La France a adopté la semaine dernière le projet de loi relatif aux JO 2024 qui permet au gouvernement de mettre en place la vidéosurveillance assistée par IA, aussi appelée surveillance biométrique. La réaction d’Amnesty International ne s’est pas fait attendre.
Les caméras de surveillance font des progrès considérables depuis quelques années. Sur la route, elles peuvent maintenant détecter si vous utilisez votre smartphone au volant. Avec l’avènement de l’IA et d’algorithmes ultra-performant, celles-ci deviennent des outils de surveillance de masse très efficaces : “Big Brother is watching you“.
« A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels », déclarait le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin aux députés lors de l’examen du projet de loi « relatif aux JOP et portant diverses autres dispositions » le 22 mars. L’Assemblée nationale et le Sénat l’ont depuis adopté : les Jeux Olympiques d’été de 2024 en France seront sécurisés par la vidéosurveillance assistée par IA. Cette expérimentation sera valide dès sa publication au journal officiel. Ainsi, la surveillance algorithmique sera testée dès cet été lors de la Coupe du monde de Rugby.
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L’algorithme qui pilote les caméras peut détecter en temps réel toutes sortes de risques liés aux attroupements. Cela peut servir à détecter les colis abandonnés, déclencher automatiquement des alarmes lors de mouvements de foules, ou encore de repérer les comportements suspects dans un rassemblement.
La surveillance algorithmique par IA violerait les libertés
Ce genre de système est déjà utilisé par beaucoup de dictactures à travers la planète pour contrôler leur population et prévenir toute rébellion. En Chine dans la région du Xinjiang, le parti communiste utilise massivement les caméras d’Huawei pour surveiller la population Ouïghour.
Ainsi, la réaction de certaines ONG comme Amnesty International ne s’est pas fait attendre : “Alors que la France se présente en championne des droits humains partout dans le monde, sa décision d’autoriser la surveillance de masse assistée par intelligence artificielle pendant les Jeux olympiques entraînera une offensive généralisée contre le droit à la vie privée, le droit de manifester et les droits aux libertés de réunion et d’expression » déclare l’ONG dans un communiqué. De même, environ 40 députés européens ont demandé à leurs collègues français de voter contre le texte. Dans une lettre, ils ont averti que “sous prétexte des Jeux Olympiques, la France créerait un précédent en matière de surveillance comme il n’y en a jamais eu en Europe“.
Lors des débats à l’Assemblée, c’était les députés de la NUPES qui s’opposaient principalement au projet du gouvernement, soutenu par les députés de la majorité. Ces derniers affirmaient que l’attentat au camion de Nice en 2016 aurait pu être empêché en utilisant ce système, ou encore que le fiasco de la sécurité lors de la finale de la Ligue des champions à l’été 2022 aurait également pu être évité. Encore une fois, il faut choisir entre les libertés et la sécurité.