jeux, comme on en trouve sous Android (Candy Crush Saga par exemple).
Idem pour le navigateur Internet. On a le choix entre Microsoft Edge et c’est tout ! Toujours dans le but de garantir une “navigation sécurisée”. Le souci, c’est que quelques minutes seulement après le premier démarrage du PC portable Acer, alors que nous n’avions ouvert que quelques onglets dans le fameux Edge, nous avons été victimes d’un blocage du navigateur à cause d’un soi disant “virus”. En fait, il suffisait de fermer l’onglet actif et de continuer à surfer…
Mais un utilisateur peu habitué à ce genre de turpitude (faux message d’erreur) peut facilement être décontenancé, ne pas savoir comment réagir et se retrouver bloqué.
Comment passer de Windows 10 S à Windows 10 Home gratuitement ?
La bonne nouvelle, c’est que Microsoft – dans sa grande générosité – propose une procédure, très simple, qui permet de sortir du mode S et de revenir à une version “normale” de Windows 10 Home. La manipulation est gratuite et sans possibilité de retour en arrière.
Il suffit de :
- se rendre dans les paramètres de Windows
- Cliquer sur Mise à jour et sécurité
- Sélectionner l’option Activation
- Cliquer sur Accéder au Store, pour passer à Windows 10 Famille
- Dans le Store, cliquer sur Obtenir
Avec un PC pas cher, oubliez le design
On s’en serait douté, un ordinateur à 250 ou 300 € n’arbore pas le même look sophistiqué et séduisant que les derniers ultraportables commercialisés à quatre ou cinq fois ce prix. En l’occurrence, l’Acer Aspire 1 dispose d’un châssis en plastique, qui ne fait pas vraiment rêver.
Certes, les différentes parties du boîtier sont dotées d’un effet brossé, assez séduisant, mais qui retient malheureusement assez bien les traces de doigts.
D’autre part, l’écran est affublé d’énormes bordures, qui sont totalement à l’opposé des canons de beauté actuels. En effet, aujourd’hui les constructeurs de PC portables (et de smartphones d’ailleurs) cherchent à tout prix (quitte parfois à déplacer la Webcam, comme Huawei sur son MateBook X Pro) à maximiser le taux d’occupation de l’écran en réduisant au maximum les bords de l’écran.
On n’est pas vraiment étonnés non plus de constater l’absence de rétroéclairage sur les touches du clavier ou de lecteur d’empreintes digitales pour protéger l’accès à vos données.
L’écran du PC portable pas cher n’est pas son point fort
L’écran de l’Acer Aspire 1, qui nous a servi lors de ce test, a une diagonale de 14 pouces. Cela constitue le meilleur compromis entre le confort d’affichage et le poids de la machine.
Le souci, c’est qu’à l’instar d’un grand nombre de PC portables à petit prix, la définition d’affichage est limitée à la “simple” HD, soit 1366 x 768 pixels. Et cela peut s’avérer gênant dans certains cas, puisque la surface utile pour afficher les informations de certains sites devient assez limitée, surtout quand les publicités sont nombreuses.
Néanmoins, on a vu apparaître ces derniers mois des configurations équipées d’un écran Full HD sans que leur prix n’explose. Nous ne saurons que trop vous conseiller de privilégier ces modèles.
Pour ce qui est de la qualité d’affichage, comme aurait dit Michel Audiard: ” parlons d’autre chose, on se fâcherait“. En effet, il ne faut vraiment pas être exigeant.
Les mesures que nous avons réalisé à l’aide de notre sonde X-rite i1 Display Pro Plus mettent en évidence des résultats peu glorieux. Ainsi, la luminosité maximale est de 225 cd/m2, avec un taux de contraste moyen de 280:1.
Si cette luminosité est très basse, elle demeure acceptable, car un écran “moyen” obtient entre 250 et 400 cd/m2. En revanche, ce n’est pas le cas du taux de contraste, qui devrait s’approcher de 1000:1 !
D’autre part, le delta E (c’est-à-dire la fidélité des couleurs affichée) est lui aussi nettement trop élevé : 11,7 en moyenne, alors qu’une valeur satisfaisante se serait située aux alentours de 3 !
De plus, les angles de vision, aussi bien horizontaux que verticaux, sont très limités. Il est donc préférable de bien se trouver devant l’écran et de trouver la meilleure inclinaison de l’écran, sous peine d’obtenir une nette dégradation des couleurs et de la luminosité. Ce n’est pas vraiment l’idéal si on doit être plusieurs devant l’écran, par exemple pour regarder une vidéo…
Un PC portable aux performances très (trop) limitées
Le processeur Celeron N4000 qui équipe cet Acer Aspire 1 est un modèle à deux coeurs, cadencés à 1,1 GHz et 2,6 GHz en mode boost. Assisté de 4 Go de mémoire vive, il s’avère suffisant tant qu’on n’essaye pas de faire 50 choses en même temps.
Par exemple, en surfant dans le navigateur (Microsoft Edge, on n’a pas le choix !), tout se passe à peu près bien (avec des temps de réponse assez courts) lorsqu’on ouvre un ou deux onglets. Mais dès qu’on commence à les accumuler, passer de l’un à l’autre peut demander quelques secondes, surtout quand les sites contiennent de nombreuses images, comme Youtube. Les publicités ralentissent elles aussi pas mal l’affichage des pages !
