La différence était déjà ténue entre nano SIM et micro SIM, et voilà que débarque maintenant l’iSIM sur un marché aux normes multiples où l’eSIM peine encore à s’imposer. Vous avez du mal à vous y retrouver entre les différents types de cartes SIM ? On vous explique tout dans ce dossier.
Il est bien loin le temps où il était nécessaire d’insérer une carte mini SIM derrière la batterie amovible de son téléphone, pour pouvoir accéder au réseau mobile de son opérateur. Actuellement, la plupart d’entre nous utilisent une carte nano SIM (4FF), requise sur les smartphones récents, voire une micro SIM (3FF), pour les modèles plus anciens.
Toutefois, de plus en plus d’utilisateurs se tournent vers l’eSIM, une version numérique qui présente bien des avantages, par rapport au format physique. Elle répond notamment à la problématique que pose la miniaturisation des objets technologiques, à l’instar des montres connectées et bagues intelligentes, qui nécessitent des dispositifs toujours plus petits. Dans cet article, on revient sur l’origine des cartes SIM, leur évolution, leur utilité, mais aussi leurs différences.
🤔 Les cartes SIM : vers la fin du format physique ?
La carte SIM, dont l’acronyme signifie Subscriber Identity Module (Module d’identité de l’abonné), est une déclinaison de la carte à puce, inventée en 1974 par Roland Moreno. Il s’agit d’un élément complémentaire et indispensable au fonctionnement de nos téléphones. En plus d’embarquer un microcontrôleur, la carte SIM permet de stocker des informations comme des identifiants de connexion ou des contacts.
Si cette dernière permet de profiter des services de l’offre mobile d’un opérateur, en connectant votre smartphone au réseau mobile, il faut savoir qu’il existe d’autres types de cartes SIM, comme la fameuse Multi-SIM Internet qui n’octroie quant à elle qu’une connexion Internet via les données mobiles. Les opérateurs la propose généralement avec leurs abonnements mobile les plus haut de gamme, pour que leurs clients puissent utiliser l’enveloppe de data de leur forfait sur un autre appareil (2ème téléphone, tablette, box 4G/5G).
Depuis l’introduction des cartes SIM, leur format n’a eu de cesse de diminuer, ceci dans le but de libérer toujours plus d’espace afin de permettre l’intégration de composants toujours plus performants sur nos appareils. La carte SIM classique (1FF) au format carte de crédit a été développée en 1991. Elle a ensuite été intégrée pour la toute première fois sur un téléphone portable en 1992. Depuis 1996, la mini SIM (2FF) la remplace. L’arrivée de cette dernière, qui affiche des dimensions revues à la baisse (25 x 15 x 0,76 mm), coïncide avec l’émergence des réseaux 2G/3G.
En 2003, le processus de miniaturisation se poursuit avec l’arrivée de la micro SIM (3FF). Malgré ses dimensions encore plus compactes (15 x 12 x 0,76 mm), cette carte a gagné en mémoire avec la possibilité de stocker jusqu’à 128 ko, contre 32 ko pour sa prédécesseur. Enfin, la nano SIM (4FF), qui est la dernière version en date, a été introduite en 2012, et est devenue la norme. Cette petite carte offre les mêmes performances que la version précédente, tout en justifiant de dimensions encore réduites (12,3 x 8,8 mm x 0,67 mm).
Bien que la dernière version, la nano SIM, soit aujourd’hui la plus utilisée, les opérateurs continuent de proposer les trois formats dans une carte commune, plus connue sous l’appellation de « carte SIM triple découpe ». L’intérêt, c’est que si vous souhaitez utiliser votre SIM dans un téléphone plus ancien, vous pouvez l’intégrer dans l’adaptateur compatible.
La double SIM, ou Dual-SIM, permet quant à elle d’intégrer deux cartes SIM à la fois dans son smartphone. Ce qui a pour avantage de permettre l’utilisation de deux numéros distincts, et d’opérateurs différents, sans avoir à effectuer une quelconque manipulation, ou à disposer de deux téléphones.
🔎 Qu’est-ce que l’eSIM ?
