- le module de protection du réseau domestique
- l’efficacité et la réactivité des détections
- l’impact minimal sur les performances de Windows
- la protection Android
- l’absence de console centralisée
- le contrôle parental désuet
- le manque de cohérence entre les protections multi-appareils
- le prix trop élevé
Trop chère, la suite Eset n’est pas assez riche en fonctionnalités pour bien se placer face à une concurrence qui multiplie les modules et affiche des prix plus accessibles. Mais ses fans, qui apprécient les réglages avancés et le contrôle total proposé sur tous les incidents détectés, lui restent fidèles. Et ils ont raison. Rapide et efficace, la protection peut être recommandée les yeux fermés notamment à tous ceux qui ont des petits PC à la mémoire limitée et aux processeurs poussifs. Un bon produit, atypique et un peu trop cher.
Cinquième éditeur antivirus mondial selon Gartner, Eset est une protection très appréciée de ses utilisateurs qui la placent régulièrement en tête des sondages de satisfaction. Atypique à la fois dans son ergonomie, dans ses fonctionnalités et dans son fonctionnement, elle tient une place un peu à part sur le marché. Efficace au quotidien, sans nécessairement se démarquer dans les différents tests des labos de sécurité, elle se focalise sur l’essentiel avec beaucoup de pragmatisme, sans fioritures ni accumulation de modules inutiles et pas totalement aboutis comme certains concurrents semblent l’affectionner. Eset Multi Device 2018 offre ainsi aux utilisateurs une suite fiable et solide, avec certes quelques manques, surtout à ce prix, mais aussi avec quelques atouts sérieux en main…
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Quoi de neuf en 2018 ?
Service minimum pour cette édition 2018, tout au moins sur PC. La protection Windows n’évolue pour ainsi dire pas. Les améliorations sont essentiellement techniques et concernent l’adaptation des boucliers défensifs aux nouvelles menaces (comme l’introduction d’un scan UEFI). Le seul outil nouveau est un « Nettoyage Système » qui veille à restaurer les paramètres par défaut de Windows et des navigateurs s’ils ont été compromis par un malware. On note également la présence de l’antivol PC – autrefois dédié à la version « Smart Security » -, qui est désormais présent dans Internet Security et donc dans Multi Device. L’interface utilisateur reste identique aux années précédentes.
Eset semble avoir, sur cette édition 2018, plutôt cherché à concentrer ses efforts sur la version Mac qui gagne en carrure et par rapport à la version Android.
1. Oui, pour ses protections originales
ESET se démarque avec une approche assez singulière de ce que doit contenir une suite. Ici, pas de VPN, pas de fonction d’optimisation, pas de sauvegarde, pas de gestionnaire de mots de passe, mais en contrepartie, on trouve des modules de défense peu communs. La fonction « contrôle des périphériques » permet d’être averti ou de bloquer les tentatives d’accès à vos clés USB, mais également les tentatives d’accès à votre Webcam ou à votre Bluetooth. Le module de surveillance du réseau, désormais renommé « Connected Home Monitor » signale l’apparition de nouvelles machines (dès qu’elles se connectent) et vérifie que votre routeur n’a pas de failles de sécurité (vous proposant ensuite des aides pour les corriger). Il offre une vision graphique du réseau avec pour chaque appareil son adresse IP, l’état de sa sécurité et le trafic éventuellement dangereux en provenant (qui sera automatiquement bloqué par le pare-feu).
Pour protéger les transactions bancaires, Eset a, comme Kaspersky, opté pour une virtualisation de votre navigateur par défaut plutôt que de vous en imposer un spécifique. Cette virtualisation empêche le fonctionnement des Banking Trojans ainsi que l’activité des Keyloggers. Notez que si vous utilisez Edge comme navigateur par défaut, c’est IE qui se lance en mode protection bancaire.
Nouveauté, le scanner UEFI est une fonctionnalité pour l’instant unique en son genre. Les PC modernes ne démarrent plus depuis le BIOS, mais à partir d’une partition UEFI, version évoluée et plus aisément évolutive du BIOS. Fonctionnant en tâche de fond, ce scanner vérifie l’intégrité du boot UEFI et vous alerte de tout changement.
Enfin, via le portail MyESET, un module « scanner de réseaux sociaux » permet de protéger votre profil Twitter et votre mur Facebook, afin d’éviter de retweeter ou afficher des messages porteurs de liens malveillants.
2. Oui, pour les fanatiques de contrôles avancés
Ces protections originales, et il est vrai un peu techniques, sont à l’image de la suite. Par défaut, elle masque sa technicité en présentant uniquement les paramètres clés. Mais il suffit d’appuyer sur la touche F5 pour accéder à l’écran de configuration avancée. Et là, les utilisateurs avertis en auront pour leur argent. Quel foisonnement de réglages !
