Depuis quelques mois, une nouvelle plateforme de streaming entend bien faire de l’ombre à Twitch. Au vu de sa politique de rémunération agressive, Kick séduit de plus en plus de gros streamers et leurs publics. Toutefois, de récentes polémiques amènent à s’interroger sur la longévité de la plateforme.
- ❓ Pourquoi la plateforme Kick fait autant parler d’elle ?
- 🕹️ Kick, c’est quoi au juste ?
- 🥇 Kick a-t-il le potentiel pour renverser Twitch ?
- 🔎 Quelles sont les polémiques qui entourent la plateforme Kick ?
- 📺 Pourquoi beaucoup de streamers tournent le dos à Twitch pour diffuser sur Kick ?
- L’offensive de Twitch en réponse à la politique agressive de Kick
Depuis le mois de mai, une nouvelle plateforme de lives dédiée aux jeux vidéo, ne passe pas inaperçue. Baptisée Kick, cette dernière se pose en concurrente directe de Twitch en promettant davantage de liberté aux streamers, ainsi qu’une rémunération plus conséquente. Cependant, tout ne semble pas aussi rose qu’elle veut bien nous le faire croire. Alors qu’elle est en pleine émergence, la plateforme suscite déjà de nombreuses polémiques.
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❓ Pourquoi la plateforme Kick fait autant parler d’elle ?
Si la popularité de Kick a grimpé si rapidement, c’est principalement grâce aux streamers professionnels qui ont fait part de leur opinion à leur communauté sur les réseaux sociaux. Ces derniers ont venté les mérites de la plateforme de streaming, en comparant les avantages qu’elle offre par rapport à Twitch. Des streamers populaires tels que Ninja ou ChowH1 qui réunissent des centaines de milliers de followers sur Twitch ont déclarer avoir franchi le pas ; créant par la même occasion un effet boule de neige, en embarquant avec eux une grande partie de leurs communautés.
Récemment, la streameuse américaine Amouranth, qui cumule près de 4 millions de followers sur Twitch, a quitté la plateforme pour rejoindre Kick. Le streamer Amaru, qui a été la cible de nombreuses polémiques après avoir été accusé de rapports sexuels sur mineure, a également rejoint la plateforme après avoir quitté Twitch.
Il faut dire que la plateforme de lives dispose de plusieurs arguments pour convaincre les streamers de l’adopter. Premièrement, Kick offre une liberté de diffusion accrue par rapport à Twitch. En effet, il est possible de diffuser une grande diversité de contenus : sessions de jeu, émissions de TV, animation 3D, jeux d’argent en ligne, ou encore production musicale. La plateforme se présente comme un nouvel Eldorado pour les artistes qui ont l’opportunité de se faire connaître et de partager leur processus de création.
Par ailleurs, la rémunération est un autre point qui fait pencher la balance en faveur de Kick. en effet, la plateforme offre un système de rémunération bien plus avantageux que celui proposé par Twitch. Même les streamers les plus populaires de la plateforme leader ne peuvent pas espérer gagner autant.
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🕹️ Kick, c’est quoi au juste ?
Lancée depuis décembre 2022, Kick est une plateforme de streaming, qui reprend les codes de Twitch et de YouTube Gaming. Toute personne disposant d’un ordinateur et d’un logiciel de streaming peut se filmer en live et partager son contenu avec les internautes. Ces derniers sont libres d’interagir entre eux et avec le streamer sur le chat de la chaîne. Les créateurs sont par ailleurs libres de diffuser leurs contenus sur d’autres plateformes concurrentes s’ils le souhaitent. Bien que Kick soit principalement destiné à la diffusion en direct de parties de jeux vidéo, d’autres niches sont également présentes : créatif, musique, jeux d’argent, alternatif, IRL.
Pour le moment, la plateforme qui a seulement quelques mois d’existence, compte pas moins de 5 millions d’utilisateurs. Mais le plus impressionnant reste certainement sa croissance exponentielle. En effet, comme le relaye un tweet de Dexerto.fr, les heures de visionnage sur Kick auraient augmenté de plus de 400 % entre les mois de janvier et mai 2023.
Kick, une plateforme qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Twitch
La plateforme affiche de nombreux points communs avec son concurrent direct Twitch. De la page d’accueil, à la disposition des éléments, en passant par le design de l’interface, on comprend rapidement d’où vient l’inspiration. Afin de se distinguer de son rival, Kick adopte des coloris noir et vert, à la place du blanc et du violet de Twitch. On vous laisse comparer par vous même les similitudes entre les deux plateformes :
Les streamers peuvent par ailleurs proposer à leur communauté des émojis personnalisés, comme sur Twitch. Certaines de ces « emotes » sont à ce propos exclusivement réservées aux abonnés qui soutiennent le créateur de la chaîne.
