Même s’ils ne rencontrent pas encore le même succès que les trottinettes électriques, les gyroroues séduisent de plus en plus de citadins. Il faut dire que ces engins disposent d’atouts certains. D’abord, ils sont extrêmement compacts, rien n’empêche de les emporter dans les transports en commun. Ensuite, leur autonomie est souvent énorme, au point qu’on peut les utiliser plusieurs jours sans les recharger. Enfin, ils sont très agréables à conduire, une fois qu’on en maîtrise le fonctionnement. Ce qui n’est pas évident.
Les adeptes de ce nouveau mode de transport, que nous avons rencontrés, ainsi que les membres de la rédaction qui les ont testés, reconnaissent avoir éprouvé pas mal de difficultés (et parfois quelques grosses frayeurs) durant les premières heures d’utilisation. Et il leur a fallu environ une vingtaine d’heures pour être enfin à l’aise et prendre du plaisir dans la conduite. Mais alors, quel plaisir : impression de glisser, fluidité des mouvements, sensation de légèreté… voilà les commentaires qui reviennent le plus souvent parmi les utilisateurs, et qui font oublier tous les efforts déployés pour maîtriser la bête. Apparues en 2011 sous la marque Solowheel, les gyroroues (ou monoroue, monocycle électrique ou roue électrique) sont aujourd’hui commercialisées par de nombreux constructeurs tels Gotway, InMotion, Ninebot (Segway) ou encore Kingsong. La multiplication des acteurs s’est accompagnée d’une importante diversification de l’offre.
Aujourd’hui on trouve des dizaines de modèles de roues électriques, affichant des caractéristiques souvent très différentes, tandis que les prix s’échelonnent de quelques centaines jusqu’à plusieurs milliers d’euros ! Dans ces conditions, mieux vaut ne pas se tromper au moment de choisir sa monture. C’est tout l’objet de ce guide. Les différents critères que nous avons retenus vont vous aider à choisir la gyroroue qui convient à vos habitudes de déplacement ainsi qu’à votre morphologie… mais aussi à votre personnalité : plutôt prudent, pressé, sportif ou carrément casse-cou.
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Nos modèles préférés
La Gotway MCM4 est une roue très réussie, probablement le meilleur choix du moment en 14 pouces. Puissante, plutôt jolie et bien finie elle offre un plaisir de conduite certain. Elle conviendra davantage aux wheelers qui ont déjà un peu d’expérience, contrairement à une Ninebot One E+ plus adaptée aux débutants. Le modèle de 340Wh que nous avons testé offre sans doute le meilleur compromis poids/autonomie/prix mais la roue électrique existe également en 130Wh, 260Wh et 680Wh.
Type | Gyroroue |
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Poids | 12 kg |
Autonomie | 32 km |
Temps de charge | 2 heures |
Puissance | 800 W |
Vitesse Max | 25 km/h |
Aussi maniable qu’agréable, la Ninebot One E est une très bonne gyroroue. A moins de 1000 euros, elle est aujourd’hui celle qui offre le meilleur rapport qualité/prix. Sa facilité de prise en main et son design très travaillé compensent son relatif manque de puissance et d’autonomie. En revanche son « surpoids » ne saura être compensé que par l’achat d’un très onéreux trolley (100 euros). Apprendre à faire de la gyroroue peut être difficile. Assurément, apprendre avec une Ninebot One E rend la tâche moins complexe.
Type | Gyroroue |
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Poids | 14,2 kg |
Autonomie | 35 km |
Temps de charge | 4 heures |
Puissance | 1500 W |
Vitesse Max | 22 km/h |
La puissance et la vitesse
Exprimée en watts, elle détermine la vitesse et le couple, autrement dit l’aptitude de l’engin à mettre en mouvement une charge lourde, y compris en montée. Si vous pesez moins de 75 kilos, une roue offrant 500 watts de puissance s’avèrera suffisante pour faire face à la majorité des situations. En revanche, un grand gabarit risque d’être à la peine dès qu’il s’agira de gravir une pente un peu raide. En outre, l’autonomie s’en trouvera sensiblement réduite. Dans ce cas, mieux vaut opter pour un moteur de 800 watts, certes plus coûteux (comptez 800 euros au minimum), mais nettement plus confortable à l’usage. Et la vitesse ? Eh bien elle dépend aussi de la puissance du moteur. Elle s’élève au minimum à 18 ou 20 km par heure (ce qui offre déjà de bonnes sensations), mais peut dépasser les 40 km par heure sur les modèles les plus performants équipés de moteurs de 1500 watts, à l’instar de la Gotway ACM 16.
