L’idée d’une taxation basée sur la distance parcourue pour compenser la baisse des recettes fiscales liée à la montée des voitures électriques fait son chemin en France. Taxes élevées, intrusion dans la vie privée… Des programmes pilotes sont lancés aux États-Unis.
Dans un monde où les voitures électriques gagnent très rapidement en popularité, les gouvernements se retrouvent confrontés à un dilemme fiscal. La baisse des recettes fiscales sur les carburants, notamment en raison de l’essor des véhicules électriques — notamment des Tesla — les oblige à réfléchir à de nouvelles mesures.
Aux États-Unis, les législateurs s’interrogent sérieusement sur l’introduction d’une taxation basée sur la distance parcourue, tandis qu’en France, une réflexion similaire est en cours.
Routes en détresse, voitures électriques en essor : la solution radicale de la taxation au kilomètre
Grâce aux avancées technologiques des moteurs, les conducteurs américains auraient parcouru près de 120 kilomètres de plus par plein entre 1993 et 2020, selon un groupe de réflexion spécialisé dans les politiques fiscales et publiques. De plus, selon le ministère du Travail, la part des voitures électriques dans les ventes de véhicules serait passée de 0,1 % à 4,6 % en seulement dix ans.
Comme le souligne un politicien américain, rapporté par franceinfo, les routes ne sont pas magiquement réparées pendant la nuit. Elles nécessitent des fonds, qui proviennent en grande partie des taxes sur l’essence.
En Californie, où les voitures électriques représentaient près de 20 % du marché l’année dernière, l’État s’est fixé pour objectif de ne vendre que des véhicules sans émission d’ici 2025. Cette transition entraîne toutefois une énorme perte de revenus pour le financement des travaux routiers.
Là-bas, 80 % des fonds alloués à la réparation des routes proviennent de la taxe sur l’essence. C’est ainsi que naît la réflexion sur de nouvelles sources de revenus, dont la taxe sur les kilomètres parcourus, communément appelée Vehicule Miles Traveled (VMT).
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Les conservateurs s’opposent à la taxation au kilomètre, craignant une charge financière supplémentaire et une atteinte à la vie privée
Cette idée se heurte à une forte opposition : d’un côté, les conservateurs estiment que l’État californien impose déjà les taxes sur l’essence et les véhicules les plus élevées du pays. Ils estiment que le conducteur moyen devrait payer entre 600 et 800 dollars supplémentaires par an pour rouler sur des autoroutes qui ne sont pas nécessairement bien entretenues.
Par ailleurs, la question de l’intrusion du gouvernement dans la vie privée des citoyens se pose, car la mise en place d’une telle taxe nécessiterait un dispositif de suivi installé sur chaque voiture afin de mesurer précisément la distance parcourue.
L’Oregon, pionnier dans ce domaine, a déjà lancé un programme pilote en 2015. Les volontaires paient un peu plus d’un centime par kilomètre parcouru et reçoivent en échange un crédit sur la taxe sur l’essence, afin de ne pas payer deux fois pour l’utilisation de leur véhicule. D’autres États, tels que l’Utah, la Virginie et Hawaï, ont suivi cette voie, bien que pour l’instant aucune méthode n’ait été totalement convaincante.
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Il est cependant nécessaire de trouver des sources de financement alternatives à la pompe. Par exemple, au Colorado, une taxe sur les véhicules de livraison a été mise en place. Au niveau fédéral, les États-Unis se posent également les mêmes questions.
Pete Buttigieg, ministre des Transports, avait même évoqué cette idée lorsqu’il était candidat aux primaires démocrates. Dans le cadre du plan sur les infrastructures de Joe Biden, le gouvernement fédéral a débloqué 125 millions de dollars pour la création d’un programme-pilote à l’échelle nationale.
Les États-Unis et la France, parmi d’autres pays, se trouvent à un carrefour décisif, où ils doivent trouver des solutions adaptées pour financer l’entretien des routes et assurer un avenir durable pour les transports. La taxation à la distance parcourue émerge comme l’une des pistes explorées, mais son adoption reste controversée. Il ne fait aucun doute qu’elle nécessitera une approche équilibrée.
Source : franceinfo