Un modèle économique qui a déjà fait ses preuves ailleurs
À l’instar de ses concurrents, Kick propose un système d’abonnements payants pour se rentabiliser. Les internautes s’abonnent aux chaînes de leurs streamers préférés, et Kick récupère une commission. Un abonnement coûte 4,99 dollars par mois. Afin de récompenser leurs abonnés, les streamers peuvent offrir plusieurs avantages, tels que des emotes ou des badges. Ils peuvent également s’ils le souhaitent proposer d’autres récompenses pour fidéliser leur audience.
Le chef de produit de Kick, @PaulieKick sur Twitter, a déclaré que le volume d’abonnements achetés/offerts a dépassé les 10 millions de dollars en un peu plus de trois mois. Ce qui a permis à la plateforme de reverser plus de 9,5 millions de dollars aux créateurs de contenu.
Qui est aux manettes de Kick ?
L’entreprise Kick, a été lancée par Edward Craven et Bijan Tehrani, deux jeunes entrepreneurs qui ont fait fortune avec leur société de casinos en ligne Stake, qui a la particularité de mettre en jeu des cryptomonnaies (sauf au Royaume-Uni). Le siège social de la société se trouve à Melbourne, en Australie.
Les cofondateurs se sont associés au streamer anglophone Trainwreck, qui détient également des parts dans la société. Par ailleurs, les hommes d’affaires se sont également entourés de deux employés expérimentés dans le domaine du streaming : Andrew Santamaria et Edson Rodrigues Miguel. Le premier travaillait pour Amazon Games, tandis que le second a travaillé chez DLive, une plateforme de streaming vidéo qui a été rachetée par BitTorrent.
🥇 Kick a-t-il le potentiel pour renverser Twitch ?
Au regard des récentes tendances, beaucoup s’interrogent sur l’avenir de Kick et s’il sera en mesure de dépasser le leader mondial du streaming de jeux vidéo. Cependant, beaucoup d’éléments portent à croire que Kick n’y parviendra jamais. La soudaine hype que la plateforme a suscité au cours de ces derniers mois pourrait même redescendre aussi vite qu’elle est montée.
Si l’on prend l’exemple de Microsoft, ce dernier a lancé en 2017 son propre service de streaming, baptisé Mixer. La plateforme n’a pas réussi à s’imposer face aux géants Twitch, YouTube Gaming et Facebook Gaming, si bien qu’elle a été forcée de fermer ses portes et de fusionner avec Facebook Gaming en 2020.
Par ailleurs, il faut savoir que la diffusion en direct de flux vidéo en haute définition nécessite des coûts de fonctionnement extrêmement conséquents en serveurs et en bande passante. Même Twitch, qui peut se reposer sur la trésorerie colossale d’Amazon depuis 2014, n’est pas encore rentable pour le géant américain. Afin de renverser la tendance, Twitch a dû réduire les revenus de ses streamers les plus importants de 20 % depuis le mois de septembre 2022. Les revenus des streamers s’élèvent désormais à 50 % du montant d’un abonnement, à partir de 100 k euros générés par an ; contre 70 % auparavant.
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Bien que Edward Craven ait revendiqué que Kick était déjà rentable en à peine quatre mois, il n’est pas certain que la plateforme puisse subsister bien longtemps face aux coûts impressionnants que l’activité nécessite, une fois que l’effet de mode se sera estompé. Kick se montre pourtant plein de bonne volonté, et a prévu de mener à terme plusieurs projets comme l’ajout de nouveaux programmes de rémunération pour les streamers, l’organisation d’un évènement (KickCon), ou encore le déploiement de la plateforme sur consoles.
🔎 Quelles sont les polémiques qui entourent la plateforme Kick ?
La plateforme Kick est au cœur de nombreuses polémiques depuis sa récente montée en popularité.
Le streaming de jeux d’argent en ligne
Kick permet à ses streamers de diffuser librement des parties de casino sur Stake, son propre casino en ligne. Ce qui n’est pas le cas de Twich, qui interdit cela depuis le mois d’octobre 2022. Parmi les sites concernés par cette interdiction, on retrouve Stake, ainsi que d’autres sites basés à Curaçao. La plateforme Twitch a décidé de bannir ces chaînes de diffusion, pour mettre fin aux critiques dont elle faisait régulièrement l’objet.
