Des scientifiques ont réussi à faire pousser des plantes dans du sol lunaire, une grande première

Il y a 50 ans, Apollo 11 ramenait sur Terre quelques échantillons de sol lunaire. Les scientifiques de la NASA ont annoncé qu’ils avaient maintenu la mission en vie d’une manière nouvelle : un géologue et des horticulteurs de l’Université de Floride (UF) ont réussi à cultiver des plantes dans du régolithe. Les résultats pourraient avoir un impact sur le retour de la NASA sur la lune en 2024.

Des plantes cultivées dans un simulant lunaire à gauche et d'autres dans le sol lunaire, à droite. Crédit : UF, IFAS, Tyler Jones.
Des plantes cultivées dans un simulant lunaire à gauche et d’autres dans le sol lunaire, à droite. Crédit : UF, IFAS, Tyler Jones.

Plus d’une cinquantaine d’années après l’alunissage d’Apollo 11 sur la surface rocheuse de la lune, des scientifiques ont annoncé qu’ils avaient réussi à cultiver des plantes plantées au sein du régolithe, ou sol lunaire, récolté lors des premiers atterrissages d’Apollo. L’équipe a publié ses découvertes aujourd’hui dans la revue Communications Biology.

Les plantes cultivées dans le régolithe ont montré une croissance rabougrie, des racines plus courtes et une pigmentation certaine, mais cela pourrait bien être la clé d’une agriculture lunaire future. Une étape essentielle pour des vols spatiaux plus longs — et peut-être même l’envoi de colonies hors de la Terre.

Une prouesse scientifique et technologique

Le régolithe, dont nous disposons en quantité très limitée sur Terre, est soigneusement stocké au Johnson Space Center de la NASA, où il est conservé dans de l’azote pour éviter l’oxydation et la contamination. Les scientifiques du monde entier peuvent recevoir des échantillons en prêt, mais la biologiste spatiale de la NASA, Sharmila Bhattacharya, affirme que la substance est considérée comme un matériau très précieux.

Particulièrement différent du sol terrestre — en partie parce qu’il est bombardé par des vents solaires radioactifs — le régolithe est loin d’être simple à être utilisé pour y faire pousser des plantes. En plus d’un arrosage régulier, les plantes doivent être cultivées dans le milieu de Murashige et Skoog, qui contient tous les nutriments dont une plante a besoin pour croître, mais aussi d’autres (tels que l’ion iodure).

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La NASA, qui a aidé à financer la recherche, a fourni à l’équipe 12 grammes de régolithe en 2021. Ces « cuillères à café » de sol lunaire ont été divisées en puits en plastique de la taille d’un dé à coudre, généralement utilisés pour la recherche cellulaire. Après avoir planté les graines, les scientifiques ont déplacé les plaques au sein de terrariums, dans une salle de croissance étroitement contrôlée. Au départ, les chercheurs de l’UF ne savaient pas si des graines germeraient, car l’expérience était la première du genre. Mais en seulement 60 heures après avoir été plantées, chaque graine du régolithe a germé et a produit de minuscules pousses.

Dans le détail, c’est la plante Arabidopsis qui a été utilisée. Il s’agit d’un organisme « modèle », très couramment utilisé pour la recherche à la surface de la Terre, ainsi que dans l’espace, au sein de l’ISS. La séquence génétique entière de l’espèce est beaucoup plus petite que celle d’autres plantes, en plus d’être bien cartographiée, ce qui en fait une référence pour les études comparatives.

Source : nature