Lancé le 19 mars en France ainsi que dans 10 autres pays, Chromecast est un accessoire atypique mêlant media center et point d’accès. Vendu 35 euros (5 euros avec abonnement chez SFR), le périphérique HDMI de Google permet de streamer le contenu de son smartphone ou de sa tablette sur son téléviseur via le réseau Wi-fi. Avec lui, la firme de Mountain View cherche à apporter une alternative à la TV connectée. Comme la 3D, elle est désormais implantée dans la majeure partie des téléviseurs, mais n’est pas pour autant mise à contribution par les consommateurs.
En reliant les appareils mobiles au téléviseur, Google aurait-il trouvé la recette miracle ? Voyons cela en six points pour savoir si l’on craque ou pas pour Chromecast.
Non, parce que sa compatibilité n’est pas exhaustive
Google indique que sa clé HDMI est compatible avec les appareils Android (CQFD) et iOS. BlackBerry OS et Windows Phone répondent aux abonnés absents. Le système de Microsoft est sur la touche. Interrogé par nos soins, Google n’a pas su justifier ce manque. Il nous a été répondu que le système mobile de Microsoft n’était pas compatible « pour le moment ». Les choses pourraient donc évoluer à l’avenir.
Non, pour son intérêt limité avec un ordinateur
Vous n’avez ni smartphone ni tablette ? Qu’à cela ne tienne, un PC est suffisant pour utiliser Chromecast. S’il est au moins sous Windows 7, Mac OS 10.7 ou Chrome OS, c’est bon. Par contre, il faut y installer Chrome. Si ce n’est pas votre navigateur par défaut, cela bousculera les habitudes, mais c’est la seule manière de « streamer » son PC sur un téléviseur. Attention, on ne peut pas afficher son jeu fétiche sur un écran en passant par Chromecast. Le dispositif de Google ne permet que d’afficher Chrome et un seul de ses onglets pour être précis. Il faut pour cela installer l’extension Google Cast via le Chrome Web Store. Celle-ci affiche ensuite une icône dédiée à côté de la barre d’adresse du navigateur. En cliquant dessus, on transmet l’onglet actif au téléviseur. Il est possible ensuite de continuer sa navigation sans perturber cet affichage. Toujours via Chrome, YouTube dispose aussi d’une interface dédiée à Chromecast. Pour l’instant, c’est le seul service de Google a être adapté à sa clé HDMI. D’autres applications Chrome et Google « pourraient devenir compatibles » par la suite, nous explique Google.
Non, car il y a peu d’applications compatibles (pour l’instant)
Bien que disponible aux États-Unis depuis juillet 2013, Chromecast ne nous parvient qu’avec un nombre limité d’applications compatibles. Outre-Atlantique, ce sont 37 applications qui ont été mises à jour pour fonctionner avec Chromecast. En France, nous ne disposons actuellement que de neuf applications équipées du bouton « Cast », dont trois émanant du girond de Google : YouTube, Google Play Films et Google Play Musique.
Google assure que le catalogue s’élargira très bientôt. Plus de 3000 développeurs travaillent actuellement à la mise à jour de leurs applications. C’est d’eux que dépend l’intérêt de Chromecast. Si aujourd’hui on peut regarder des vidéos sur YouTube ou diffuser son répertoire Play Musique sur son téléviseur via ce périphérique, il deviendra plus intéressant lorsqu’on pourra l’utiliser pour afficher un jeu mobile ou ses vidéos via VLC ou GPlayer, par exemple. On peut aussi imaginer que l’appareil mobile utilisé se transforme en télécommande ou en manette de jeu en fonction de l’application castée. C’est aux développeurs de décider jusqu’où ils veulent pousser leurs travaux.
Oui, car on peut caster à plusieurs
Une soirée entre amis ? Google a pensé à tout et donne la possibilité d’utiliser Chromecast à plusieurs simultanément. Mieux encore, le nouvel arrivant n’a aucun réglage à effectuer. L’application compatible détecte automatiquement le Chromecast disponible sur le réseau. Il ne reste plus qu’à lui transférer le contenu désiré. Dans le cas d’une vidéo YouTube, elle viendra se mettre dans la file d’attente s’il y en a déjà une à l’écran.
Ajoutons que lorsque l’application est castée, elle ne se copie pas sur le téléviseur, mais s’y déporte. Ainsi, le téléphone ou la tablette devient une simple télécommande. L’utilisateur peut alors continuer à utiliser son appareil pour lancer une autre application en parallèle, par exemple. De plus, dans le cas de contenus en ligne, Chromecast ne récupère que l’adresse. Ainsi, il est tout à fait possible de quitter l’application castée sans rompre la diffusion.
Oui, parce que l’appareil est très compact
Défini comme étant une clé HDMI, le Chromecast est vraiment tout petit. Ce n’est pas lui qui va venir encombrer un meuble TV. À brancher sur le téléviseur, il s’octroie néanmoins un port HDMI. Ainsi, si on dispose d’une box, d’un lecteur Blu-ray et d’une ou plusieurs consoles, il faut s’équiper d’un switch HDMI. Les possesseurs de Xbox One seront ravis d’apprendre qu’il est possible de brancher le Chromecast sur la prise HDMI In de la console de Microsoft et ainsi d’en profiter aussi via sa fonction PIP (picture in picture). Contrairement à ce que montre la photo ci-dessous, le Chromecast n’est pas autoalimenté. Il faut impérativement le brancher à une prise secteur ou à un port USB, ce qui semble plus pratique sur un téléviseur récent.
Oui, pour son prix imbattable
C’est un argument qui joue en faveur du Chromecast. Affiché à 35 euros, c’est un gadget abordable. Si son intérêt semble encore bien limité, il faut lui donner sa chance. Son SDK n’ayant été rendu public qu’il y a quelques semaines, il faut donner un peu de temps aux développeurs pour se l’approprier. Face à lui, on ne trouve que des solutions plus onéreuses. Ainsi Apple vend son Apple TV 109 euros, mais propose plus de fonctionnalités. Netgear a aussi son boîtier Miracast. Son Push2TV se monnaye 70 euros et diffuse l’intégralité d’un smartphone ou d’une tablette. Souci : il souffre de débit saccadé, même si cela dépend en partie de l’appareil androïde utilisé. Enfin, il semblerait qu’Amazon ait une clé HDMI sous le coude : la Fire. Celle-ci viendrait chasser directement sur les terres de Chromecast.
Bilan : L’appareil de Google n’est donc encore qu’un gadget. Comme tout bon périphérique connecté actuel, il lui faut étoffer son catalogue d’applications pour devenir réellement intéressant et sortir de la sphère « geek ».