Nos tests sont formels, avec sa nouvelle génération de processeurs, Intel met à mal AMD, tout particulièrement dans les jeux vidéo.
Après plusieurs semaines de fuites, de photos volées et d’informations parcellaires, Intel a officialisé sa nouvelle gamme de processeurs. Baptisée Alder Lake, elle promet de nombreuses avancées technologiques et une amélioration des performances, comme c’est plus ou moins le cas à chaque nouvelle génération de CPU chez le fondeur. Mais cette fois-ci, les avancées semblent bel et bien réelles. Ces Core de douzième génération sont-il vraiment capable de remettre le constructeur dans la course ?
MAJ : Nous avons rajouté dans ce dossier nos propres tests de performances, réalisés sur les Core i9-12900KF, i7-12700K et i5-12600K en partenariat avec notre confrère Igor Wallossek du site Igor’s Lab. Vous trouverez les résultats un peu plus bas.
Alder Lake : une nouvelle architecture hybride
AMD malmène quelque peu Intel depuis plusieurs générations ; il fallait donc au père du x86 réagir fortement, et c’est ce qu’il a fait avec Alder Lake. La principale nouveautés de cette génération de processeurs réside dans son architecture hybride : si jusqu’à présent Intel (tout comme AMD) se contentait de multiplier le nombre de cœurs, tous identiques, le constructeur a décidé de changer de méthode avec Alder Lake.
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Deux types de coeurs, qui bénéficient au passage d’une nouvelle micro-architecture, sont désormais intégrés au sein d’un même die : les P-Cores (pour “Performance”) sont ainsi optimisés pour les tâches peu multi-thréadées qui demandent beaucoup de puissances, avec une fréquence de fonctionnement élevée, alors que les E-Cores (“Efficient”) privilégient au contraire l’efficacité énergétique et sont donc parfaitement adaptés aux nombreuses tâches de fond qui demandent peu de puissance brute. Leur fréquence de fonctionnement est par conséquent plus faible, mais ils consomment également moins que les P-Cores. Notons au passage que seuls les P-Cores bénéficient de l’Hyper-Threading.
Selon les modèles de processeurs Core i5, i7 et i9 de douzième génération, on trouvera 6 à 8 coeurs “Performants” et 4 à 8 coeurs “Efficaces”. Le cache L2 passe à 1,25 Mo par P-Core, tandis que 2 Mo de cache L2 sont partagés entre chaque cluster de E-Core. Jusqu’à 30 Mo de mémoire cache L3 partagée entre les P-Core, E-Core et iGP sont également intégrés au processeur.
Cette architecture hybride, fondamentalement différente des architectures précédentes d’Intel, demande une gestion plus fine de l’attribution des processus à chaque cœur disponible. Le système d’exploitation doit en effet choisir le bon type de cœur suivant le programme à exécuter, pour tirer le meilleur parti de cette architecture hybride. Intel a ainsi collaboré avec Microsoft pour mettre à jour le scheduler de Windows, ce qui explique que le fondeur recommande d’utiliser Windows 11. Les nouveaux Core pourront bien entendu faire fonctionner Windows 10, mais pas de manière optimale. Les processeurs Alder Lake embarquent également l’Intel Thread Director, une couche matérielle “intelligente” capable de surveiller de nombreux paramètres du processeur et d’aider le système d’exploitation dans cette tâche d’attribution dynamique des processus aux différents coeurs.
Outre cette nouvelle architecture, les processeurs Core de douzième génération bénéficient de nombreuses améliorations. Ce sont ainsi les premiers CPU chez Intel à supporter le PCI-Express 5.0 et la mémoire DDR5, mais la mémoire DDR4 reste toutefois elle aussi supportée, ce qui facilitera la transition entre les deux génération de mémoire vive. C’est également avec Alder Lake que le fondeur inaugure (enfin) sa nouvelle finesse de gravure, baptisée “Intel 7”, que l’on connaissant auparavant comme “Enhanced SuperFin 10 nm”. Ce changement de nomenclature est censée simplifier la comparaison avec ses concurrents, par exemple TSMC et sa gravure en 7 nm. Enfin, certains modèles embarquent une partie graphique UHD Graphics 770 basée sur l’architecture Xe.