Notamment en ce qui concerne le pare-feu et son HIPS (pour prévenir toutes formes d’intrusion) aux accents il est vrai un peu « old fashion ». Par défaut, la suite est en effet placée dans un mode « automatique » à nos yeux trop permissif bien que totalement silencieux pour l’utilisateur. Ceci explique en grande partie la note « proactive » assez moyenne de la suite d’autant que sur nos tests la défense « Smart Screen for NTFS » est désactivée pour mieux juger les capacités proactives des protections. Du coup, dans ce mode automatique et sans SmartScreen, ESET fait à peine jeu égal avec les défenses intégrées à Windows 10. Bien des utilisateurs préfèreront donc placer les défenses d’intrusion en mode « Intelligent » ou « interactif » afin d’être avertis de toute action louche sur le système. Dans ces modes, la suite obtiendrait un sans-faute à nos tests, à condition d’être face à un utilisateur averti. Car, dans ces modes, les alertes deviennent très nombreuses et réclament un minimum de compétence de la part de l’utilisateur : une mauvaise décision peut en effet avoir des conséquences fâcheuses (infections, blocages de programmes, etc.). Eset – grâce à ses niveaux de défense plus élaborés – offre ainsi aux utilisateurs qui le désirent un contrôle absolu sur le système face aux vulnérabilités potentielles et une multitude de réglages avancés.
3. Oui, pour sa résistance face aux exploits
Seul antivirus du marché à avoir réussi plus de 100 fois le test VB100, Eset est généralement bien noté par les différents laboratoires sans obtenir nécessairement les meilleures notes. Tous les labos saluent cependant son très faible taux de faux positif, et les utilisateurs attentifs à ce critère devront considérer Eset en priorité. D’une manière générale la suite se montre inégale sur nos propres tests. Elle excelle sur la lutte contre les Banking Trojans et contre les attaques de type « Zero Day ». En matière de détection et réactivité des signatures, Eset fait un peu moins bien que l’an dernier et pas significativement mieux que Windows Defender (qui a bien progressé).
La suite est en progrès évident sur l’antiphishing, y compris sur les menaces françaises, mais sa défense manque encore beaucoup trop d’intelligence pour être en mesure de bloquer les sites inconnus de ses bases d’URLs malveillantes.
On notera au passage que ses divers boucliers défensifs n’ont que très peu d’impact sur le fonctionnement et les performances de Windows. ESET reste une suite légère avec une consommation mémoire modérée qui convient bien même aux PC anciens et d’entrée de gamme.
4. Oui, pour son antivol et son bouclier Android
Sur Mac, la licence multi device permet d’accéder à Eset Cyber Security Pro qui ajoute à l’antivirus un vrai pare-feu (avec des profils travail-maison-public et des modes automatique/interactif) ainsi qu’un contrôle parental basique (voir plus loin).
Eset fait totalement l’impasse sur iOS. En revanche, sa protection Android mérite largement le détour. C’est une suite très complète comportant un anti-malware, un anti-phishing, le blocage des SMS et des appels ainsi qu’un antivol. Comme chez les concurrents, une fonction permet d’auditer les apps installées pour vérifier les risques posés à votre vie privée. Et un contrôle parental de très bonne facture, avec pilotage à distance par le Web, est aussi proposé sous forme d’app supplémentaire (voir plus loin).
En 2018, l’antivol est aussi présent sur la version PC (autrefois la fonctionnalité n’était disponible que sur Eset Smart Security et pas sur Eset Multi Device). Un antivol sur PC reste une fonctionnalité extrêmement rare. C’est aussi l’une des originalités de la suite Eset qui peut motiver son acquisition. Cet antivol crée un compte spécial de verrouillage sur le PC. En théorie vous pouvez spécifier le nom associé à ce compte, mais, sur nos tests, c’est toujours un nom généré aléatoirement qui s’affiche. Si vous vous faites voler le PC, vous pouvez, depuis le site « Anti-theft.eset.com », verrouiller votre appareil. Eset commencera alors à suivre à la trace le PC égaré ou volé et à prendre régulièrement des photos à l’aide de la Webcam intégrée au PC ainsi que des captures d’écran. Il est aussi possible d’envoyer des messages à afficher sur un PC perdu. Seul bémol, le service a l’air très lent à réagir. Après une demi-heure d’attente, le PC n’était toujours pas verrouillé et ne s’est verrouillé qu’après redémarrage. Un redémarrage a également été nécessaire pour récupérer l’accès au PC après avoir indiqué par le Web que l’appareil avait été retrouvé.
