C’est une question qui empêche certains scientifiques de dormir. La vie complexe sur Terre est-elle miraculeuse ? Pourrait-il y avoir quelque part d’autres formes de vie intelligente ? Se pourrait-il que nous soyons vraiment seuls dans l’immensité de l’Univers ? Le professeur Toby Tyrrell, spécialiste du système terrestre à l’université de Southampton, nous a récemment partagé ses réflexions à ce sujet, issues d’une expérience poussée.
L’habitabilité de la Terre : une chance immense, et durable
Le professeur Tyrrell a tenté de formuler une estimation de la probabilité pour une planète de conserver un environnement favorable au développement de la vie intelligente telle que nous la connaissons. Il explique que la Terre est restée habitable continuellement pour notre forme de vie pendant plus de 3 milliards d’années. Ainsi, il a tenté de calculer les probabilités pour qu’une autre planète ait pu conserver des conditions similaires, pendant une durée équivalente.
Selon ses estimations, nous avons été très, très chanceux. En effet, l’état d’une exoplanète peut changer radicalement au cours du temps. Cela peut être dû à des évènements internes ou externes, en fonction de la position dans le système solaire, ou même à des évènements prenant place à l’extérieur de celui-ci. Par exemple, il a été établi récemment que Jupiter aurait presque pu devenir une étoile, transformant notre système solaire en système binaire, et annihilant toute chance de vie sur Terre.
D’autre part, la Terre a été épargnée d’évènements cosmiques tels qu’une collision avec un astéroïde, les rayonnements gamma, et a été protégée des vents solaires par la Lune. « Un climat continuellement stable et habitable sur Terre est relativement étonnant. Nos voisins, Mars et Vénus, n’ont pas de températures favorables à la vie, même si Mars en avait autrefois. La Terre a non seulement une température habitable actuellement, mais elle l’a maintenue continuellement pendant 3 à 4 milliards d’années. Une période de temps géologique incroyable. » explique Toby Tyrrell.
Terre : existe-t-il d’autres planètes ayant gardé des conditions favorables à la vie pendant aussi longtemps ?
Pour faire ce test, le professeur a utilisé le calculateur de l’université de Southampton. Grâce à la découverte récente de milliers d’exoplanètes, la communauté scientifique dispose de données réelles sur les différents types d’environnements possibles. Il a tenté de reproduire l’évolution des conditions de 100 000 planètes, pendant 3 milliards d’années, et partant de conditions initiales données et en appliquant des évènements aléatoires. Il a ensuite simulé cette durée d’évolution 100 fois sur chacune des 100 000 exoplanètes. Si une planète devient inhabitable sur la durée de l’expérience, la vie (hypothétique) disparaitrait sur celle-ci.
En résumé, l’expérience montre que le facteur chance est énorme. Une seule planète est restée habitable 100 fois sur 100, sur les 100 000 testées. Celle-ci a développé des mécanismes de stabilisation des conditions à sa surface, qui lui ont permis de maintenir des conditions favorables, peu importe les changements climatiques. Pour le reste, la plupart des planètes ayant maintenu des conditions habitables l’ont fait moins de 10 fois sur 100. Le facteur chance est donc énorme, mais insuffisant. L’expérience montre que les planètes ayant des conditions initiales créées afin de ne pas réguler le climat n’ont jamais passé le test.
La vie pourrait-elle apparaître ailleurs ? Une question qui ne trouvera peut-être jamais de réponse
Ainsi, le professeur Tyrrell en conclut que la Terre possède les conditions initiales nécessaires, afin de réguler le climat et de protéger son écosystème. Mais aussi et surtout, que l’humanité doit son existence et sa survie en grande partie à la chance. Une chance énorme, qui serait rare à l’échelle cosmique. De plus, rien ne dit qu’une planète réunissant des conditions similaires à la Terre pendant suffisamment longtemps verrait la vie apparaître à sa surface.
Il est très difficile d’estimer si oui ou non la vie pourrait apparaître ailleurs, puisque nous ne connaissons qu’un seul cas d’apparition de vie complexe, le nôtre. Nous n’avons pas de visibilité sur les potentiels autres cas d’apparitions et leurs paramètres, qui pourraient être radicalement différents. Les scientifiques ne peuvent donc utiliser que les paramètres du seul cas d’apparition de la vie que nous connaissons. Mais pourquoi ne pas rêver ? Il y a au moins 200 milliards de planètes dans notre galaxie, et 2 000 milliards de galaxies dans l’Univers observable. Au delà, on ne sait pas, mais on imagine une immensité inimaginable, au-delà de toute mesure. Peut-être la vie intelligente est-elle apparue ailleurs ? Si c’est le cas, nous ne le saurons peut-être jamais.
Source : Popsci.com