Ce premier objet interstellaire découvert par l’Homme serait un fragment d’exoplanète

Depuis son passage dans notre système solaire en 2017, le « messager » n’a cessé d’intriguer les scientifiques. Une nouvelle étude le présente comme un morceau d’une planète gelée.

Oumuamua, le « messager » en hawaïen, a été repéré le 19 octobre 2017. Si les scientifiques ont pu rapidement déterminer que l’objet provenait de l’extérieur de notre système solaire, son origine et sa nature sont restées un mystère, alimentant les théories les plus folles.

Oumuamua
Illustration du voyage d’Oumuamua. Crédits: NASA/ESA/STScI

Sa forme, supposée celle d’un cigare dans un premier temps et sa provenance qui en fait le premier objet interstellaire détecté par l’Homme ont provoqué une vive réaction d’une partie de la communauté scientifique. Ces derniers y ont vu un vaisseau extraterrestre. Bien évidemment, cette théorie a vite été réfutée et de nouvelles sont apparus.

Une nouvelle étude sur son origine

Deux études parues le 16 mars 2021 dans le Journal of Geophysical Research : Planets émettent une nouvelle hypothèse qui permettrait d’expliquer le comportement de l’objet. Selon les scientifiques, il s’agirait d’un fragment d’une exoplanète recouvert de glace d’azote.

Normalement, un objet à la dérive dans l’espace subit principalement des forces gravitationnelles. Il arrive, lorsque celui-ci se rapproche d’une étoile, qu’il subisse une accélération suite à des dégazages provoqués par la chaleur. Ces dégazages sont généralement visibles, car ils s’accompagnent d’éjection de poussière, formant une traînée comme dans le cas d’une comète.

Or dans le cas Oumuamua, une accélération étrange avait été détectée sans pour autant être imputable à des dégazages. Cela ajouté à la grande luminosité de l’objet, il n’en fallait pas plus pour que la thèse du vaisseau spatial, ou de la sonde, extraterrestre soit émise. L’objet voyageant à très grande vitesse et se situant déjà hors de portée des télescopes modernes, les scientifiques ont néanmoins réanalysé les données pour émettre une hypothèse hautement crédible, mais malheureusement difficilement vérifiable.

La glace d’azote expliquerait tout

Si la forme supposée était celle d’un cigare au début, il semblerait que les scientifiques penchent plutôt pour une forme de galette d’environ 45 m x 45 m x 7,5 m. Cette forme serait due à l’érosion des couches externes lors de son voyage, l’usant petit à petit comme un galet sur la plage.

Pour ce qui est de la forte luminosité, les analyses montreraient qu’il ne s’agit pas du reflet du soleil sur une surface métallique, mais plutôt sur une surface glacée. La luminosité collerait avec celle que l’on pourrait atteindre par la glace d’azote.

Reste le mystère de l’accélération. En s’approchant du Soleil, la chaleur de celui-ci a pu sublimer la glace (c’est-à-dire la faire passer de l’état solide à l’état gazeux sans passer par l’état liquide) à la surface du voyageur interstellaire provoquant une accélération sans entraîner de roche ou de poussière. Ceci expliquerait donc l’absence de traînée. D’après les calculs des scientifiques, une sublimation d’azote collerait parfaitement au facteur d’accélération mesuré.

« Il a fallu deux à trois ans pour trouver une explication naturelle à l’existence de Oumuamua. Ce n’est pas bien long pour la science, mais aussi bien trop peu pour affirmer que nous avons épuisé toutes les explications naturelles possibles » conclut l’un des co-auteurs de l’étude. Le mystère, bien que probablement résolu, pourra donc encore occuper les chercheurs un moment.

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Source : BGR