Avec Alder Lake, Intel offre donc le support de la mémoire DDR5 sur deux canaux, jusqu’à la DDR5-4800. La mémoire DDR4 est quant à elle officiellement supportée jusqu’à la DDR4-3200, également sur deux canaux. Dans tous les cas, on pourra installer jusqu’à 128 Go de mémoire sur ces nouvelles plateformes. Les profils XMP 3.0 font également leur apparition, avec quelques nouveautés comme la possibilité d’enregistrer deux profils personnalisés, en plus des trois profils “d’usine”, ou encore des améliorations au niveau de la gestion des tensions.
Le Dynamic Memory Boost fait également son apparition. Il s’agit globalement de faire varier de manière dynamique la fréquence de la mémoire selon la charge, un peu à l’image du Dynamic Boost appliquée à la fréquence des processeurs Intel depuis quelques générations.
Six nouveaux processeurs Core… pour l’instant
La nouvelle gamme de processeurs Alder Lake se compose, pour le moment, de six modèles, du Core i5-12600KF au Core i9-12900K. Les versions KF sont dépourvues de partie graphique intégrée, alors que les versions K embarquent un UHD Graphics 770 basé sur une architecture Intel Xe. Les modèles K comme KF sont en outre débloqués, ce qui signifie qu’il sera aisé de les overclocker en cas de besoin. Aucun Core i3 ou autre processeur d’entrée de gamme n’est pour le moment annoncé, mais il est très fortement probable qu’ils feront eux aussi leur apparition dans les mois à venir.
Les fréquences de fonctionnement varient fortement, de 2,4 GHz à 2,8 GHz en ce qui concerne les E-Core, avec un Turbo pouvant atteindre dans le meilleur des cas 3,9 GHz, et de 3,2 GHz à 3,7 GHz pour les P-Core, avec un Turbo maximum à 5,1 GHz, voire à 5,2 GHz avec le Turbo Boost Max 3.0. Côté consommation, Intel modifie fortement le comportement de ses processeurs puisque l’on passe au “Processor Base Power” (125 Watts quel que soit le modèle de cette nouvelle gamme) et au Maximum Turbo Power (jusqu’à 241 watts).
Ces nouveaux processeur Core demandent un nouveau socket LGA 1700 pour fonctionner, ce dernier venant remplacer l’actuel LGA 1200. Autrement dit, les processeurs Alder Lake ne sont pas compatibles avec les cartes mères actuelles. De nouvelles cartes mères font donc elles aussi leur apparition, avec une nouvelle gamme de chipsets. Nous avons pour le moment droit à un unique Z690, mais la gamme Intel 600 Series devrait par la suite s’agrandir.
Le Z690 apporte lui aussi quelques nouveautés. il est ainsi capable de gérer jusqu’à 12 lignes PCI-Express 4.0, jusqu’à 16 lignes PCI-Express 3.0 ainsi que huit lignes SATA III. Il intègre des contrôleurs Ethernet Gigabit et 2.5G, du WiFi 6E et de l’USB 3.2 Gen2. Particulièrement complet, le Z690 vise bien entendu le haut de gamme.
Alder Lake : des performances en hausse
Intel met en avant l’amélioration des performances de ses nouveaux processeurs Alder Lake. Globalement, le constructeur indique qu’ils sont 19% plus rapides, à fréquence identique, à un processeur Core de 11ième génération. Les E-Core sont globalement aussi rapides que les coeurs d’un processeur Comet Lake (Core de dixième génération), avec bien entendu une consommation inférieure.
L’architecture hybride permet également selon le fondeur de rendre le Core i9-12900K aussi rapide en multi-threading qu’un Core i9-11900K, avec une consommation divisée par quatre. A consommation quasi-identique, les performances du nouveau venu sont supérieures de 50%.
Globalement, les résultats avancés par Intel montrent que le Core i9-12900K, fleuron de la nouvelle gamme, surpasse à la fois le précédent Core i9-11900K et le Ryzen 9 5950X d’AMD, avec des différences variant toutefois grandement selon le jeu ou l’application. Bien entendu, nous attendrons de réaliser nos propres tests pour confirmer (ou non) ces excellentes performances. Nous vous donnons donc rendez-vous dans quelques jours pour en apprendre plus.
MAJ : Nos propres tests confirment que ces processeurs Alder Lake sont à la fois performants, efficaces et peu gourmands en énergie dans les jeux vidéo, se plaçant devant les Ryzen 5000 Series d’AMD et bien entendu les Core de la génération précédente.
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