Waze, l’application de navigation censée fluidifier le trafic, se transforme en cauchemar pour certaines communes françaises. Envahies par des milliers de voitures chaque jour, ces localités subissent pollution, nuisances sonores et danger pour les habitants
Waze, l’application de navigation qui promet des trajets plus rapides en évitant les embouteillages, se transforme en cauchemar pour certains villages et communes françaises. Situées sur les chemins privilégiés par les algorithmes de l’application, ces localités se retrouvent submergées par des milliers de voitures chaque jour, provoquant pollution, nuisances sonores et danger pour les habitants.
À cause de Waze, des villages transformés en autoroutes
A Saint-Montan, un petit village pittoresque des gorges de l’Ardèche, le maire Christophe Mathon observe avec désespoir l’invasion quotidienne de 1 000 véhicules, rapporte Le Monde.
Ses rues étroites, conçues pour le calme et la tranquillité, se transforment en autoroutes improvisées, mettant en danger les piétons et perturbant la vie paisible des habitants. « Nos infrastructures ne sont pas adaptées à un tel trafic », déplore-t-il, impuissant face à la déferlante automobile.
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A Camphin-en-Carembault (Nord), la situation est encore plus alarmante. La D925, qui traverse le centre-ville, est devenue un raccourci prisé par les automobilistes pour contourner les embouteillages de l’A1.
Résultat : jusqu’à 14 000 véhicules par jour défilent dans les rues, générant pollution sonore, embouteillages et un sentiment d’insécurité grandissant chez les riverains. « Certains n’arrivent même plus à sortir de chez eux », témoigne le maire de la commune, et « trois enfants ont même été percutés par des véhicules ».
Contourner les algorithmes : la lutte des maires
Face à cette invasion motorisée, les maires se mobilisent et tentent de déjouer les algorithmes de Waze. A Camphin-en-Carembault, l’édile a mis en place des limitations de vitesse à 30 km/h et installé des feux tricolores.
Une stratégie payante : la fréquentation a baissé de 2 000 voitures par jour. « Les ralentissements créent un marqueur orange et rouge sur l’application, dissuadant les automobilistes de s’y aventurer », explique-t-il.
L’application Waze, basée sur le partage d’informations entre utilisateurs, se retrouve face à un paradoxe. Son succès, en attirant toujours plus d’utilisateurs, crée des nuisances insupportables pour les communes traversées.
Son modèle économique, basé sur la publicité ciblée en fonction des trajets des utilisateurs, pose également question. En effet, plus les utilisateurs sont nombreux à emprunter un itinéraire, plus la publicité est lucrative pour Waze, au détriment des communes et de leurs habitants. Et ce n’est pas qu’en France : dans une petite ville en Californie, Waze redirigeait le trafic vers les quartiers résidentiels, provoquant de grosses perturbations pour les riverains.
Vers un dialogue nécessaire ?
La situation actuelle met en lumière la nécessité d’un dialogue entre Waze, les collectivités locales et les citoyens. L’application doit trouver des solutions pour limiter l’impact de son succès sur les communes et garantir le bien-être des habitants.
Des alternatives à l’utilisation systématique de la navigation GPS doivent également être encouragées, afin de préserver le calme et la tranquillité des villages et communes françaises.