En diffusant des contenus qui faisaient polémique sur Twitch, la plateforme Kick suscite de vives polémiques. D’autre part, Kick n’a aucun scrupule à faire de la pub pour son propre casino en ligne. Cette stratégie semble cependant s’avérer payante pour la plateforme, puisque la catégorie Jeux d’argent représente la grande majorité de l’audience de Kick. Ce n’est ainsi pas son activité principale en tant que plateforme de streaming, mais bien la promotion de Stake et d’autres casinos en ligne qui pourrait potentiellement permettre à la plateforme de perdurer. Un tweet de Trainwreck confirme par ailleurs le fait que les subs ne seraient pas la première source de revenus de la plateforme.
La violation des droits d’auteur des contenus
Parmi les autres polémiques dont fait l’objet la plateforme, la diffusion de contenus protégés par le droit d’auteur est un point sur lequel Kick se montre particulièrement laxiste. Qu’il s’agisse de jeux vidéo ou de contenus vidéo, les exemples sont nombreux.
Concernant les « react » d’émissions, d’épisodes de séries, ou de films, la législation en vigueur laisse peu de place au doute en condamnant fermement ces pratiques. Si Twitch se plie scrupuleusement aux règles, Kick semble être au contraire beaucoup moins inquiet sur la question en laissant la possibilité aux streamers de contourner la loi. Pour information, le format « react » consiste à réagir à un contenu diffusé en direct sur une chaîne.
Précédemment, le jeu The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom avait fait l’objet d’une fuite, puisque des copies du jeu étaient disponibles avant la sortie officielle du titre de Nintendo. Une multitude de streamers s’en sont donné à cœur joie en diffusant en avant-première les aventures de Link sur Kick, qui a tout bonnement fermé les yeux.
Si elle est encore visiblement trop petite pour être dans le collimateur des contrôles, la plateforme Kick pourrait bientôt avoir à rendre des comptes, à mesure que son audience grandira.
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Les streamers polémiques trouvent refuge sur Kick
L’arrivée de nombreux streamers controversés contribuent également à renforcer les polémiques autour de Kick. Parmi eux, on peut notamment citer le cas du streamer Amaru. Après s’être fait bannir de Twitch, pour avoir tenu des propos obscènes, ce dernier a lancé sa chaîne Kick environ un an plus tard, qui compte aujourd’hui plus de 135 000 abonnés.
Par ailleurs, le célèbre streamer Adin Ross, qui fut plusieurs fois bannis de Twitch pour des propos incitant à la haine, ne s’est pas non plus vu refuser l’accès à Kick. Ce dernier a même pu diffuser, sans être inquiété par la modération de Kick, le Super Bowl, ainsi que du contenu à caractère pornographique.
Des suspicions de vol du code source de Twitch
Selon plusieurs internautes, Kick aurait volé du code source à la plateforme Twitch, lors de la fuite de données dont elle fut victime en 2021. Les opposants accusent Kick d’avoir utilisé ce code pour mettre sa plateforme sur pied. Bien qu’il y ait beaucoup de similitudes entre les deux plateformes, aucune preuve formelle ne permet pour le moment d’attester que Kick aurait bel et bien volé ledit code.
📺 Pourquoi beaucoup de streamers tournent le dos à Twitch pour diffuser sur Kick ?
Attirer par l’appât du gain ou l’engouement suscité par la plateforme, de plus en plus de streamers abandonnent Twitch pour continuer leur activité sur Kick. Les plus réputés d’entre se sont laissés séduire par la plateforme. C’est le cas de David Lafarge, ou encore de Ninja qui ont complètement tourné le dos à Twitch pour n’exercer plus que sur Kick.
Ninja a indiqué, pour sa part, avoir été particulièrement déçu de la politique restrictive de Twitch en matière de liberté de diffusion ; cette dernière ne laissant pas la possibilité de faire des lives sur plusieurs plateformes concurrentes. Certains streamers n’ont toutefois pas complètement laissé tomber Twitch, comme c’est le cas de ChowH1, qui continue d’utilise les deux plateformes, mais pas simultanément.