Attention, gardez à l’esprit que la législation actuelle assimile les utilisateurs de gyroroues à des piétons. A ce titre, ils doivent circuler sur les trottoirs uniquement, et à une vitesse maximale de 6 km/h. Rouler plus vite n’est autorisé que sur piste ou voie privée. Aujourd’hui, la tolérance reste de mise (même si des utilisateurs ont été verbalisés pour avoir circulé à vive allure sur piste cyclable). Mais dès 2018, l’encadrement de ces nouveaux moyens de transports va devenir plus strict, sur le modèle de la législation qui régit l’utilisation des vélos électriques. Les futures gyroroues devront être bridées de manière à ne pas dépasser les 25 km par heure. C’est d’ailleurs la raison qui pousse un nombre croissant de constructeurs à brider la puissance des gyroroues, ou à intégrer une alarme (en général désactivable) qui se déclenche en cas de dépassement de la vitesse autorisée. A savoir, certains modèles disposent de la fonction « tilt-back » : quand la vitesse est trop élevée, les pédales se redressent pour forcer l’utilisateur à ralentir.
L’autonomie
Pas de jus, pas de mouvement ! Contrairement à la trottinette qu’on peut continuer d’utiliser une fois la batterie déchargée, la gyroroue devient un poids (lourd) mort. L’autonomie de l’engin dépend à la fois de la puissance du moteur, indiquée en watts, et de la capacité de la batterie, qui s’exprime en watts-heure. Les modèles d’entrée de gamme telle que la InMotion V5 144Wh ou la Fastwheel eva classic affichent une autonomie maximale de 10 à 15 km. C’est peu, d’autant que ces chiffres correspondent à une utilisation sur terrain parfaitement plat, sans vent, par un utilisateur de corpulence moyenne roulant à une vitesse réduite, en général 10 km par heure. En pratique, de telles conditions ne se rencontrent pas fréquemment. Il est donc essentiel de vérifier l’autonomie moyenne. Elle ne figure pas parmi les caractéristiques, mais un vendeur sérieux vous renseignera à ce propos. Pour un usage quotidien, et notamment un trajet domicile-travail, une autonomie moyenne de 15 kilomètres constitue un minimum, sauf à recharger la batterie entre deux trajets. Il faudra dans ce cas acheter un chargeur optionnel (comptez de 50 à 100 euros), que vous laisserez par exemple sur votre lieu de travail.
la e-Balance Wheel MonoRover M.1 de Viron
Évidemment, plus on monte en gamme, plus l’autonomie grimpe… tout comme le poids, et bien entendu, le prix. En effet, la batterie est, avec le moteur lui-même, la pièce la plus coûteuse. Une gyroroue offrant une autonomie maximale de 30 km, telle que la GotWay MCM4 HS, coûte ainsi près de 1000 euros, et pour grimper à 50 km (Kingston 16B, par exemple) il faut débourser 1200 euros environ. Notez que sauf exception, la puissance du moteur augmente avec l’autonomie de la batterie. Sachez enfin qu’une batterie s’use avec le temps. Son autonomie baisse, et après environ 1000 cycles de charge, il faut la remplacer. Et le prix est proportionnel à la puissance : comptez de 350 à 800 euros suivant les modèles. Attention, certains vendeurs appliquent une durée de garantie moindre pour la batterie que pour la gyroroue, par exemple six mois au lieu de douze ou vingt-quatre.
Le poids
Au cours des déplacements, il est fréquent de devoir porter sa roue, que ce soit pour emprunter les transports en commun ou grimper un escalier. Or le poids de certaines gyroroues peut s’avérer contraignant. Celui-ci est principalement lié à la batterie (plus elle est puissante, plus elle est lourde) ainsi qu’au diamètre de la roue. Avec leurs 12 kg environ, les InMotion V5+, Solowheel S300 ou Ninebot One S2 restent relativement faciles à transporter, du moins sur de courtes distances. De son côté, la KingSong 16B et sa batterie de 680 Wh affiche plus de 16 kg sur la balance. Ça commence à être beaucoup, mais elle a au moins l’avantage d’intégrer une poignée rétractable, qui permet de la déplacer comme une valise. Un accessoire absent sur la KingSong 18B qui pèse pourtant 18 kg (le nom n’est pas lié au poids, mais au diamètre de la roue). Et il y a plus lourd encore : la Gotway Monster et sa batterie de 2400 Wh pèse 28 kg ! Tenez en compte, si vous habitez en étage élevé dans un immeuble sans ascenseur !
