Onclusive est une société de veille média située à Courbevoie en France. L’entreprise a pris une décision inédite, remplacer plus de la moitié de ses employés par une IA. Depuis, elle est touchée par du review bombing sur Google.
L’intelligence artificielle prend une place importante dans nos quotidiens. Les prouesses impressionnent comme lorsque ChatGPT repère la maladie d’un enfant que des médecins n’ont su déceler. Mais parfois, c’est pour le pire. L’entreprise Onclusive (ex Kantar Media) située à Courbevoie prévoit de licencier 217 de ses employés (sur 383 personnes) pour les remplacer par une IA.
La société est spécialisée dans la veille média, l’analyse média ou encore les outils de RP. Elle s’engage à « soutenir pleinement » les salariés renvoyés et à faire appel à une « entreprise spécialisée dans le reclassement » pour « proposer à chaque personne concernée des solutions sur mesure ». Toujours est-il que cette décision est forcément très dure à encaisser pour les collaborateurs.
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Un employé touché témoigne dans nos colonnes
Tom’s Guide a notamment pu échanger avec l’un des employés touchés par ce remplacement, Jérôme (le vrai nom de l’employé a été anonymisé). Les syndicats ont averti les travailleurs de cette décision cet été sans en préciser l’ampleur.
Le pôle audiovisuel rédige les synthèses de reportages télévisés, radiophoniques ou d’articles diffusés sur un écran qui numérise les chaînes. Jérôme les corrige puis transfère un PDF aux clients, parmi lesquels on retrouve notamment Total et différents ministères dont celui des Armées.
Jérôme nous apprend que Onclusive « a développé une solution appelée Critical Mention qui s’appuie sur l’IA pour retranscrire mot à mot ce qui provient de la télévision et de la radio » en juin 2022. Selon lui, « c’est assez correct et plutôt bien rédigé », mais « ça reste du mot à mot, la syntaxe est inexacte, souvent au niveau des noms ukrainiens ou russes ».
Utilisé jusqu’alors « en cas de secours », l’outil sera opérationnel « quand ils auront supprimé les services », anticipe-t-il. Si Jérôme trouve que certaines de ses tâches peuvent être automatisées, il partage ses doutes à propos du tri : « Je ne sais pas si l’IA sera capable de le faire ».
Onclusive promet d’accompagner ses employés licenciés dans leur reconversion. À ce propos, Jérôme n’en sait pas plus mais précise que « 23 postes vont être créés ». La suite pour l’employé ? « Idéalement, j’aimerais bien rester mais je ne sais pas si ces postes seront intéressants. Est-ce que demain, ce sera mieux que ce que je fais ? Puis on ne connaît pas les conditions de travail, le salaire ». Selon lui, il y aura moins de travail de nuit avec la présence de l’IA.
Même les postes à responsabilité sont impactés. Les cadres, les chefs de groupe audiovisuels ou encore le responsable de département de Jérôme seront également remplacés.
Onclusive touché par un review bombing sur Google
En juin 2024, l’IA prendra la place des employés qui réalisent des veilles médiatiques pour des clients et entreprises. Selon Onclusive qui défend sa décision, il s’agit d’une avancée en termes de fiabilité et de rapidité. Bien évidemment, les représentants du personnel ne partagent pas cette position.
De leur côté, les internautes s’y opposent massivement puisqu’au moment où ces lignes sont rédigées, la société affiche une note de 1,7/5 sur Google. Des notations récentes en réaction à ce remplacement largement médiatisé.
« Des IA à la place d’humains ? En plus vous allez les licencier », « entreprise inhumaine », « L’avenir du monde ? Vous êtes sérieux ? », « Courage aux 200 salariés remplacés par une IA », beaucoup d’internautes partagent leur sidération face à la décision prise par Onclusive.
Ce cas est inédit en France même si des situations similaires ont eu lieu dans d’autres pays. Un patron indien avait notamment sauté le pas et reçu le même accueil glacial de la part des internautes qui s’inquiètent, à raison, de leur avenir professionnel face à l’émergence de l’IA.
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