Après des années de résistance, le Japon a enfin tourné le page sur les disquettes. Le ministre du numérique, Taro Kono, a réussi à supprimer 1034 réglementations gouvernementales qui imposaient leur utilisation. Cette décision marque la fin d’une ère et symbolise la volonté du Japon de moderniser son administration.
Taro Kono, ministre japonais du numérique, a sonné le glas d’une époque révolue en annonçant fièrement la fin d’un calvaire technologique : les disquettes. En effet, fin juin 2024, il a réussi à supprimer 1 034 réglementations gouvernementales qui imposaient leur utilisation.
Pour les plus jeunes générations, habituées aux clés USB et au stockage en ligne, l’idée que le Japon, quatrième économie mondiale, s’appuyait encore sur ces reliques technologiques dans plus de 1 000 situations paraît invraisemblable. Pourtant, c’était bel et bien la réalité jusqu’à il y a peu.
Un combat de longue haleine
Cette décision marque l’aboutissement d’un long combat pour Kono et le Japon. En 2022, le ministre avait déclaré la guerre aux disquettes, déterminé à moderniser l’administration japonaise. Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre les technologies obsolètes, comme les fax, qui freinent l’efficacité des services publics.
Si le Japon est connu pour ses innovations technologiques, il est également réputé pour sa bureaucratie archaïque. L’abandon des disquettes en est une illustration flagrante. Ayant moi-même été en poste au Japon fût un temps pas si lointain, il m’est arrivé de remplir un document avant de l’envoyer par fax à un employeur. Un processus fastidieux et inefficace, symbole d’un système administratif en retard sur son temps.
Mais la pandémie a joué un rôle crucial dans la prise de conscience des inefficacités du système japonais. Confrontée aux défis du télétravail et des restrictions sanitaires, l’administration a été contrainte d’adopter des solutions numériques. C’est dans ce contexte que l’Agence du numérique a été créée, avec pour mission de moderniser les processus administratifs.
Si l’abandon des disquettes est une étape importante, le combat pour la modernisation de l’administration japonaise est loin d’être terminé. Le nombre de processus bureaucratiques non numériques est encore ahurissant explique Reuters, et Taro Kono a du pain sur la planche.
Le Japon n’est d’ailleurs pas le seul pays à avoir mis fin récemment à son utilisation des disquettes. En 2014, il a été révélé que des disquettes 8 pouces étaient encore utilisées pour le stockage dans les silos nucléaires de l’armée de l’air américaine. Même constat dans cette ville où 3 disquettes font tourner le métro depuis 26 ans.