La sonde Juno de la NASA a repéré un minuscule objet capturé pile au-dessus de l’imposante Grande Tache rouge de Jupiter. Que représente ce petit point sur le cliché ? On vous explique.
La sonde Juno de la NASA nous offre une nouvelle perspective de la tempête la plus colossale de notre système solaire, la Grande Tache rouge de Jupiter. Un examen attentif des images révèle la présence d’un minuscule objet céleste en transit.
La lune la plus rouge du système solaire se cache derrière la tempête géante de Jupiter
En zoomant sur l’image, on distingue nettement Amalthée (voir ici en 3D), une lune de Jupiter en train d’orbiter sa gigantesque planète mère. Malgré sa taille modeste, Amalthée détient un titre surprenant : c’est l’objet le plus rouge de notre système solaire. Les scientifiques attribuent sa teinte au soufre provenant d’Io, une lune volcanique voisine de Jupiter.
Ces images inédites ont été capturées en mars dernier lors du 59e passage rapproché de Juno à environ 265 000 kilomètres au-dessus des nuages de Jupiter. Le traitement des données brutes de la caméra pour en améliorer la netteté a été effectué par Gerald Eichstädt, un scientifique citoyen.
En orbite autour de Jupiter depuis plus de sept ans, Juno étudie l’origine et l’évolution de la géante gazeuse. La sonde s’intéresse notamment à son noyau, cartographie son champ magnétique, mesure la teneur en eau et en ammoniac de son atmosphère, observe ses aurores et scrute ses lunes et ses anneaux de poussière.
Juno embarque JunoCam, un instrument conçu pour acquérir des images rapprochées spectaculaires de Jupiter, tout en impliquant le public. L’équipe scientifique permet aux citoyens de traiter les images de la caméra et de participer aux choix des prochaines zones à observer
Après avoir effectué 35 orbites, la sonde a étendu son champ d’étude à l’ensemble du système jovien, incluant ses anneaux et ses lunes. Cette mission prolongée se poursuivra pendant un an encore, ou jusqu’à la fin de vie opérationnelle de la sonde. Juno finira par brûler dans l’atmosphère de Jupiter à mesure que sa trajectoire s’érodera. Heureusement, la sonde ne risque pas de s’écraser et de contaminer les lunes de Jupiter, dont certaines pourraient abriter la vie.
Découverte en 1892 par Edward Emerson Barnard, Amalthée est l’une des 95 lunes officielles de Jupiter. D’une centaine de kilomètres de large, elle possède une forme irrégulière rappelant celle d’une pomme de terre, car sa masse est insuffisante pour former une sphère plus symétrique. Il y a près de 25 ans, la sonde Galileo de la NASA nous offrait un aperçu rapproché de cette petite lune, révélant un monde chaotique de cratères, de collines et de vallées.
Située plus près de Jupiter qu’Io, la plus proche des quatre grandes lunes, Amalthée côtoie trois autres mini-lunes aux formes singulières : Métis, Adrastée et Thèbe. Sa proximité avec Jupiter est telle qu’elle n’a besoin que d’une demi-journée terrestre pour boucler son orbite.
Amalthée reste un objet énigmatique dans notre système solaire. Les scientifiques ont découvert qu’elle dégage plus de chaleur qu’elle n’en reçoit du Soleil. Ce phénomène pourrait être lié au champ magnétique de Jupiter stimulant des courants électriques à l’intérieur du corps céleste, ou encore aux contraintes de marée provoquées par la gravité de la planète géante.