Une enquête détaillée révèle que les Russes ont effectivement débuté la construction d’une arme permettant de se débarrasser des satellites d’imagerie passant au-dessus de son territoire.
The Space Review, un magazine spécialisé dans l’exploration spatiale, a mené une enquête approfondie recoupant des images satellites issues de Google Earth, des documents émanant d’entreprises russes et des rapports financiers pour arriver à la conclusion que la Russie avait débuté la construction de Kalina. Sous ce joli petit nom se cache en fait un système permettant d’aveugler définitivement les satellites visés en envoyant des impulsions laser très fortes qui endommagent les capteurs optiques.
Le projet est en préparation dans le nord-ouest de la Russie, non loin de l’observatoire d’astrophysique de Zelenchukskaya où se trouve déjà l’énorme radiotélescope RATAN-600.
Le projet anti-satellites russe aura mis plusieurs décennies avant de voir le jour
L’idée ne date pas d’hier puisque les premières traces de Kalina dans des documents remontent à 2002 avant d’être finalement amorcé en 2011. Malgré une progression très lente, il semble que la construction ait finalement réellement débuté. La guerre en Ukraine et la volonté de masquer certaines informations aux yeux des satellites ont sans doute motivé les autorités russes à accélérer le projet.
Kalina va permettre de viser les satellites d’imagerie étrangers survolant le territoire russe et viendra compléter un éblouisseur laser mobile connu sous le nom de Peresvet opérationnel depuis fin 2019.
Il existe des méthodes encore plus radicales comme la destruction pure et simple du satellite. Au mois de novembre 2021, la Russie d’ailleurs a procédé à un tir d’essai de missile antisatellite qui aurait pu mal finir car il a engendré une grande quantité de déchet qui a menacé la station spatiale internationale.
Le réseau Starlink de SpaceX, nouvelle arme de guerre
Que l’espace soit devenu en endroit particulièrement stratégique n’est pas une nouveauté. A tel point qu’il commence à y avoir des encombrements. Des astronomes se sont déjà plaints que la quantité de satellites envoyés par SpaceX était un frein à la recherche et à l’observation de l’espace. Ces mêmes satellites ont permis à l’Ukraine de maintenir une connexion Internet pendant le conflit. Des chercheurs chinois ont d’ailleurs conseillé à leur gouvernement de détruire le réseau satellitaire de SpaceX, Starlink, estimant qu’ils représentaient une menace militaire sérieuse.