À en croire l’article publié par The Verge, les modérateurs de Facebook travaillent dans des conditions on ne peut plus délétères. Non contents de devoir appliquer une politique en constante mutation, ces sous-traitants (pour la plupart) vivent avec une peur constante d’être licenciés s’ils ne remplissent pas leurs objectifs (98 % d’exactitude, par exemple). Trois d’entre eux ont accepté de parler, sous couvert d’anonymat, de ce travail qui tous les jours les ronge un peu plus mentalement et physiquement.
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Le nombre de modérateurs de Facebook dans le monde s’élève à près de 15 000, la majorité d’entre eux étant des sous-traitants. De ce fait, la « maison mère » semble ne se soucier ni de leur confort ni de leur santé. Les témoignages (quel que soit le centre de traitement) concordent : les bureaux sont dans un état répugnant, l’ambiance est à la déprime, et pour couronner le tout, les employés n’obtiennent aucune reconnaissance pour leurs efforts. Lorsque Keith Utley, un modérateur, est mort à son poste de travail, la compagnie n’a même pas daigné annoncer son décès à ses collègues ou même organiser une petite cérémonie en sa faveur. De peur sans doute de démotiver encore plus le plateau de travail…
Selon l’article, il faut en effet avoir des nerfs d’acier pour être modérateur chez Facebook. Ces employés sont faiblement rémunérés et sont soumis à un flux constant d’images dérangeantes et de propos haineux. Comme l’entreprise se montre peu regardante sur leur profil psychologique, il n’est pas étonnant que nombre d’entre eux souffrent de troubles de stress post-traumatique ou commencent même à adhérer aux théories complotistes qu’ils sont censés éradiquer. L’environnement de travail semble lui aussi déplorable. L’article fait état des divers fluides corporels que l’on peut retrouver sur les bureaux, sols et murs de ces établissements ou encore d’une véritable infestation de punaises de lit. La consommation de marijuana à l’intérieur même des bureaux serait devenue monnaie courante, et les managers ne traitent même plus les nombreux cas de harcèlement entre collègues. La situation est si catastrophique que certains modérateurs craignent soit d’être tués un jour par un ancien collègue (et du coup amènent une arme sur leur lieu de travail), soit de tomber malades à cause du stress.
La situation risque-t-elle de changer pour ses travailleurs de l’ombre ? Malgré une bonne volonté de façade, la direction de Cognizant, l’entreprise qui sous-traite ses services à Facebook, ne semble pas bouger le petit doigt. Elle ne souhaite surtout pas perdre un contrat qui lui rapporte 100 millions $ par an. Comme le dit l’un des employés : « nous ne sommes que des corps assis dans des fauteuils, nous ne sommes rien pour eux, rien du tout ».
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