Que se passe-t-il si un gène humain est remplacé par le même gène néandertalien ? La génétique est-elle à l’origine des différences neurologiques entre les Homo sapiens et l’Homme de Néandertal ? Voici ce que les chercheurs ont découvert.
Les Néandertaliens, dont l’espèce s’appelle Homo neanderthalensis, ne présentent pas de grosses différences avec les Homo sapiens. Et pour cause, les deux espèces ont cohabité pendant plusieurs milliers d’années avant la disparition de l’Homme du Néandertal il y a environ 40 000 ans. L’Homo antecessor qui vivait il y a 800 000 ans est leur ancêtre commun, comme cela a été récemment découvert grâce à la paléoprotéomique. Par conséquent, les deux espèces partagent un patrimoine génétique semblable. D’ailleurs, des versions de gènes néandertaliens se trouvent encore chez les humains modernes.
Une équipe internationale de chercheurs a voulu comprendre si la génétique est à l’origine des différences neurologiques entre les Homo Sapiens et les Néandertaliens. Pour y parvenir, ils ont cherché un gène commun aux deux espèces, mais de versions différentes. Sur les milliers de gènes, seulement 61 étaient compatibles.
Le gène néandertalien responsable d’une formation plus lente des cellules qui sont aussi plus petites
Les chercheurs ont choisi le gène NOVA1 pour leur expérience. Ils se sont d’ailleurs aperçus que sur 250 000 génomes humains d’une base de données, trois d’entre eux possèdent la version néandertalienne de NOVA1. Les différences entre les deux versions du gène sont relativement subtiles. Cependant, elles ont tout de même permis aux chercheurs de faire une découverte importante.
Pour réaliser leur expérience, les chercheurs ont prélevé des cellules de deux personnes différentes pour les transformer en cellules souches. Ils ont ensuite remplacé la version humaine du gène NOVA1 par sa version néandertalienne pour observer les conséquences. L’étape suivante était de former des neurones du cortex cérébral avec ces cellules souches modifiées. Ainsi, les chercheurs ont découvert que les cellules neurales formées avec le gène néandertalien étaient plus petites. Elles se sont aussi développées plus lentement. Cela a donc prouvé que le gène néandertalien était responsable d’avoir modifié le comportement des cellules souches converties en cellules nerveuses.
De plus, d’autres gènes ont également été impactés par la présence du gène néandertalien. Les connexions entre les cellules nerveuses se sont aussi révélées différentes. Les chercheurs ont effectivement identifié une faible coordination des cellules nerveuses ainsi que la présence de signaux émis au hasard. Bien entendu, les chercheurs ont tenu à rappeler que cette modification génétique ne signifie pas forcément que les cerveaux des Homo sapiens et des Néandertaliens sont fondamentalement différents. Des études encore plus approfondies vont être menées. Elles permettront de mieux comprendre la différence entre les cerveaux humains et néandertaliens.
Source : Ars Technica