Depuis 2016, un nouveau format de carte SIM a émergé, l’eSIM (MFF2), pour embedded SIM ou carte SIM embarquée. Cette dernière, encore plus petite qu’une nano SIM a la particularité d’être directement soudée à la carte mère du smartphone. L’utilisateur n’y a donc pas accès directement. C’est pourquoi, on parle de carte SIM virtuelle. Cette dernière est activable au moyen d’un QR code transmis par l’opérateur au moment de la souscription d’une offre. Il n’est donc pas nécessaire pour l’utilisateur d’insérer physiquement une carte SIM dans son appareil pour pouvoir profiter du réseau mobile de son opérateur.
Le support de l’eSIM a été lancé en 2019 par Orange en France. Grâce à cela, il est possible de passer d’un abonnement à un autre en toute simplicité, et beaucoup plus rapidement qu’avec une carte SIM physique. En effet, le délai d’attente est supprimé et vous pouvez directement profiter de votre nouveau forfait. Tandis qu’à l’inverse, il est nécessaire de se rendre en boutique pour récupérer votre carte SIM, ou bien d’attendre que cette dernière arrive dans votre boîte aux lettres.
L’eSIM offre par ailleurs une grande flexibilité, en cas de voyage à l’étranger par exemple, ou si vous souhaitez jongler facilement entre forfait professionnel et personnel sans manipulation supplémentaire. Elle offre également une meilleur niveau de sécurité, puisque personne ne peut la retirer de l’appareil, contrairement à une carte SIM physique. Bien qu’elle ne soit pas non plus infaillible.
❓ Qui utilise l’eSIM ?
Aujourd’hui, tous les opérateurs proposent le support de l’eSIM avec leurs forfaits mobile, des fournisseurs traditionnels (Orange, Bouygues Telecom, SFR, Free), aux MVNO, en passant par les opérateurs de services à l’étranger comme Saily.
Même si les opérateurs n’ont pas à vous fournir un quelconque matériel, ils facturent généralement l’activation de l’eSIM au même tarif qu’une carte SIM traditionnelle, à savoir 10 € la plupart du temps. Par ailleurs, il se peut que votre opérateur vous facture un abonnement si vous souhaitez ajouter une eSIM sur votre montre connectée par exemple. C’est notamment le cas d’Orange qui demande 5 € par mois, en plus de l’activation.
Les constructeurs proposent également cette technologie, bien qu’elle soit surtout répandue outre-Atlantique. En effet, Apple a supprimé le tiroir à SIM sur ses smartphones commercialisés aux USA. Depuis les iPhone 14, les appareils de la marque sont dorénavant des modèles 100 % eSIM.
Si les rumeurs avançaient que les iPhone 15 en seraient également dépourvus en France, il n’en est finalement rien pour le moment. Toutefois, cela pourrait bien changer à l’avenir avec l’iPhone 16. En effet, en plus d’offrir une meilleure étanchéité, la suppression du tiroir à SIM sur les téléphones permettrait également de laisser la place à d’autres éléments, comme une plus grosse batterie, ou un meilleur système de refroidissement.
L’eSIM devrait ainsi continuer de se démocratiser dans notre pays, notamment grâce au développement de l’Internet des objets qui pourrait permettre à cette technologie d’arriver à maturité sur le marché. Google a officialisé le support du transfert eSIM pour les appareils Android en 2023. La fonctionnalité s’est par ailleurs étendue à d’autres marques de smartphones Android depuis début 2024.
📱 Quels appareils sont compatibles avec l’eSIM ?
À l’heure actuelle, tous les modèles récents de smartphones, tablettes et montres connectées, profitent de l’eSIM. Par ailleurs, depuis 2017, la technologie est également présente sur certains modèles d’ordinateurs portables.
Concernant les smartphones, la technologie s’est largement démocratisée. En effet, la grande majorité des constructeurs se sont mis à la page. Samsung et Apple le proposent depuis quelques générations sur toutes leurs gammes de smartphones, montres connectées et tablettes. Google est également l’un des premiers à l’avoir introduit, puisque la technologie est disponible depuis les Pixel 3. Xiaomi, quant à lui, n’a commencé à l’intégrer que plus récemment, depuis son modèle 12T Pro, tout comme Huawei, chez qui elle est présente depuis la gamme P40. On peut également citer Honor, Oppo, Realme, OnePlus, Vivo, Sony, Nokia, ou encore Fairphone, parmi les constructeurs qui prennent en charge l’eSIM. D’autres marques comme Nothing n’ont quant à elles pas encore sauté le pas.
