Les astéroïdes interstellaires sont rares et difficiles à observer. Une étude franco-brésilienne vient pourtant de montrer qu’une vingtaine d’entre eux sont sous nos yeux depuis des milliards d’années. Parmi les centaures qui orbitent entre Jupiter et Neptune, certains proviennent en effet d’autres systèmes.
Depuis environ 4 milliards d’années, le grand bombardement tardif façonne les planètes du Système solaire à partir des restes du disque protoplanétaire. Si l’érosion de l’eau et de l’atmosphère ont largement pansé les plaies sur Terre, les surfaces de la Lune et de Mars en gardent encore les stigmates. Malgré le grand nombre d’astéroïdes et de comètes encore présents dans la ceinture principale et au-delà de Neptune dans la ceinture de Kuiper, notre système est arrivé à un équilibre qui limite les collisions.
Les objets interstellaires qui pourraient venir rompre cette harmonie relative sont très rares. Les astronomes ont pu en observer qu’à deux reprises avec le passage de 1l/Oumuamua en 2017, et plus récemment avec la découverte de la comète interstellaire 2l/Borissov. Pourtant une nouvelle étude montre qu’au moins 21 astéroïdes interstellaires sont sous nos yeux depuis des milliards d’années.
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Des astéroïdes interstellaires cachés entre Jupiter et Neptune
Les centaures sont des corps glacés qui orbitent autour du soleil entre Jupiter et Neptune. Généralement de petite taille, ils peuvent néanmoins mesurer plusieurs centaines de kilomètres de diamètre. Ces objets présentent la particularité de se mouvoir selon des orbites chaotiques qui évoluent rapidement lorsqu’ils se rapprochent de l’une des géantes du système solaire. On a longtemps pensé qu’ils avaient été arrachés à la ceinture de Kuiper pour expliquer l’inclinaison de leur orbite par rapport au plan du système solaire.
À partir de simulations de la formation de notre système, les docteurs Fathi Namouni de l’Observatoire de la Côte d’Azur et Maria Elena de l’Université d’État Pauliste au Brésil ont pu établir que certains centaures proviennent d’autres systèmes. Selon leur modèle, les étoiles de la Voie lactée étaient beaucoup plus proches les unes des autres il y a 4 milliards d’années. Par conséquent, elles exerçaient une force gravitationnelle beaucoup plus importante entre elles, suffisante pour capter les astéroïdes de leurs voisines.
La proximité des étoiles signifiait qu’elles ressentaient beaucoup plus fortement la gravité des autres à l’époque qu’aujourd’hui. Cela a permis de tirer les astéroïdes d’un système stellaire à un autre.
Dr Fathi Namouni
L’identification de ces astéroïdes représente une avancée importante qui met des corps interstellaires à notre portée. Leur étude permettra de mieux comprendre la formation des systèmes planétaires, et le rôle qu’ils ont pu jouer dans l’enrichissement chimique et l’évolution de notre système solaire.
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Source : Space