En octobre dernier mon équilibre numérique a vacillé, basculé même. Il y a sept ans je quittais BlackBerry et Android pour passer à l’ennemi avec un iPhone 4 flambant neuf. Une petite révolution personnelle qui m’accrocha à Apple jusqu’à acquérir tour à tour des iPad puis des MacBook. Toutes ces années durant, je n’avais jamais fait aucune infidélité à la firme de Cupertino, transformant et faisant évoluer tout mon matériel sous le signe de la pomme croquée.
Mais mon écosystème si bien réglé à volé en éclats il y a quelques semaines. Je suis passé à Android. Une véritable révolution qui n’a été possible à mes yeux que par un modèle : le Pixel 3 de Google. Aucun autre smartphone Android ne s’était attiré mes faveurs jusqu’alors, malgré les atouts indéniables de certains. Avec lui, c’était un coup de foudre pour son design, mais aussi pour Android Stock, sobre et épuré, et son appareil photo.
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De là est née l’idée de mener une expérience sur un mois pour voir si je pouvais me passer d’un iPhone ou si je m’empresserais d’en reprendre un dès le test achevé. Durant cette période j’ai pu mesurer les avantages et les inconvénients de ce grand bouleversement, d’autant plus que dans l’aventure j’ai également embarqué ma femme, pas du tout technophile, mais #teamiPhone depuis des années. L’effet de mode.
La migration sur un Pixel, le pied !
Avant toute chose, il m’a fallu transférer les données de mon iPhone vers le Pixel. Des dizaines de gigaoctets que je ne voulais pas perdre, notamment mes messages. Une opération qui contre toute attente s’est déroulée sans accroc grâce au système de transfert utilisé par Google dans ses Pixel. L’adaptateur USB vers USB-C inclus dans la boîte suffit à raccorder l’appareil à un iPhone via son câble Lightning. La copie va alors chercher toutes les données de messagerie, mail, comptes, messages, photos, etc. Même les applications sont en partie récupérées, Android allant chercher sur le Play Store les correspondances avec celles présentes sur l’iPhone. Mis à part quelques ratés ici, tout y était.
Aux forceps pour passer d’un iPhone à un Sony Xperia XZ3
Après les bons résultats de la migration vers un Pixel, j’ai entrepris la même opération avec un Xperia XZ3 pour ma femme. Que n’avais-je pas voulu faire ! Dans sa surcouche, Sony intègre bien un outil de transfert de données depuis iOS. Nommé Xperia Transfer Mobile, il fonctionne par câble ou par Wi-Fi. J’ai tenté les deux méthodes, mais dans les deux cas, l’analyse des fichiers de l’iPhone, un SE de 64 Go, a été interminable. J’ai abandonné après plusieurs heures.
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J’ai ensuite essayé de passer par le logiciel d’administration Xperia de Sony, depuis un PC. Même problème. Au final, je n’ai pas trouvé mieux que de transférer les données de l’iPhone vers un Pixel 3 XL, puis de faire une sauvegarde Cloud de celui-ci avant de la réinjecter dans le XZ3. Une méthode farfelue qui a fonctionné, mais heureusement que j’avais un autre smartphone de Google sous la main.
Bien entendu, cette mauvaise expérience ne concerne que le XZ3. D’autres modèles ou les outils de transfert d’autres constructeurs auraient pu donner un meilleur résultat.
Ce que j’ai perdu dans la bataille
Si la migration d’iOS vers un Pixel s’avère être particulièrement rapide et facile à entreprendre, elle oblige à en passer par quelques ratés. Il est déjà exceptionnel que les deux systèmes puissent ainsi communiquer, aussi faut-il s’attendre à perdre quelques données dans l’histoire.
Pour ma part, la liste est assez courte. J’ai tout d’abord perdu mes conversations Whatsapp. Si les groupes peuvent être récupérés, leurs contenus ne sont pas transférés d’iOS vers Android, et inversement d’ailleurs. Il existe bien des applications tierces qui permettraient de passer cette limitation cross-plateforme, mais elles sont payantes (environ 10 € via dr.fone) et je n’ai pas souhaité y recourir.
Second point, quelques applications que j’avais sur iOS n’ont pas été portées sur Android. Impossible donc de remettre la main dessus. Néanmoins, il ne s’agit que d’applications ayant leur équivalence, comme Overcast qui me servait à écouter mes podcasts.
Concernant les applications, le plus embêtant est que tous les achats effectués sur iTunes sont perdus. Il faut repasser à la caisse sur l’autre système. Une étape qui peut refroidir ceux qui ont investi des dizaines d’euros ou qui su profité de belles promos ou d’applications temporairement gratuites. De mon côté, je n’avais qu’une poignée de jeux, rien de bien grave au final, si ce n’est que toutes mes sauvegardes ont disparu avec la migration.
C’est le deuxième effet kiss-cool. Les données que les applications stockent en local ne sont pas transférées. Les jeux sont touchés, mais aussi des applications plus spécifiques comme Jabra Sport Life qui stockait mes séances de running.
Enfin, dernière perte, les mots de passe Wi-Fi ainsi que tous les codes Internet. Seuls ceux qui utilisent un navigateur disponible sur iOS et Android seront épargnés par ce second désagrément. Les autres devront tout ressaisir.
Et alors, au bout d’un mois ?
Tous les désagréments indiqués ci-dessus se sont volatilisés avec le temps. Un mois après être passé à Android, j’ai déjà refait le stock de conversations sur Whatsapp et m’aperçois que la perte des précédentes n’a que peu d’importance finalement.
Pour les mots de passe Web, Chrome m’a aidé à opérer la transition. Pour les autres, je les remets au fur et à mesure.
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Concernant les applications perdues, j’ai réussi soit à leur trouver des alternatives, tout du moins pour celles que j’utilisais intensivement sur mon ex-iPhone. Je n’ai pas encore repris les jeux et applications achetés sur iOS. Pour l’instant je parviens à me satisfaire d’applications gratuites et j’ai toujours un iPad pour ce qui est des jeux.
Je quitte ou je reste ?
L’expérience a touché à sa fin lorsque j’ai commencé à rédiger ce rapport et la réponse était claire dès ses premières lignes. Non je ne retournerai pas sur iOS, tout du moins pour le moment.
Il ne s’agit pas là de rejouer une fois de plus le combat Android vs. iOS, mais plutôt de faire le bilan d’une migration pas toujours évidente, mais aussi de la facilité d’appréhender un autre système.
La raison de mon choix n’a rien à voir avec la qualité de ce système, mais plutôt aux avantages que je découvre encore aujourd’hui à Android. Si je peux me permettre une métaphore, iOS ressemble à une cour de récréation et Android à cette même cour, mais dont on a abattu les murs. Le champ des possibles est plus large.
Certes j’ai quitté un iPhone SE vieillissant pour un Pixel 3 rutilant. Néanmoins, la possibilité de farfouiller plus en profondeur dans les réglages du système ou les raccourcis intégrables à l’écran d’accueil m’ont séduit. Enfin, je peux agencer mon environnement mobile à ma guise. Un besoin qui n’est pas celui de tout le monde, d’ailleurs, mon épouse a eu plus de mal que moi à se faire à Android, mais s’en sort très bien après quelques semaines d’utilisation. Son usage du mobile est aussi moins poussé que le mien.
Au bilan, tout tient en la solution de migration proposée par le constructeur. Impeccable avec Google, le service était catastrophique pour Sony. Il serait intéressant dans un second temps de s’intéresser aux logiciels des autres marques afin d’en déterminer l’efficacité.