Apprendre une deuxième langue très tôt peut avoir des effets tout au long de votre vie

Des études montrent que les adultes qui ont grandi dans un environnement bilingue conservent certaines compétences cognitives acquises pendant leur enfance.

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Source : Pixabay

Être bilingue jeune aurait quelques avantages cognitifs. Les enfants qui grandissent dans un environnement bilingue sont capables de prêter plus d’attention au monde qui les entoure ainsi que de traiter plus d’informations. Une étude récente laisse entendre que ces avantages pourraient durer jusqu’à l’âge adulte. Dans un même temps, cette étude fait la lumière sur de nombreuses facettes de l’apprentissage des langues.

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Apprendre jeune ou apprendre plus tard

Les chercheurs derrière cette étude, publiée dans Nature en janvier dernier, ont trouvé que les personnes bilingues depuis leur plus jeune âge sont plus rapides dans leurs analyses que les personnes ne pratiquant qu’une seule langue. « Nous voulions simplement voir chez l’adulte si les résultats obtenus sur les mêmes tâches persistaient, » explique Dean D’Souza, un chercheur en psychologie à l’université Anglia Ruskin à Cambridge, en Angleterre.

L’expérience a été menée sur 127 adultes, bilingues ou non. Les chercheurs ont trié les personnes bilingues en fonction du temps qu’il leur a été nécessaire pour acquérir leur deuxième langue après la langue maternelle. Les groupes ont été classés de 0, pour une personne née dans un foyer bilingue, à 28 ans.

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Le test s’est effectué en deux parties. Dans la première, les chercheurs ont affiché une image au milieu d’un écran, puis ont mesuré le temps de réaction à l’apparition d’une autre image sur le bord de l’écran. Dans la seconde, ils ont affiché deux images, changeant l’une d’entre elles progressivement pour mesurer la rapidité avec laquelle le sujet réalisait le changement.

Lors des deux tests, les bilingues précoces, qui ont appris leur deuxième langue très jeune, ont noté les changements avant les bilingues plus tardifs, laissant entendre que l’apprentissage dès le plus jeune âge permettait un conditionnement cognitif leur permettant de changer leur attention plus facilement.

La vie de famille et les erreurs peuvent en être la clé

Dean D’Souza pense que ces différences découlent de la complexité de l’environnement d’apprentissage de l’enfant. Plus il y a de langue parlée autour de lui, plus il sera exposé à des sons et des mots différents. De plus, si tous les interlocuteurs ne parlent pas couramment, l’enfant peut également entendre des erreurs. L’apprentissage se renforce lorsque l’erreur est corrigée par la suite puisque l’information donnée est en contradiction avec l’image mentale qu’il se forge, déclenchant la mémorisation si l’écart n’est pas trop grand.

« L’idée, alors, est que cela pousserait le nourrisson à rechercher d’autres sources d’information juste pour leur apporter une aide supplémentaire, » ajoute Dean D’Souza. Ces informations pourraient provenir d’indices visuels. Les enfants peuvent essayer de suivre les lèvres d’un orateur, observer les expressions faciales ou suivre son regard. La recherche de tels indices peut les inciter à être plus audacieux et explorer davantage du regard leur environnement. Les monolingues, de leur côté, ne montrent pas autant de flexibilité dans ce genre de capacité.

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Imaginez que l’on montre une pomme et une poire à un enfant. « Si je dis pomme, mais que je regarde la poire, les enfants bilingues vont plus facilement regarder la poire alors que les autres regarderont majoritairement la pomme, » déclare Vanessa Diaz, chercheur à l’université de Virginie, qui n’a pas participé à l’étude.

Si cette étude est une indication, il semblerait que ces effets cognitifs persistent à l’âge adulte. Par la suite, les chercheurs veulent explorer quels aspects de la vie d’un enfant bilingue contribuent à créer cet effet. Ils s’intéressent au nombre de langues parlées et par ce qui, dans l’environnement d’un jeune, pourrait influencer sa croissance et son cerveau.