Ainsi, lors de notre test, alors que sept autres onglets étaient ouverts, il est arrivé de ne plus voir le curseur de la souris en surfant sur Youtube, le temps que toutes les vignettes soient rafraîchies. Or, au bout de quelques secondes, on s’impatiente et on essaye de le faire réapparaître en cliquant on ne sait pas trop où et cela déclenche le chargement d’une page de Youtube, avec d’autres vignettes… nouveau temps de chargement… confusion… Bref, la patience est le maître-mot, sous peine de s’énerver assez rapidement.
Idem pour l’accès à Google Drive. Il est fréquemment arrivé de devoir attendre une bonne dizaine de secondes avant qu’une opération se termine. Au point qu’on se demande si il y a eu un plantage. Non ! il faut encore une fois être très patient pour que les documents s’affichent.
D’autre part, nous avons également constaté des micro coupures de son, en écoutant de la musique depuis Spotify alors qu’on parcourait un autre site en parallèle…
Enfin, avec un jeu comme Asphalt 9 Legends, le temps de chargement pour arriver dans le jeu est d’environ 1 minute et 30 secondes… Ensuite, les courses se déroulent de façon assez satisfaisante, avec des animations relativement fluides, du moins compte tenu des faibles performances des composants !
La partie audio du PC portable pas cher est anecdotique
A l’image du reste de l’équipement, les haut-parleurs intégrés sous l’Acer Aspire 1 délivrent un son de très médiocre qualité. Les basses sont quasi inexistantes.
Certes, ils peuvent dépanner pour regarder des vidéos sur YouTube ou Netflix, mais le port du casque audio (en filaire ou en bluetooth) est tout de même fortement recommandé !
Stockage limité, mais facilement extensible
Autre point commun à tous les PC portables d’entrée de gamme : leur capacité de stockage est souvent limitée à 32, 64 Go, voire même 128 Go.
Il faut toutefois être conscient que le système d’exploitation occupe une bonne partie de celle-ci. Par exemple, sur les 128 Go présents dans l’Acer Aspire 1 que nous avons testés, il n’en reste déjà plus que 80 Go au premier allumage de l’ordinateur, car un tiers de l’espace est occupé par Windows !
Toutefois, la limitation de l’espace de stockage interne n’est pas vraiment un souci. En effet, il est toujours possible de connecter une clé USB, un disque dur / SSD externe, voir d’ajouter une carte SD, si on a besoin de plus d’espace. Et il ne faut pas oublier les nombreuses solutions de stockage dans le cloud.
D’autre part, la plupart du temps, le stockage est assuré par un support de type eMMC. Il s’agit en fait des mêmes composants mémoire que l’on trouve dans une clé USB. Et sur ce type de machine, les constructeurs n’intègrent pas de composants très performants. Il faut donc s’attendre à ce que les taux de transferts constatés soient nettement inférieurs, dans certains cas de figure, à ceux observés avec un support de stockage de type SSD, tel qu’on en trouve dans les PC portables un peu plus chers.
Par exemple, le transfert, vers l’unité de stockage eMMC de l’Acer Aspire, d’un fichier de 2 Go d’un stocké sur un disque dur externe et connecté au port USB 3.0 n’a pris que 21 secondes, ce qui est plutôt rapide ! Le problème, c’est que l’opération inverse s’effectue en 1 minute et 52 secondes, ce qui est déjà moins satisfaisant…
Le même transfert réalisé vers le SSD d’un PC de bureau est également réalisé en environ 21 secondes. Toutefois, l’opération inverse (du SSD du PC ver le disque dur externe) ne prend cette fois-ci que 25 secondes !
Une connectivité suffisante
Pour ce qui est de la connectique, les ordinateurs portables d’entrée de gamme sont généralement équipés de plusieurs ports USB, dont un de type USB 3.0, qui offre des performances bien supérieures à celles des ports USB 2.0.
Sur notre Acer Aspire 1, on trouve deux ports USB de type 2.0 et un 3.0. Ce dernier suffit pour brancher une clé ou un disque dur externe afin de transférer des fichiers rapidement. Les deux autres pouvant être utilisés pour relier différents périphériques (imprimante, clavier, souris, etc.).
Tous ces connecteurs USB sont de type A (pas de connecteur de type C). Pour les transferts de données sans fil, le Wi-Fi 5 (ac) est présent. il s’agit de l’avant dernier standard en date, qui offre des débits satisfaisants.
En revanche, le Bluetooth est en version 4.0, qui offrent des débits et une portée inférieurs à ceux du Bluetooth 5.0. Les périphériques récents, compatibles Bluetooth 5, ne devraient pas poser de problème puisque la rétro compatibilité est censée être assurée.
Une sortie vidéo HDMI, qui permet de rediriger l’affichage vers un moniteur ou une télévision, est également présente.
Le reste de la connectique comprend une prise casque / micro et – bon point – un lecteur de cartes mémoire SD.
Le tout est complété par une Webcam qui capture des images en assez basse définition : 640 x 480 pixels seulement. Cela peut être un facteur important si vous communiquez régulièrement via Skype ou toute autre application de visio conférence. Un modèle 720p (1280 x 720 pixels) procurerait une meilleure qualité d’image à vos interlocuteurs !
Une autonomie satisfaisante
L’avantage d’intégrer des composants peu performants réside dans le fait qu’ils sont peu énergivores, ce qui bénéficie à l’autonomie de la configuration.
Et cela se confirme dans les faits. Car après avoir regardé une vidéo de 5 h 50 min sur Youtube (avec la luminosité à 50%), il reste 42% de capacité de batterie. En interpolant cette durée, on peut estimer à environ 10 heures de streaming vidéo au maximum, avant que la batterie ne soit totalement déchargée, ce qui n’est pas mal du tout !