Suite à la poursuite judiciaire antitrust contre le monopole Google, la justice américaine voulait voir la firme se séparer de son navigateur web voir du Play Store, Google propose aujourd’hui des solutions alternatives.
Google a sans doute connu des jours meilleurs. En effet, cela fait déjà plusieurs mois déjà que la justice américaine attaque Google pour abus de position dominante, notamment dans le secteur de la recherche internet. Cela se fait en parallèle de la poursuite en cours lancée par Epic Games demandant que les alternatives au Play Stores puissent être plus facilement mises en place sous Android.
L’affaire du monopole de la recherche internet a pris un nouveau tournant en octobre, lorsque que les tribunaux américains ont commencé à se demander si la solution n’était pas de découper Google en morceaux. Avec l’idée de séparer de la maison mère des gros modules comme Google Chrome, le Google Play Store ou même Android !
Google ne va pas de laisser faire et propose des contre-propositions
Comme on peut s’en douter Google n’est pas fan de la solution de découpage, indiquant que cela met la sécurité des utilisateurs en porte-à-faux. Il faut dire qu’avec leur compte Google, les utilisateurs peuvent synchroniser toutes leurs données entre chaque module proposé par le géant du numérique.
Ainsi, un utilisateur d’Android qui se sert de Google Chrome peut utiliser son compte sur son smartphone, sa tablette ou son ordinateur et y retrouver tous ses mots de passe, ses données Google Pay, etc. Il n’a ainsi pas besoin d’utiliser d’application tierce, tout est regroupé.
Bien entendu, Google n’a certainement en tête que son propre intérêt, mais le bien-être des utilisateurs reste un angle d’attaque intéressant. Et, en ce qui concerne la sécurité, Google indique que la décision de justice l’obligerait à partager avec des tiers les informations personnelles recueillies lors des recherches internet.
Dans un article de blog, Lee-Anne Mulholland, Vice-présidente aux Affaires réglementaires de Google, indique que son équipe a formulé une liste d’actions qui pourraient permettre de réduire le monopole de Google, tout en évitant de scinder la compagnie en plusieurs entités distinctes. Cette liste d’options leur permettra de faire appel à la décision de justice (celle qui découpait Google en morceaux).
On peut ainsi y lire :
“Nous sommes en profond désaccord avec la décision rendue dans le cadre du procès intenté par le ministère de la Justice (DOJ) au sujet de la répartition des moteurs de recherche et nous ferons appel de cette décision :
Comme l’a constaté la Cour, Google a acquis sa popularité et son succès grâce à l’innovation : en construisant le meilleur moteur de recherche et en prenant des décisions d’investissement et d’affaires intelligentes, comme notre investissement précoce dans le mobile. Les gens n’utilisent pas Google parce qu’ils y sont obligés, ils l’utilisent parce qu’ils le veulent.
De plus, le paysage évalué par la Cour est extrêmement dynamique. Depuis la fin du procès il y a plus d’un an, l’IA a déjà rapidement remodelé le secteur, avec de nouveaux entrants et de nouvelles façons de trouver des informations, ce qui le rend encore plus compétitif.”
Les propositions de Google
La première est en rapport avec le moteur de recherche Google en lui-même. Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, Google a signé des contrats avec certaines firmes afin qu’elles proposent par défaut Google comme moteur de recherche au sein de leurs navigateurs. C’est notamment le cas de Mozilla (avec Firefox) et de Apple (avec Safari).
Ces contrats permettent à ces entreprises (notamment Mozilla) d’avoir une source de revenu fixe. Mais ils sont dans la ligne de mire de la cour, car ils sont le reflet de l’abus de position dominante de Google. La firme peut en effet se permettre de lâcher des millions de dollars à droite et à gauche pour que ses produits soient proposés en priorité aux utilisateurs.
Google propose ainsi au ministère de la Justice que ces sociétés soient libres de signer des contrats avec Google si elles le souhaitent, dans le cas de Mozilla par exemple ces revenus semblent vitaux. La différence avec ce qui est proposé à l’heure actuelle, c’est que l’utilisation de Google au sein des navigateurs pourraient faire l’objet de contrats différents (pour mobile ou desktop par exemple). De plus, l’accord pourrait être modifié tous les 12 mois (période définie par la cour dans sa décision).
Le point suivant concerne Android, le système d’exploitation mobile de Google qui équipe de nombreux smartphones et tablettes. L’idée ici est de laisser les constructeurs libres de préinstaller d’autres moteurs de recherche, indépendamment de Google ou Google Chrome.
L’article du blog de Google se conclut de la sorte :
“Nous ne proposons pas ces changements à la légère. Ils auront un coût pour nos partenaires en réglementant la manière dont ils doivent choisir le meilleur moteur de recherche pour leurs clients. En outre, ils entraîneront de lourdes restrictions et une surveillance des contrats qui ont permis de réduire les prix des appareils et de soutenir l’innovation dans les navigateurs concurrents, ce qui a été bénéfique pour les consommateurs.
Mais nous pensons que ces mesures répondent pleinement aux conclusions de la Cour, et ce, sans mettre en danger la vie privée et la sécurité des Américains ni nuire au leadership technologique mondial des États-Unis.”
Reste à savoir si cette liste de propositions convaincra la justice, ou qui que ce soit d’autre d’ailleurs. Elle semble en effet plutôt bénigne et il est peu probable que la cour la trouve plus efficace que ce qu’elle a elle-même proposé.