Une future législation du Parlement européen veut mettre un terme aux pratiques déloyales des grandes plateformes numériques.
Le Parlement européen vient d’adopter hier un projet de loi concernant les géants du numérique, qui vise notamment Apple, Google et Facebook. Celle-ci exige que leurs applications de messagerie respectives puissent communiquer les unes avec les autres. Si la plupart des entreprises concernées sont américaines, les chances que ce projet de loi soit voté en décembre sont bonnes.
L’Union européenne veut qu’on puisse se retrouver et communiquer librement entre messageries instantanées
Facebook Messenger, Instagram et WhatsApp, qui ne seront pas totalement cryptés avant 2023, mais aussi Apple Messages, Google Chat, Microsoft Teams et Skype, entre autres… Aujourd’hui, chaque service de messagerie instantanée a sa propre façon de gérer les échanges entre les utilisateurs. Ils sont rarement compatibles, sauf en passant par de fastidieux imports-exports de fiches contact. Pour les utilisateurs, il est donc compliqué de retrouver ou de joindre ceux qui utilisent une autre plateforme ou service.
Le Parlement européen vient donc d’adopter un projet de loi sur les marchés numériques (Digital Market Act, ou DMA. L’Union européenne pourrait ainsi obliger ces géants du web à proposer un système commun, afin de permettre à leurs millions d’utilisateurs de se retrouver et de communiquer sans entraves. Cette loi, qui sera votée en décembre, serait obligatoire pour les entreprises comptant plus de 45 millions d’utilisateurs mensuels et dont le chiffre d’affaires annuel atteint 8 milliards d’euros durant trois années consécutives. Ce qui inclut Facebook, Apple, Google et Microsoft.
Il est en effet plus avantageux pour les géants du numérique de conserver ses utilisateurs dans un environnement clos. Le modèle actuel sur lesquels se basent les réseaux sociaux et les messageries instantanées font en sorte que leurs utilisateurs restent sur le même service plutôt que de passer d’un service à l’autre. Pour Facebook, Google, Apple et les autres, il est assurément plus facile de conserver un utilisateur que d’en recruter un nouveau. La transition cette année de Google Hangouts vers la nouvelle version Google Chat a d’ailleurs agacé beaucoup d’utilisateurs, dont certains se sont déportés vers les autres plateformes.
Des sanctions pouvant atteindre 20 % du chiffre d’affaires annuel de Facebook, Google et Apple
Une solution multiplateforme, si elle est imposée en Europe par le Parlement européen, viendrait briser ce modèle en proposant une solution de messagerie « universelle », bénéfique pour les utilisateurs. Sous quelle forme se présenterait ce système ? Si la loi est adoptée en Europe, les géants du numérique seraient contraints de respecter cette nouvelle règle et proposer, par exemple, une sorte « d’annuaire universel » pour permettre de retrouver ses correspondants sur toutes les messageries instantanées.
Le projet de loi européen DMA compte également un volet destiné à limiter les « acquisitions meurtrières », c’est-à-dire le rachat de start-ups prometteuses par les grosses entreprises numériques, qui permet à ces dernières de se débarrasser de concurrents potentiels. Le recours à des données personnelles pour proposer des publicités ciblées, voire « micro-ciblées », sera également restreint et contrôlé.
Si elle est votée, cette loi n’entrerait pas en vigueur avant 2022, voire 2023. Les entreprises qui ne s’y conformeront pas dans les pays de l’UE pourraient subir des sanctions atteignant 20 % de leur chiffre d’affaires annuel. De plus, les lanceurs d’alerte qui alerteront les autorités sur les manquements des géants d’Internet bénéficieront enfin de « dispositions adéquates », notamment pour les protéger d’éventuelles représailles. Ce n’est donc pas une loi européenne que les géants du numérique sont en mesure d’ignorer.
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Source : Parlement européen