Diversification vers des produits plus écolos, transformation des processus de production, implication du personnel… Acer a choisi de communiquer depuis Dubaï où se tient la COP28 pour démontrer son engagement pour l’environnement.
Le constructeur taïwanais a décidé de communiquer pendant la COP28 depuis Dubaï. Une décision largement débattue en interne tant le choix de ce pays producteur de pétrole pour présider un sommet sur l’écologie est contesté. Pourtant Acer assume ce choix. Qui se souvient de la COP27 organisée par l’Égypte ? Pas grand monde. Alors, tant pis si des critiques s’élèvent, l’important est d’être entendu et de pouvoir afficher son engagement pour la préservation de l’environnement.
L’écologie comme relai de croissance
Mais les enjeux écologiques ne sont pas la seule motivation du groupe. Le marché du PC (cœur de l’activité d’Acer) s’inscrit nettement dans une tendance baissière, il faut donc aller chercher des relais de croissance ailleurs. Le Président Directeur général d’Acer, Jason Chen, a souhaité que cela se fasse en allant vers plus de produits compatibles avec le développement durable et la préservation de l’environnement. Ainsi vélos électriques, stations électriques mobiles et panneaux solaires ont fait leur entrée.
Au-delà d’un choix de nouveaux produits en cohérence avec l’écologie, le constructeur taïwanais s’est engagé dans un processus impliquant des efforts de ses salariés et de ses prestataires mais aussi de grands changements sur toute sa chaine de production.
Acer adhère notamment à diverses initiatives comme la RE100 qui regroupe des entreprises internationales (dont Google, Apple, Ikea…) qui ont pris l’engagement de s’approvisionner à 100% avec des énergies renouvelables d’ici 2035.
Mais ce n’est pas le seul objectif fixé par le constructeur qui annonce par ailleurs vouloir atteindre au moins 20 à 30% de plastique PCR (recyclés) dans ses écrans et ses ordinateurs en 2025, ou encore, réduire de 45% la consommation énergétique de ses produits d’ici 2025 par rapport à 2016.
Le Vero porte étendard de l‘engagement écologique d’Acer
Produit emblématique de cette volonté environnementale du constructeur, l’ordinateur portable Vero dont Acer a dévoilé à Dubaï le nouveau modèle 16 pouces embarquant la dernière génération de processeur Intel. Le fondeur a d’ailleurs dû accepter que sa célèbre étiquette (Intel Inside) ne soit pas collée dessus.
En effet, ajouter une étiquette au bilan écologique passable n’aurait pas convenu à un ordinateur qui incorpore 60% de plastique recyclé dans son châssis, n’intègre aucun polluant, est transporté dans des emballages 100% recyclés par des prestataires utilisant du biocarburant.
Mais le grand public est-il prêt à suivre et à payer plus cher pour avoir des produits respectueux de l’environnement ou affichant un bon indice de réparabilité (loi en vigueur depuis le 1er janvier 2021) ?
Ces arguments ne vont pas convaincre tout le monde. Emmanuel Fromont, Corporate Vice President d’Acer, nous le confirme : « la gamme Vero ne représente que 2 à 5% des ventes de PC portables mais en nombre d’unités vendues dans le monde, cela représente plusieurs dizaines de milliers d’unités ».
Les ultraportables, peu compatibles avec l’écologie
Toutefois, décliner la formule du Vero sur les autres catégories de produits n’est pas aisé. Ainsi, les gammes d’ordinateurs ultraportables comme le Swift sont encore loin de correspondre à ces nouveaux standards. Le châssis est en aluminium, un matériau moins polluant mais dont le recyclage l’est en revanche beaucoup plus. De même lorsque l’espace est réduit et les composants largement collés, la réparabilité du produit en prend un coup.
Acer ne s’interdit pas de mettre sur le marché des produits qui n’auront pas le même bilan écologique ou un aussi bon indice de réparabilité. « Si vous obtenez un 7 ou un 8 c’est bien, mais si c’est 5, on ne va pas s’interdire de sortir un produit, » précise Emmanuel Fromont. Alors que le Vero obtient systématiquement des notes de réparabilité au-dessus de 8 les Swift doivent se contenter d’un 6,7.
Les entreprises bientôt contraintes d’acheter des produits respectueux de l’environnement ?
Un petit coup de pouce pourrait venir du marché professionnel. En effet, les entreprises devraient être, sous la contrainte, les premières intéressées par des ordinateurs plus verts.
En France, depuis 2012, la loi demande aux entreprises de plus de 500 salariés (250 pour le secteur public) de chiffrer leurs émissions de gaz à effet de serre.
Aujourd’hui les entreprises qui ne se conforment pas à ces exigences ne risquent pas grand-chose. En effet, une amende de 10 000 ou 20 000 euros a peu de chance d’avoir un impact sur de grands groupes.
Mais le sujet prend de l’ampleur et les choses pourraient bien changer. Pour Emmanuel Fromont, on peut faire un parallèle avec le GDPR (loi sur la protection des données personnelles) où les amendes, qui peuvent représenter jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires, sont nettement plus dissuasives.
Un dispositif similaire imposé aux entreprises en matière de bilan carbone pourrait faire radicalement évoluer les choses. On en est encore loin car pour le moment seule l’Europe adopte des règlements contraignants.
Et si la législation se durcit, Acer sera en bonne position car le constructeur a pris une longueur d’avance notamment en ce qui concerne la mesure du bilan carbone. Le fabricant s’appuie sur la norme PAS 2060 qui permet d’évaluer son bilan carbone et celui de ses produits. Un outil qui pourrait séduire de nombreuses entreprises soucieuses de se simplifier les calculs.