Clearview AI fournit aux autorités américaines un service de reconnaissance faciale piloté par une IA qu’elle compte aussi ouvrir au public. Pour être aussi efficace, l’entreprise a constitué une gigantesque base de données en récupérant illégalement des photos et des données personnelles sur internet.
La reconnaissance faciale se développe à une vitesse exponentielle. Si la technologie permet de rendre de nombreux services au quotidien ou dans le cadre d’enquêtes officielles, elle revêt également des aspects inquiétants. Sous couvert de protéger les personnes et les biens, des communautés et des états l’utilisent pour organiser un système de surveillance généralisé ou pour stigmatiser une partie de la population.
En Afrique du Sud, on observe une nouvelle forme d’apartheid avec le développement de sociétés privées telles que Vumacam qui déploient la fibre optique gratuitement dans les beaux quartiers à condition de l’accompagner de systèmes de surveillance intelligents . La Chine utilise aussi massivement la technologie pour identifier les criminels et les « indésirables » du régime. Elle équipe notamment ses policiers de lunettes à reconnaissance faciale, et récemment la reconnaissance faciale est devenue obligatoire pour se procurer un smartphone.
Même avec les meilleures intentions, la technologie pose toujours de graves questions sur les libertés individuelles. Cet été l’Australie a envisagé d’utiliser la reconnaissance faciale pour limiter l’accès aux sites pornographiques. À cette occasion, on a pu découvrir que le gouvernement étudiait un projet de loi pour généraliser son usage et partager sa base de données avec des opérateurs privés. Un article paru hier dans le New York Times relance la polémique en dévoilant les activités et les intentions d’une startup : Clearview AI
Microsoft refuse de vendre sa technologie de reconnaissance faciale
Clearview AI : 3 milliards d’images volées en font le système de reconnaissance faciale le plus efficace du monde
Peu connu du grand public, Clearview AI travaille pourtant déjà avec près de 600 agences gouvernementales américaines, notamment le FBI. S’ils ont choisi Clearview AI, c’est à cause de l’efficacité de son intelligence artificielle qui est capable de reconnaitre un visage partiellement masqué. Mais c’est aussi à cause de sa gigantesque base de données. Avec 411 millions de photos, le FBI est l’agence qui dispose de la plus grande collection d’images dédiées à la reconnaissance faciale. Clearview AI en possède 3 milliards.
En toute illégalité, la société a récupéré toutes les informations qu’elle pouvait sur internet pour disposer d’un gigantesque volume d’images, mais aussi d’informations confidentielles. Une base de données qui ne cesse de s’enrichir puisque les autorités américaines la complètent en envoyant des images à chacune de leurs recherches.
Certaines villes américaines ont pris des mesures pour limiter ou interdire l’usage de cette technologie. San Francisco a notamment interdit la reconnaissance faciale. Des initiatives qui paraissent néanmoins assez vaines. Avec l’aide d’internet, l’entreprise peut se vanter d’être désormais capable de donner le nom et l’adresse de pratiquement n’importe qui avec un taux de réussite de 75 %. Plus inquiétant, Cleraview AI compte rendre accessible son service au public.
Une loi fédérale pourrait bientôt mettre un terme au dérives. 15 millions d’Américains ont invité le Congrès à l’interdire, et une commission étudie actuellement quelles dispositions prendre pour contrôler son usage, y compris par des agences gouvernementales.
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Source : New York Times