Les données de Voyager 2 révèlent la présence d’un plasmoïde géant dans la magnétosphère d’Uranus 35 ans après son survol. Un examen plus détaillé des mesures a en effet permis d’identifier une structure d’hydrogène ionisé estimée à 204 000 km de long et 400 000 km de large.
Près de 35 ans après son passage près d’Uranus, la sonde Voyager 2 n’a toujours pas livré tous ses secrets. Les données recueillies à l’occasion du survol de la septième planète du système solaire viennent de faire l’objet d’une nouvelle étude. Elle révèle que la sonde a traversé un plasmoïde dans la magnétosphère de la planète géante de glaces. La soupe d’ions et d’électrons qui constituent la bulle de plasma chargée pourrait être à l’origine de l’évaporation de l’atmosphère de la planète, et soulève de nouvelles questions à propos de son champ magnétique unique.
Gina DiBraccio et Dan Gershman, astrophysiciens au Goddard Space Flight Center de la NASA, travaillent sur l’élaboration d’une nouvelle mission d’exploration des géantes glacées Uranus et Neptune, notamment pour étudier leurs champs magnétiques. Pour la préparer, les chercheurs se sont tournés vers les données de la sonde Voyager 2, le seul engin à s’être approché aussi près des deux planètes. Une analyse plus détaillée qu’à l’époque leur a permis d’identifier la présence d’un plasmoïde dans la magnétosphère d’Uranus. Malgré des données parcellaires, leur comparaison avec celles de Jupiter, Saturne et Mercure a permis d’évaluer sa taille et sa composition. La structure cylindrique est estimée à 204 000 km de long et 400 000 km de large, et se compose essentiellement d’hydrogène ionisé.
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Le plasmoïde d’Uranus serait responsable de la perte de 15 à 55 % de sa masse atmosphérique
Toutes les planètes du système solaire sont victimes d’un phénomène d’évaporation de leur atmosphère dans l’espace. Et c’est justement cette atmosphère qui définit en grande partie l’avenir d’une planète. Il suffit de se tourner vers Mars pour en être convaincu. Gina Dibraccio, physicienne spatiale au Goddard Space Flight Center de la NASA, nous rappelle qu’il y a 3,7 milliards d’années, la planète rouge était recouverte d’une atmosphère épaisse, et abritait de l’eau liquide en abondance avant de devenir un désert glacé.
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Le champ magnétique et les plasmoïdes d’une planète peuvent être à l’origine de fuites d’atmosphère vers l’espace. De facto ils constituent un domaine d’étude majeur pour comprendre les mécanismes qui façonnent une planète. Il l’est d’autant plus dans le cas d’Uranus qui dispose d’un champ magnétique atypique. La planète tourne sur un axe pratiquement parallèle au plan du système solaire, et il forme un angle de 60 ° avec celui de son champ magnétique.
À partir des données de Voyager 2, DiBraccio et Gershman ont pu déterminer que le champ magnétique à l’intérieur du plasmoïde forme des boucles fermées. Généralement, ce type de structure est provoqué par une planète en rotation qui laisse s’échapper une partie de son atmosphère dans l’espace. Les chercheurs estiment qu’elle serait à l’origine de la perte de 15 à 55 % de la masse atmosphérique d’Uranus. Une valeur bien supérieure à celle de Jupiter ou de Saturne qui reste encore à expliquer en détail avec des mesures plus précises, et une observation plus longue qu’il y a 35 ans.
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Source : NASA