5. Non, pour son manque de proactivité
D’une manière générale la suite d’Eset s’est solidement comportée sur nos tests nous rendant une machine relativement propre sans menace installée. Et si son HIPS fait souvent merveille, son fonctionnement « automatique » par défaut laisse encore quelques marges de manœuvre aux ransomwares et aux codes inconnus cherchant à pervertir la base de registres. Du coup la suite n’obtient sur nos tests qu’un score proactif honorable en mode « automatique » même si elle progresse sur nos tests ransomwares par rapport à l’an dernier. On l’a vu l’antiphishing manque aussi d’intelligence et ne voit aucun de nos sites factices ‘maison’. Bref, voilà un domaine sur lequel Eset peut progresser, notamment en renforçant légèrement le niveau défensif de son mode « automatique ».
6. Non, pour son approche multi-device pas assez poussée
L’autre défaut de la suite « Multi Device », c’est son manque d’unité entre les plateformes et une politique marketing assez incohérente. Car en réalité, « Multi Device » ne mérite pas vraiment son nom. Certes, Eset a un peu fait évoluer les choses. Désormais, sa licence « Multi Device » couvre effectivement deux appareils et non un seul, typiquement un PC et un smartphone Android. Mais chaque appareil supplémentaire fait lourdement enfler la facture. En outre, rien ne permet de piloter à distance toutes les protections depuis une console Web.
D’ailleurs, cette dénomination « Multi Device » ne désigne pas une vraie solution, mais simplement une licence qui permet ensuite d’installer l’outil de votre choix pour protéger votre PC Windows ou Linux, votre Mac, et vos tablettes et smartphones Android. Résultat, l’installation n’est pas une partie de plaisir. Une fois acquise la licence sur Internet, un écran vous accueille et vous propose une série de liens de téléchargements. Mais il n’est pas aisé pour l’utilisateur de savoir quoi installer sachant que la licence vous permet d’opter soit simplement pour l’antivirus NOD32 (mais vous avez payé pour bien plus), soit la suite Internet Security, mais pas la version Smart Security alors que le lien est proposé sur cet écran. Il en va un peu de même sur Mac où l’utilisateur peut choisir de se limiter à Cyber Security ou opter pour Cyber Security Pro en sachant qu’il a payé pour la version complète. L’idée de laisser choisir aurait pu être intéressante si la licence avait couvert un nombre illimité d’appareils comme le propose BitDefender (avec Family Pack) ou McAfee (avec Live Safe). Mais ce n’est pas le cas ici. Du coup, dès que l’on veut protéger plus d’un appareil, le rapport qualité/prix de l’offre Eset s’effondre.
Autre défaut, les protections n’ont aucune cohérence d’une plateforme à l’autre. Chaque produit est très différent et indépendant. L’exemple le plus typique concerne le contrôle parental. Ses versions Windows et Mac sont très basiques et limitées : pas de contrôle à distance, pas moyen de définir un même profil sur plusieurs appareils, pas de surveillance sans blocage, etc. Clairement, le contrôle parental de Windows 10 leur est en tous points supérieur ! À l’inverse, la version Android se montre beaucoup plus souple et conviviale. Elle permet de contrôler les applications utilisées et d’appliquer les réglages à tous les dispositifs Android utilisés par l’enfant au travers d’une console Web. Alors, forcément, on se demande bien pourquoi ce service n’est pas étendu au Mac et au PC. Bref, toutes ces incohérences commerciales ne servent ni le rapport qualité/prix de la suite ni l’utilisateur un peu trop ouvertement considéré comme un porte-monnaie.
Les autres versions
Au final, ESET Multi-Device se révèle plutôt moins fourni que la concurrence tout en affichant un prix que nous jugeons très excessif : presque 105 € pour protéger 5 appareils seulement, 146 € pour en protéger 7! En 2018, c’est du grand n’importe quoi ! Car au final, malgré le prix élevé exigé, on n’obtient pas la protection unifiée et centralisée du foyer que l’on recherche en acquérant une suite de sécurité. Dès lors, s’il faut acquérir Eset Multi Device uniquement pour protéger le PC, le coût du produit comparé aux défenses intégrées de Windows 10 se justifie difficilement, même si vous avez une utilisation intensive et avancée de l’ordinateur et du Web qui vous amène à prendre des risques.
Par ailleurs, on s’étonne de voir Eset continuer à refuser d’intégrer sa version Smart Security Premium dans l’édition Multi-Device. D’autant que cette version ajoute un gestionnaire de mots de passe et un outil de chiffrement de données bien trop minimalistes pour justifier la différence de prix. On a mieux en la matière ailleurs, même en gratuit.
Enfin, comme tous les autres éditeurs, Eset continue de proposer un antivirus NOD32, certes indispensable sur les versions antérieures de Windows, mais dont l’utilité sur Windows 10 nous laisse plus que perplexes.