Depuis l’éclatement du scandale Clearview en 2020, l’entreprise d’intelligence artificielle n’a jamais cessé ses activités aux Etats-Unis. La semaine dernière, son PDG admettait que les photos dans sa base données avaient été obtenues parfaitement illégalement.
Bientôt, l’IA pourra prédire les crimes pour permettre aux forces de l’ordre les prévenir. Nous ne sommes pas encore dans Minority Report, mais l’IA Clearview sert déjà à la police aux Etats-Unis. En effet, grâce à sa base de donnée gigantesque, sa reconnaissance faciale révèlera votre nom et votre adresse à n’importe qui. Depuis la fondation de l’entreprise en 2017, elle sert régulièrement aux forces de l’ordre pour identifier des suspects grâce à ses photos. Seulement, l’IA a obtenu toutes ces photos de manière parfaitement illégale.
En effet, Hoan Ton-That, le PDG de Clearview a admis à la BBC la semaine dernière que l’IA a récupéré 30 milliards de photos de profil Facebook, ainsi que d’autres réseaux sociaux sans la permission ni des utilisateurs, ni des réseaux sociaux concernés. Même les personnes qui n’ont rien fait de répréhensible sont dans le fichier de l’entreprise, qui couvre probablement toute personne aux Etats-Unis dès lors qu’elle est inscrite sur Facebook. Les militants américains des droits et des libertés dénoncent “un affront total aux droits des citoyens, un point c’est tout. La police ne devrait pas être en mesure d’utiliser cet outil“.
À lire : Un voleur d’AirPods se fait trahir par le réseau Localiser, la police remonte sa trace
La police aurait ainsi consulté Clearview près d’un million de fois depuis sa création selon son PDG. Comment celui-ci a obtenu ce chiffre, il ne le dit pas alors que la relations entre les forces de l’ordre et Clearview restent obscures. C’est de toutes façons trop, puisque des affaires ont récemment émergé aux Etats-Unis où la police arrête sans justification des personnes mal identifiées par la reconnaissance faciale de Clearview. Sur son site web, l’entreprise présente son IA comme un outil permettant de “rendre justice aux victimes“.
Facebook proteste face aux pillages de Clearview
Facebook est la première entreprise à profiter de la vente des données de ses utilisateurs. C’est normal, le réseau social est gratuit. Qu’une autre entreprise vienne purement et simplement lui voler ses données durement acquises l’a évidemment fait sortir de ses gonds.
Facebook a ainsi envoyé des lettres de menaces de poursuites judiciaires à Clearview en 2020 pour avoir violé la vie privée de ses utilisateurs. Si Clearview continuait de voler les informations, l’entreprise de Mark Zuckerberg aurait alors déployé son armée d’avocats. Un porte-parole de Meta revient sur cet épisode dans les pages d’Insider : “Les actions de Clearview AI portent atteinte à la vie privée des gens, c’est pourquoi nous avons banni leur fondateur de nos services et leur avons envoyé une demande légale pour qu’ils cessent d’accéder à toutes les données, photos ou vidéos de nos services.”
À lire : Son iPhone 14 le dénonce à la police pour conduite en état d’ivresse
Depuis, Facebook aurait “fait des investissements significatifs dans sa technologie” et consacre “des ressources d’équipe substantielles à la lutte contre la récupération de données non autorisé sur les produits Facebook.” Quand elle est détectée, Meta envoie tout de suite des menaces judiciaires, désactive les comptes responsables ou encore demande la coopération des fournisseurs d’accès internet pour protéger les données de ses utilisateurs.
La France, en partie protégée de l’IA Clearview par le RGPD
En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) veille au grain. L’autorité française chargée de la protection de la vie privée des Français a infligé une amende de 20 millions d’euros à Clearview. Après l’avoir mis en demeure de cesser ses activités sur le sol français, Clearview n’avait pas répondu à la CNIL. Celle-ci a alors sorti les gros flingues en infligeant le montant maximal possible pour le non-respect du règlement européen sur la protection des données (RGPD). De plus, la CNIL a encore une fois « enjoint à la société Clearview AI de cesser de collecter et d’utiliser, sans base légale, les données des personnes se trouvant en France et de supprimer celles déjà collectées ».
À lire : À San Francisco, la police peut éliminer les suspects dangereux avec des robots
De même, en Europe c’est aussi la Grèce, l’Italie et le Royaume-Uni qui ont infligé des amendes à l’entreprise américaine. Le RGPD semble ainsi être un bouclier efficace face aux dérives des IA. Logiquement, les forces de l’ordre ne sont pas autorisées à utiliser cet outil, c’est un marché qui n’a donc pas d’intérêt pour Clearview pour l’instant.
Source : Insider