Les chercheurs en intelligence artificielle de Meta se sont associés à une équipe de chercheurs spécialisée dans le cerveau et le langage pour arriver à décrypter et reproduire des phrases pensées par les participants à l’étude.
![Lire dans les pensées](https://www.tomsguide.fr/content/uploads/sites/2/2025/02/Copie-decran_20250211_093350-1200x854.png)
Le cerveau humain fascine, et de nombreuses recherches visent à y implanter des puces informatiques afin de le relier au monde extérieur. C’est le cas de Neuralink, entreprise dirigée par le milliardaire Elon Musk. Ce système aurait déjà permis à un patient de contrôler un système informatique par la pensée, et jouer au jeu vidéo Counter Strike 2.
D’autres chercheurs ont réussi une pousse en “lisant” les pensées de participants épileptiques à une étude, après implantation d’électrodes. Les électrodes devaient servir à calmer les crises d’épilepsie des participants. Elles ont ensuite servi à enregistrer l’activité cérébrale et à reconstituer des sons entendus par les personnes.
Bien entendu, l’inconvénient majeur de ces techniques est leur côté invasif. Dans les deux cas, des électrodes ou des puces doivent être implantées d’une manière chirurgicale au niveau du cerveau.
Et si une machine pouvait lire vos pensées d’une manière non invasive ?
C’est la percée incroyable réalisée par les équipes de recherche scientifique de Meta basées à Paris au Meta Fundamental Artificial Intelligence Research, ou FAIR. Ce centre de recherche fondamentale sur l’intelligence artificielle a ainsi réalisé, en partenariat avec le centre Centre Basque sur la cognition, le cerveau et le langage (Basque Center on Cognition, Brain and Language ou BCBL), des recherches visant sur l’intelligence avancée des machines.
Dans une publication du 7 février 2025 ils dévoilent des résultats sur le sujet de leur recherche “Utiliser l’IA pour décoder le langage à partir du cerveau et faire progresser notre compréhension de la communication humaine”.
Les chercheurs étudient depuis des années les ondes cérébrales afin d’essayer de les décoder et de repérer la perception des images et de la parole. Aujourd’hui c’est cette seconde partie qui a été atteinte.
Comme nous l’avons déjà indiqué, l’équipe a utilisé des techniques non invasives. Pour cela, ils ont développé une machine assez impressionnante dans laquelle le participant doit s’installer. Il s’agit d’une sorte de fauteuil couronné par une énorme coiffe associée à des électrodes externes apposées à divers endroits de la tête.
Lors de la première phase de l’étude, 35 participants volontaires se sont installés dans la machine située au BCBL. Les chercheurs ont alors enregistré et analysé leur activité neuronale pendant qu’ils tapaient des phrases sur un clavier.
Ces premières données (les ondes du cerveau et les mots et phrases tapées par les participants) ont permis de commencer à entraîner un modèle d’intelligence artificielle. Son but : reconstruire une phrase rien qu’en disposant des ondes cérébrales de la personne testée.
Les ondes cérébrales ont été enregistrées par deux techniques différentes : la magnétoencéphalographie (MEG) qui étudie les champs magnétiques de l’activité électrique du cerveau grâce au dispositif en forme de casque, et l’électroencéphalographie (EEG) qui étudie l’activité électrique directement grâce aux électrodes disposées sur la tête.
Lors de la deuxième phase, l’IA n’a eu accès qu’aux enregistrements de l’EEG et du MEG, sans connaître la frappe réelle réalisée sur le clavier par le participant. Le dispositif MEG a donné des résultats bien plus satisfaisants que l’EEG, permettant de décoder 80v % des caractères tapés.
Ce dispositif pourrait permettre de créer des interfaces cerveau/ordinateur non invasives qui permettraient à des personnes dont les capacités sont réduites (notamment qui ne peuvent pas parler), de communiquer de manière plus efficace avec leur environnement.
Une vidéo de présentation est disponible dans la publication, montrant la machine ainsi que son fonctionnement.
Bien entendu, ce dispositif présente encore des limites : l’EEG facilement transportable ne donne que des résultats médiocres, alors que le MEG en donne de meilleurs, mais nécessite une machine coûteuse qui prend de la place et qui ne peut s’installer que dans une salle magnétiquement blindée.
De plus, les chercheurs insistent sur le fait que cette première étude a été réalisée avec des personnes en parfaite santé, il reste à vérifier qu’avec des participants ayant subi un traumatisme au niveau du cerveau le résultat soit aussi efficace.
Cette étude aura par ailleurs permis “une avancée dans la compréhension des mécanismes neuronaux qui coordonnent la production du langage dans le cerveau humain”.
Des avancées impressionnantes qui laissent augurer un avenir intéressant en termes d’usage de l’IA dans le milieu médical, pour les patients souffrant de troubles graves.