Pour savoir si votre smartphone ou votre appareil est compatible eSIM, vérifiez sa fiche technique, ou rendez-vous dans les Paramètres, puis dans Connexions. Vous pourrez à partir de là, en conclure qu’il l’est ou non, si l’option pour ajouter une eSIM est présente.
✅ Comment activer une eSIM sur son smartphone ?
Activer une eSIM est on ne peut plus simple, que vous soyez sur un smartphone Android ou iOS. Avant de démarrer, assurez-vous de disposer d’une connexion Internet stable (4G/5G ou Wi-Fi).
- Rendez-vous dans les Paramètres de votre smartphone
- Depuis le menu Réseau, Connexions réseau ou Données cellulaires, sélectionnez le SIM, puis Ajoutez une eSIM.
- Appuyez sur Configurer une eSIM et laissez-vous guider.
- Vous devrez vous munir du QR code communiqué par votre opérateur. Il vous faudra entrer manuellement ce dernier ou le scanner sur votre téléphone pour activer l’eSIM.
Notez que la procédure peut différer selon le modèle de votre smartphone, ou votre opérateur. Notez par ailleurs, que les propriétaires de smartphones Android pourront bientôt convertir une carte SIM physique en eSIM sans passer par le QR code d’un opérateur. Les utilisateurs d’iPhone peuvent également le faire depuis la mise à jour iOS 17.2.
🆚 Qu’est-ce que l’iSIM et quelles différences avec l’eSIM ?
Plus récemment encore, une autre technologie a émergé. Il s’agit de l’iSIM, ou Integrated SIM, qui signifie SIM intégrée. Cette technologie dévoilée en 2018 par ARM, et présentée à nouveau par Qualcomm et Thalès en 2023, n’est pas si différente de l’eSIM, puisqu’elle s’active également à distance, à l’aide d’un QR code. Pour l’usager lambda, le changement ne sera pas vraiment perceptible au quotidien par rapport à l’eSIM.
Cependant elle apporte un changement notable à l’intérieur du téléphone. Contrairement à l’eSIM qui est un élément soudé à la carte mère du téléphone, l’iSIM est implémentée directement dans la puce, comme un TRE (Tamper Resistant Element ou Zone de confiance dans la langue de Molière) au cœur du smartphone. L’iSIM n’est donc pas un composant indépendant dans le téléphone. Elle adopte par ailleurs un format microscopique, ce qui est une aubaine pour les terminaux actuels et futurs, pour qui le moindre millimètre compte.
Là encore, les constructeurs peuvent profiter de ce gain de place pour intégrer d’autres éléments, ou offrir une meilleure évacuation de la chaleur. De plus, le fait qu’elle soit directement intégrée au SoC des téléphones va permettre à l’iSIM d’exploiter directement les capacités du CPU, du NPU et du SPU. Ce qui se traduira par une consommation électrique plus faible, donc une meilleure durée de vie de la batterie, mais aussi par une sécurité matérielle renforcée. D’autre part, la carte mère, vierge de carte SIM, pourra accueillir de nouvelles fonctionnalités.
Enfin, en intégrant directement la SIM à la puce, les coûts de fabrication pourraient être réduits. En effet, au-delà du prix de la carte en elle-même, souder une eSIM ou installer un tiroir à carte est une manipulation qui demande de la main d’œuvre.
Bien que la technologie soit commercialement déployable, selon Thalès et Qualcomm, il faudra certainement attendre un certain temps avant de la voir débarquer sur nos smartphones. En effet, les constructeurs doivent d’abord intégrer la technologies dans leurs puces. Une fois que les nouveaux smartphones compatibles seront disponibles sur le marché, il faudra ensuite que les opérateurs s’adaptent à la norme et fournissent le support nécessaire pour utiliser l’iSIM. Vue la vitesse à laquelle ils se sont adaptés à la eSIM, rien n’est assuré.