La S300 de Solowheel
La taille des roues
La majorité des gyroroues sont équipées de roues gonflables de 14, 16 ou 18 pouces. Les roues de 14 pouces sont réputées plus nerveuses, mais aussi plus maniables. Les gyroroues qui en sont équipées sont en général relativement légères. Elles sont aussi souvent les moins onéreuses. En revanche, en raison de leur petite taille, elles n’absorbent pas les défauts de la chaussée avec la même efficacité que les roues plus grandes. Ainsi, la conduite sur les graviers peut se révéler pénible à la longue. Pour cette raison, un essai avant l’achat est fortement recommandé, si les trajets prévus comportent des passages difficiles. C’est d’autant plus vrai si vous souhaitez investir dans un modèle équipé d’une roue de 10 ou 12 pouces, comme la GotWay Luffy Mten 10 ou la Fastwheel Eva Classic.
La Ninebot One E+ by SegwayLes roues de 16 pouces sont les mieux adaptés aux déplacements urbains. Plus confortables que les 14 pouces, elles permettent aussi une conduite très souple. Elles sont évidemment un peu plus encombrantes et lourdes. A fortiori, les 18 pouces sont les plus agréables. Elles s’adressent en priorité aux utilisateurs effectuant des trajets quotidiens longs, ou qui empruntent des routes cahoteuses, voire des chemins de terre. Leur grande taille facilite aussi le franchissement de petits obstacles. Bien sûr, ce sont les plus lourdes, mais aussi les plus chères. Difficile de trouver un modèle en-dessous de 1100 euros.
L’équipement et les accessoires
De nombreuses roues électriques disposent d’une application pour smartphone (Ios ou Android) qui permet de régler différents paramètres, à commencer par les niveaux d’activation des alarmes sonores (batterie, limitation de vitesse, activation du tilt-back…). L’application, qui communique avec la roue par Bluetooth, peut aussi afficher en temps réel des informations telles que le niveau de charge de la batterie, la vitesse moyenne, ou le nombre de kilomètres parcourus. Enfin, elle permet de mettre à jour le logiciel interne en cas de besoin, et parfois de modifier le comportement du véhicule, ou la limite de vitesse maximale. Un nombre croissant de modèles disposent d’un éclairage, voire d’un feu stop, bien pratique pour circuler de nuit, mais ça n’est pas encore systématique. Original, quelques gyroroues, par exemple les Inmotion V3S ou Kingsong KS-16B, intègrent une ou deux enceintes Bluetooth permettant d’écouter de la musique en balade. Au niveau des accessoires, l’offre est réduite. Certaines gyroroues peuvent être équipées en option d’une poignée de type « trolley » pour le transport à la main. Des housses de protection sont aussi proposées par la plupart des fabricants.
La poignée de transport InMotion.
Le SAV
Comme tout appareil électrique, une Gyroroue peut tomber en panne. Cela dit, de l’avis des utilisateurs, mais aussi des revendeurs que nous avons contactés, il s’agit d’un produit fiable, lorsqu’il est utilisé de façon raisonnée. Stéphane, responsable de la boutique E-roue, à Paris insiste : « De nombreuses pannes sont la conséquence d’une mauvaise utilisation de la roue. Par exemple, sauter systématiquement du haut de trottoirs de 20 cm de haut finit par provoquer une torsion des pédales. Et si elles ne sont pas remplacées rapidement, l’axe du moteur peut être endommagé ». Celui-ci coûte environ 450 euros, mais les prix peuvent vite grimper, notamment sur les modèles équipés de roues de 18 pouces. Stéphane cite aussi le cas de cartes mères grillées à la suite d’infiltrations d’eau causés par des conduites répétées dans la boue ou dans les flaques d’eau. Cela dit, la panne la plus fréquente reste la crevaison. Mais dans tous les cas, le changement de la chambre à air, voire du pneu, sont des opérations qui s’effectuent aisément en SAV, voire par l’utilisateur lui-même.