Des contrats de rémunération plus attractifs
Kick propose un programme avec un système de rang pour ses créateurs. Le premier palier « affilié » permet de débloquer les abonnements payants. Les objectifs pour atteindre ce rang sont toutefois plus simples à atteindre que sur Twitch, puisqu’il suffit de réunir 75 followers et de justifier de cinq heures de stream au total. Le deuxième palier « vérifié » complique un peu les choses, puisqu’il nécessite d’avoir rempli les conditions suivantes :
- Cumuler 30 heures de stream sur 30 jours ;
- Avoir streamé 12 jours différents sur une période de 30 jours ;
- Cumuler une moyenne de 75 viewers minimum sur les 30 derniers jours ;
- Cumuler au moins 20 abonnés ;
- 300 personnes différentes doivent avoir laissé au moins un commentaire dans le chat en 30 jours.
Une fois le premier palier atteint, les créateurs de contenu peuvent se rémunérer grâce au système d’abonnement payant. Les internautes qui souhaitent supporter la chaîne doivent en effet payer une contribution financière mensuelle d’un montant de 4,99 dollars. Un système de donations est également de la partie, et permet aux internautes de verser librement des extras lors des diffusions en direct. Il est par ailleurs intéressant de savoir qu’aucune commission n’est prélevée par Kick sur ces pourboires.
Là où Kick se démarque sans effort de son concurrent direct, c’est sur la répartition des revenus, qui est bien plus intéressante pour les streamers. En effet, les créateurs de contenus conservent 95 % des revenus d’abonnement, contre 50 % sur Twitch. Avec une telle politique, cela n’est pas étonnant que beaucoup de streamers se rangent du côté de Kick, où le potentiel de rentabilité est presque deux fois plus élevé. Kick devrait également à terme permettre aux streamers de diffuser des annonces publicitaires, afin de se rémunérer davantage.
Kick a bien l’intention d’utiliser tous les leviers à sa disposition pour soutirer toujours plus de streamers au géant Twitch. La plateforme a en effet récemment annoncé qu’elle remboursait désormais les frais de départ demandés par Twitch, à tous les nouveaux membres. En effet, Twitch réclame désormais 25 dollars maximum pour résilier son programme affilié et partenaire.
Être payé à l’heure pour streamer sera bientôt rendu possible
Kick prévoit également de rémunérer tous ses streamers sur la base d’un taux horaire. Pour ce faire, la plateforme répartira le budget initialement prévu pour financer les streamers les plus influents, entre tous les créateurs ; selon les dires de Trainwreck, l’un des copropriétaires de Kick.
La rémunération à l’heure des streamers variera en fonction de plusieurs critères :
- Un taux fixe calculé en fonction des CPM publicitaires de la plateforme ;
- Le nombre d’heures cumulées en streaming ;
- Le nombre moyen de téléspectateurs ;
- L’engagement et les données démographiques des téléspectateurs.
Les streamers pourront au choix réclamés leur dû tous les jours en cryptomonnaies (Bitcoin ou Ethereum), ou recevoir un virement bancaire tous les mois.
La récente rumeur d’une rémunération à 16 dollars de l’heure
Une nouvelle rumeur, lancée par un tweet du compte KickStreamsLIVE, fait mention d’une rémunération à 16 dollars de l’heure. La publication en question met en lumière une image qui laisse apparaître plusieurs informations, en plus du taux horaire susmentionné. On peut notamment y lire que « les heures payées ne sont comptabilisées que si le talent est visible sur le stream, éveillé, et s’engage sur le chat et la communauté pour assurer des streams de qualité. ». Ce qui laisse à penser que la vérification serait effectuée manuellement.
Bien que cette fuite n’ai pas été confirmée officiellement par Kick, il est difficile de concevoir un taux horaire aussi élevé, étant donné que l’évaluation de ce dernier reposera sur de multiples critères.
L’offensive de Twitch en réponse à la politique agressive de Kick
Twitch a récemment annoncé qu’il reviendrait sur sa décision, en proposant de nouveau une rémunération 70/30 à partir d’octobre, dans le cadre de son nouveau programme de partenariat Plus. Il faut toutefois savoir que cette hausse de rémunération sera limitée à 100 000 dollars de bénéfices sur douze mois.
Les streamers qui souhaitent en profiter devront par ailleurs être suivis par au moins 350 abonnés pendant au moins trois mois consécutifs. Les abonnements offerts compteront également dans le 70/30, mais pas dans le cumul des 350 abonnés. Les abonnements via Amazon Prime, qui permettent de profiter d’un abonnement gratuit à une chaîne Twitch tous les mois, ne seront pas non plus comptabilisés.
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