En Allemagne, plusieurs centaines de fidèles ont assisté à une drôle de messe. Celle-ci était animée par des avatars déclamant un sermon écrit quasiment exclusivement par ChatGPT. Mais l’assistance a trouvé le discours bien trop impersonnel.
Il est recommandé d’attribuer une fonction précise à ChatGPT afin d’obtenir des résultats plus pertinents. Cette technique de prompt a été utilisée par l’universitaire Jonas Simmerlein chargé de mener une expérience originale mêlant intelligence artificielle et foi chrétienne. Le philosophe et théologien a fait écrire un sermon au chatbot en lui ordonnant d’articuler son texte comme un prêtre.
L’objectif était d’animer le Deutscher Evangelischer Kirchentag, un événement biennal populaire qui se déroule à Nuremberg. Cette année, les thèmes abordés incluaient notamment le changement climatique, la guerre en Ukraine et… l’intelligence artificielle. Laquelle a donc été au cœur du service religieux, Simmerlein assurant que ChatGPT avait écrit 98 % du discours.
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ChatGPT est capable d’écrire un sermon protestant
Voici le prompt qu’il a dégainé pour arriver à ses fins :
“Nous sommes à un congrès de l’Eglise, tu es un prêtre. A quoi ressemblerait le service religieux ?” a-t-il demandé à ChatGPT avant d’exiger d’intégrer des psaumes, des prières et une bénédiction finale dans le sermon. Le robot conversationnel devait également articuler son discours autour du thème suivant : “Le moment est venu”.
D’après l’universitaire, ChatGPT a fini par fournir “un service religieux assez solide” en développant l’idée qu’il fallait absolument laisser le passé derrière et se concentrer sur le présent. La célèbre IA a également exhorté les fidèles à ne pas craindre la mort et à conserver leur foi en Jésus-Christ. Projetés sur un écran géant, quatre avatars ont déclamé à tour de rôle le discours et les prières pendant le service qui s’est étalé sur près de 40 minutes.
En fin de compte, l’assistance a été plutôt décontenancée par le côté trop impersonnel de la démarche, l’IA ne transmettant aucune émotion palpable. “Il n’y avait ni cœur ni âme”, a déploré Heiderose Schmidt, 54 ans, cité par l’agence AP. “Les avatars ne montraient aucune émotion, n’avaient aucun langage corporel et parlaient si vite et de façon monotone qu’il m’était très difficile de me concentrer sur ce qu’ils disaient”.
Cette expérience montre bien que malgré ses compétences élargies, ChatGPT a ses limites. “Le pasteur est dans la congrégation, vit avec eux, enterre les gens, les connaît depuis toujours”, résume Simmerlein. “L’intelligence artificielle ne peut pas faire cela. Elle ne connaît pas la congrégation.”
Ce n’est pas la première fois que le chatbot est utilisée à des fins mystiques. Sous l’impulsion d’un écrivain, ChatGPT avait créé une religion avec des textes fondateurs et des coutumes.